Les mille et un fantomes | Page 9

Alexandre Dumas, père
parbleu! on n'a pas deux ages.
--C'est-��-dire, monsieur le commissaire, qu'il y a certaines personnes, Cagliostro, le comte de Saint-Germain, le Juif-Errant, par exemple...
--Voulez-vous dire que vous soyez Cagliostro, le comte de Saint-Germain, ou le Juif-Errant? dit le commissaire en fron?ant le sourcil �� l'id��e qu'on se moquait de lui.
--Non; mais...
--Soixante-quinze ans, dit M. Ledru;--mettez soixante-quinze ans, monsieur Cousin.
--Soit, dit le commissaire de police Et il mit soixante-quinze ans.
--Et vous, monsieur? continua-t-il en s'adressant au second ami de M. Ledru.
Et il r��p��ta exactement les m��mes questions qu'il avait faites au premier.
--Pierre-Joseph Moulle, ag�� de soixante et un ans, eccl��siastique, attach�� �� l'��glise de Saint-Sulpice, demeurant rue Servandoni, n�� 11, r��pondit d'une voix douce celui qu'il interrogeait.
--Et vous, monsieur? demanda-t-il en s'adressant �� moi.
--Alexandre Dumas, auteur dramatique, ag�� de vingt-sept ans, demeurant �� Paris, rue de l'Universit��, n�� 21, r��pondis-je.
[Illustration: Et, de ce ton nasillard et monotone qui n'appartient qu'aux fonctionnaires publics, il lut:]
M. Ledru se retourna de mon c?t�� et me fit un gracieux salut, auquel je r��pondis sur le m��me ton, du mieux que je pus.
--Bien! fit le commissaire de police. Voyez si c'est bien cela, messieurs, et si vous avez quelques observations �� faire.
Et, de ce ton nasillard et monotone qui n'appartient qu'aux fonctionnaires publics, il lut:
?Cejourd'hui, 1er septembre 1831. �� deux heures de relev��e, ayant ��t�� averti par la rumeur publique qu'un crime de meurtre venait d'��tre commis, dans la commune de Fontenay-aux-Roses, sur la personne de Marie-Jeanne Ducoudray, par le nomm�� Pierre Jacquemin, son mari, et que le meurtrier s'��tait rendu au domicile de M. Jean-Pierre Ledru, maire de ladite commune de Fontenay-aux-Roses, pour se d��clarer, de son propre mouvement, l'auteur de ce crime, nous nous sommes empress�� de nous rendre, de notre personne, au domicile dudit Jean-Pierre Ledru, rue de Diane, n�� 2; auquel domicile nous sommes arriv��, en compagnie du sieur S��bastien Robert, docteur-m��decin, demeurant dans ladite commune de Fontenay-aux-Roses, et l��, avons trouv�� d��j�� entre les mains de la gendarmerie le nomm�� Pierre Jacquemin, lequel a r��p��t�� devant nous qu'il ��tait auteur du meurtre de sa femme; sur quoi nous l'avons somm�� de nous suivre dans la maison o�� le meurtre avait ��t�� commis. Ce �� quoi il s'est refus�� d'abord; mais bient?t, ayant c��d�� sur les instances de M. le maire, nous nous sommes achemin��s vers l'impasse des Sergents, o�� est situ��e la maison habit��e par le sieur Pierre Jacquemin. Arriv��s �� cette maison et la porte referm��e sur nous pour emp��cher la population de l'envahir, avons d'abord p��n��tr�� dans une premi��re chambre o�� rien n'indiquait qu'un crime e?t ��t�� commis; puis, sur l'invitation dudit Jacquemin lui-m��me, de la premi��re chambre avons pass�� dans la seconde, �� l'angle de laquelle une trappe donnant acc��s �� un escalier ��tait ouverte. Cet escalier nous ayant ��t�� indiqu�� comme conduisant �� une cave o�� nous devions trouver le corps de la victime, nous nous m?mes �� descendre ledit escalier, sur les premi��res marches duquel le docteur a trouv�� une ��p��e �� poign��e faite en croix, �� lame large et tranchante, que ledit Jacquemin nous a avou�� avoir ��t�� prise par lui lors de la r��volution de Juillet au Mus��e d'artillerie, et lui avoir servi �� la perp��tration du crime. Et sur le sol de la cave avons trouv�� le corps de la femme Jacquemin, renvers�� sur le dos et nageant dans une mare de sang, ayant la t��te s��par��e du tronc, laquelle t��te avait ��t�� plac��e droite sur un sac de platre adoss�� �� la muraille, et ledit Jacquemin ayant reconnu que le cadavre et cette t��te ��taient bien ceux de sa femme, en pr��sence de M. Jean-Pierre Ledru, maire de la commune de Fontenay aux-Roses;--de M. S��bastien Robert, docteur-m��decin, demeurant audit Fontenay-aux-Roses;--de M. Jean-Louis Alliette dit Etteilla, homme de lettres, ag�� de soixante-quinze ans, demeurant �� Paris, rue de l'Ancienne-Com��die, n�� 20;--de M. Pierre-Joseph Moulle, ag�� de soixante et un ans, eccl��siastique; attach�� �� Saint-Sulpice, demeurant �� Paris, rue Servandoni, n�� 11;--et de M. Alexandre Dumas, auteur dramatique, ag�� de vingt-sept ans, demeurant �� Paris, rue de l'Universit��, n��21,--avons proc��d�� ainsi qu'il suit �� l'interrogatoire de l'accus��.?
--Est-ce cela, messieurs? demanda le commissaire de police en se retournant vers nous avec un air de satisfaction ��vidente.
--Parfaitement! monsieur, r��pond?mes-nous tous d'une voix.
--Eh bien! interrogeons l'accus��.
Alors, se retournant vers le prisonnier, qui, pendant toute la lecture qui venait d'��tre faite, avait respir�� bruyamment et comme un homme oppress��:
--Accus��, dit-il, vos nom, pr��noms, age, domicile et profession?
--Sera-ce encore bien long tout cela? demanda le prisonnier comme un homme �� bout de forces.
--R��pondez: vos nom et pr��noms?
--Pierre Jacquemin.
--Votre age?
--Quarante et un ans.
--Votre domicile?
--Vous le connaissez bien, puisque vous y ��tes.
--N'importe, la loi veut que vous r��pondiez �� cette question.
--Impasse des Sergents.
--Votre profession?
--Carrier.
--Vous vous avouez l'auteur du crime?
--Oui.
--Dites-nous la cause qui vous l'a fait commettre, et les circonstances dans lesquelles il
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