votre indépendance que lorsque vous serez décidés à 
défendre vos droits, comme nation, les armes à la main, par toutes 
sortes de sacrifices, celui même de la vie. On vous a reproché d'avoir, 
dans vos continuelles dissensions civiles, perdu de vue les vrais intérêts 
et le salut de votre patrie. Instruits par vos malheurs, réunissez-vous, et 
prouvez au monde qu'un même esprit anime toute la nation polonaise.» 
Je cite cette réponse parce qu'elle fait voir combien sont dénués de sens 
les reproches que l'on a faits à l'empereur de n'avoir pas proclamé 
l'indépendance de la Pologne au début de la campagne de 1812. 
L'indépendance est une force; rien ne peut l'empêcher de la reconnaître 
lorsqu'elle existe, tandis que la proclamer lorsqu'elle n'existe pas, c'est 
prendre pour un intérêt étranger un engagement dont on ne peut 
mesurer les suites. L'empereur répéta, en 1812, ce qu'il avait dit en 
1807, et ne pouvait, sans compromettre la France, faire plus qu'il n'a 
fait. 
Je reviens aux affaires de Prusse. Avec quelque instance que 
Frédéric-Guillaume eût sollicité un armistice, l'empereur n'avait mis 
qu'une médiocre confiance en ses protestations. C'était moins d'ailleurs 
ce prince que l'Angleterre qu'il voulait atteindre, et il savait que celle-ci, 
toujours ardente à provoquer la guerre, était insensible aux malheurs de 
ses alliés. Il prit ses mesures en conséquence; il disposa ses corps de 
manière à prendre immédiatement possession des places dont il
exigeait l'abandon, et à marcher aux alliés suivant que l'armistice serait 
ou ne serait pas ratifié. Ses ordres avaient été donnés dans cette double 
hypothèse; rien n'était précis comme les instructions qu'il avait fait 
expédier au grand-duc de Berg. 
«L'empereur, mandait à ce prince le major-général, me charge de vous 
faire connaître qu'il vient de recevoir des dépêches du maréchal Davout, 
datées de Sampolno, le 20, à deux heures du matin. Il résulte de ces 
dépêches que les Russes sont arrivés, le 13, à Varsovie, et que, le 18, ils 
avaient une avant-garde d'infanterie et de cavalerie le long de la rivière 
de Bsura, c'est-à-dire à plus de dix lieues de Varsovie, sur Jochazew et 
Lowicz. Par l'ordre que j'ai envoyé à ... le 18, je lui ai prescrit, dans le 
cas où il ne serait pas entré à Thorn, de longer la rive gauche de la 
Vistule, en s'étendant sur la droite. Le maréchal Augereau a eu l'ordre 
de suivre les mouvemens du maréchal Lannes à une journée en arrière. 
Sur ces entrefaites, l'armistice est venu. Le maréchal Duroc est arrivé, 
le 20, à Grandentz pour rejoindre le quartier-général du roi de Prusse; et, 
dans le cas où le roi de Prusse aurait ratifié la suspension, l'empereur 
avait décidé que le maréchal Lannes, avec son corps d'armée, 
occuperait Thorn; que le maréchal Augereau occuperait Grandentz et 
Dantzick, et qu'enfin le maréchal Davout occuperait Varsovie, mais 
dans le nouvel état de choses, S. M. pense que le maréchal Davout seul 
ne suffirait pas pour occuper Varsovie, même pendant le temps de 
l'armistice. L'intention de l'empereur, monseigneur, est donc que vous 
vous rendiez à Varsovie avec la brigade du général Milhaud, qui a été 
augmentée du 1er régiment de hussards; avec la brigade du général 
Lasalle, partie aujourd'hui de Berlin; avec les divisions Klein, 
Beaumont et Nansouty: ils sont avec le maréchal Davout depuis 
plusieurs jours; enfin, avec le corps d'armée de M. le maréchal Davout 
tout entier et celui de M. le maréchal Lannes, ce qui fera plus de 
cinquante mille hommes. Si la suspension d'armes est ratifiée, la 
cavalerie légère bordera la rivière de Bug, et le reste de vos troupes à 
cheval sera cantonné à plusieurs jours de Varsovie, de manière à 
pouvoir vivre facilement; et ces troupes s'étendraient davantage à 
mesure que les Russes s'éloigneraient, et que les dispositions de la 
suspension d'armes se trouveraient exécutées. Le corps du maréchal 
Augereau occuperait Thorn, Grandentz et Dantzick, tenant ses
principales forces à Thorn. Voilà, monseigneur, les dispositions pour le 
cas d'armistice. 
«Si, dans la supposition contraire, la suspension d'armes n'est pas 
ratifiée par le roi de Prusse, le maréchal Augereau maintiendra sa 
brigade de cavalerie sur l'extrémité de la gauche, près de Grandentz, 
bordant la Vistule, et il filera avec toute son infanterie, en suivant, à 
une marche en arrière, le maréchal Lannes, à la rive gauche de la 
Vistule, par Bresec et Koweld; de manière que, si vous pouviez penser 
que l'ennemi voulût risquer une bataille avant d'évacuer Varsovie, le 
maréchal Augereau puisse vous joindre, hormis sa cavalerie, qui 
resterait toujours détachée le long de la Vistule pour observer la gauche. 
Vous aurez bien soin, monseigneur, si l'ennemi passait la Vistule à 
Varsovie, que le corps du maréchal Augereau se trouvât toujours assez 
élevé le long de ce fleuve pour défendre le passage entre Varsovie et 
Thorn, et maintenir la jonction du corps d'armée qui se réunira    
    
		
	
	
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