interrompit Jacquemin, le visage livide, les cheveux h��riss��s, la sueur sur le front, ne chantez pas ici!
Frapp�� par l'expression de cette voix, le docteur se tut.
Mais presque aussit?t, descendant les premi��res marches de l'escalier:--Qu'est-ce que cela? demanda-t-il.
Et, s'��tant baiss��, il ramassa une ��p��e �� large lame.
C'��tait l'��p��e �� deux mains que Jacquemin, comme il l'avait dit, avait prise, le 29 juillet 1830, au Mus��e d'artillerie; la lame ��tait teinte de sang.
Le commissaire de police la prit des mains du docteur.
--Reconnaissez-vous cette ��p��e? dit-il au prisonnier.
--Oui, r��pondit Jacquemin. Allez! allez! finissons-en.
C'��tait le premier jalon du meurtre, que l'on venait de rencontrer.
On p��n��tra dans la cave, chacun tenant le rang que nous avons d��j�� dit.
Le docteur et le commissaire de police les premiers, puis M. Ledru et Jacquemin, puis les deux personnes qui se trouvaient chez lui, puis les gendarmes, puis les privil��gi��s, au nombre desquels je me trouvais.
Apr��s avoir descendu la septi��me marche, mon oeil plongeait dans la cave et embrassait le terrible ensemble que je vais essayer de peindre.
Le premier objet sur lequel s'arr��taient les yeux ��tait un cadavre sans t��te, couch�� pr��s d'un tonneau, dont le robinet, ouvert �� moiti��, continuait de laisser ��chapper un filet de vin, lequel, en coulant, formait une rigole qui allait se perdre sous le chantier.
Le cadavre ��tait �� moiti�� tordu, comme si le torse, retourn�� sur le dos, e?t commenc�� un mouvement d'agonie que les jambes n'avaient pas pu suivre.--La robe ��tait, d'un c?t��, retrouss��e jusqu'�� la jarreti��re.
On voyait que la victime avait ��t�� frapp��e au moment o��, �� genoux devant le tonneau, elle commen?ait �� remplir une bouteille, qui lui avait ��chapp�� des mains et qui ��tait gisante �� ses c?t��s.
Tout le haut du corps nageait dans une mare de sang.
Debout sur un sac de platre adoss�� �� la muraille, comme un buste sur sa colonne, on apercevait ou plut?t on devinait une t��te, noy��e dans ses cheveux; une raie de sang rougissait le sac, du haut jusqu'�� la moiti��.
Le docteur et le commissaire de police avaient d��j�� fait le tour du cadavre et se trouvaient plac��s en face de l'escalier.
Vers le milieu de la cave ��taient les deux amis de M. Ledru et quelques curieux qui s'��taient empress��s de p��n��trer jusque-l��.
Au bas de l'escalier ��tait Jacquemin qu'on n'avait pas pu faire aller plus loin que la derni��re marche. Derri��re Jacquemin les deux gendarmes.
Derri��re les deux gendarmes, cinq ou six personnes, au nombre desquelles je me trouvais, et qui se groupaient avec moi sur l'escalier.
Tout cet int��rieur lugubre ��tait ��clair�� par la lueur tremblotante d'une chandelle pos��e sur le tonneau m��me d'o�� coulait le vin, et en face duquel gisait le cadavre de la femme Jacquemin.
--Une table, une chaise, dit le commissaire de police, et verbalisons.
III
LE PROC��S-VERBAL.
Les meubles demand��s furent pass��s au commissaire de police. Il assura sa table, s'assit devant, demanda la chandelle, que le docteur lui apporta, en enjambant par-dessus le cadavre, tira de sa poche un encrier, des plumes, du papier, et commen?a son proc��s-verbal.
Pendant qu'il ��crivait le pr��ambule, le docteur fit un mouvement de curiosit�� vers cette t��te pos��e sur le sac de platre; mais le commissaire l'arr��ta.
--Ne touchez �� rien, dit-il, la r��gularit�� avant tout.
--C'est trop juste, dit le docteur. Et il reprit sa place.
Il y eut quelques minutes de silence, pendant lesquelles on entendit seulement la plume du commissaire de police crier sur le papier raboteux du gouvernement, et pendant lesquelles on voyait les lignes se succ��der avec la rapidit�� d'une formule habituelle �� l'��crivain.
Au bout que quelques lignes il leva la t��te et regarda autour de lui.
--Qui veut nous servir de t��moins? demanda le commissaire de police en s'adressant au maire.
--Mais, dit M. Ledru, indiquant ses deux amis debout, qui formaient groupe avec le commissaire de police assis, ces deux messieurs, d'abord.
--Bien.
Il se retourna de mon c?t��.
--Puis monsieur, s'il ne lui est pas d��sagr��able de voir figurer son nom dans un proc��s-verbal.
--Aucunement, monsieur, lui r��pondis-je.
--Alors, que monsieur descende, dit le commissaire de police.
J'��prouvais quelque r��pugnance �� me rapprocher du cadavre. D'o�� j'��tais, certains d��tails, sans m'��chapper tout �� fait, r��apparaissaient moins hideux, perdus dans une demi-obscurit�� qui jetait sur leur horreur le voile de la po��sie.
--Est-ce bien n��cessaire? demandai-je.
--Quoi?
--Que je descende.
--Non. Restez l��, si vous vous y trouvez bien. Je fis un signe de t��te qui exprimait:--Je d��sire rester o�� je suis.
Le commissaire de police se tourna vers celui des deux amis de M. Ledru qui se trouvait le plus pr��s de lui.--Vos nom, pr��noms, age, qualit��, profession et domicile? demanda-t-il avec la volubilit�� d'un homme habitu�� �� faire ces sortes de questions.
--Jean-Louis Alliette, r��pondit celui auquel il s'adressait, dit Etteilla par anagramme, homme de lettres, demeurant rue de l'Ancienne-Com��die, n�� 20.
--Vous avez oubli�� de dire votre age, dit le commissaire de police.
--Dois-je dire l'age que j'ai ou l'age que l'on me donne?
--Dites-moi votre age,

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