! Et qui est-il le maître de ce 
laquais ? 
- Marotte - 
Il me l'a nommé le marquis de Mascarille. 
- Madelon - 
Ah ! ma chère, un marquis ! un marquis ! Oui, allez dire qu'on nous 
peut voir. C'est sans doute un bel esprit qui aura ouï parler de nous. 
- Cathos - 
Assurément, ma chère. 
- Madelon - 
Il faut le recevoir dans cette salle basse, plutôt qu'en notre chambre. 
Ajustons un peu nos cheveux au moins, et soutenons notre réputation. 
Vite, venez nous tendre ici dedans le conseiller des grâces. 
- Marotte - 
Par ma foi ! je ne sais point quelle bête c'est là ; il faut parler chrétien 
(8), si vous voulez que je vous entende. 
- Cathos - 
Apportez-nous le miroir, ignorante que vous êtes, et gardez-vous bien 
d'en salir la glace par la communication de votre image.
(Elles sortent.) 
----------- 
SCÈNE VIII. - Mascarille, deux porteurs. 
- Mascarille - 
Holà ! porteurs, holà ! Là, là, là, là, là, là. Je pense que ces marauds-là 
ont dessein de me briser, à force de heurter contre les murailles et les 
pavés. 
- Premier porteur - 
Dame ! c'est que la porte est étroite. Vous avez voulu aussi que nous 
soyons entrés jusqu'ici. 
- Mascarille - 
Je le crois bien. Voudriez-vous, faquins, que j'exposasse l'embonpoint 
de mes plumes aux inclémences de la saison pluvieuse, et que j'allasse 
imprimer mes souliers en boue ? Allez, ôtez votre chaise d'ici. 
- Deuxième porteur - 
Payez-nous donc, s'il vous plaît, Monsieur. 
- Mascarille - 
Hein ! 
- Deuxième porteur - 
Je dis, Monsieur, que vous nous donniez de l'argent, s'il vous plaît. 
- Mascarille - 
(lui donnant un soufflet.) 
Comment, coquin ! demander de l'argent à une personne de ma 
qualité ! 
- Deuxième porteur - 
Est-ce ainsi qu'on paye les pauvres gens ? et votre qualité nous 
donne-t-elle à dîner ? 
- Mascarille - 
Ah ! ah ! je vous apprendrai à vous connaître ! Ces canailles-là s'osent 
jouer à moi. 
- Premier porteur - 
(Prenant un des bâtons de sa chaise.) 
Cà, payez-nous vitement. 
- Mascarille - 
Quoi ? 
- Premier porteur - 
Je dis que je veux avoir de l'argent tout à l'heure.
- Mascarille - 
Il est raisonnable, celui-là. 
- Premier porteur - 
Vite donc ! 
- Mascarille - 
Oui-da ! Tu parles comme il faut, toi ; mais l'autre est un coquin qui ne 
sait ce qu'il dit. Tiens, es-tu content ? 
- Premier porteur - 
Non, je ne suis pas content : vous avez donné un soufflet à mon 
camarade, et... 
(Levant son bâton.) 
- Mascarille - 
Doucement ! Tiens, voilà pour le soufflet. On obtient tout de moi quand 
on s'y prend de la bonne façon. Allez, venez me reprendre tantôt pour 
aller au Louvre, au petit coucher. 
----------- 
SCÈNE IX. - Marotte, Mascarille. 
- Marotte - 
Monsieur, voilà mes maîtresses qui vont venir tout à l'heure. 
- Mascarille - 
Qu'elles ne se pressent point : je suis ici posté commodément pour 
attendre. 
- Marotte - 
Les voici. 
----------- 
SCÈNE X. - Madelon, Cathos, Mascarille, Almanzor. 
- Mascarille - 
(après avoir salué.) 
Mesdames, vous serez surprises sans doute de l'audace de ma visite ; 
mais votre réputation vous attire cette méchante affaire, et le mérite a 
pour moi des charmes si puissants, que je cours partout après lui. 
- Madelon - 
Si vous poursuivez le mérite, ce n'est pas sur nos terres que vous devez 
chasser. 
- Cathos - 
Pour voir chez nous le mérite, il a fallu que vous l'y ayez amené. 
- Mascarille -
Ah ! je m'inscris en faux contre vos paroles. La renommée accuse juste 
en contant ce que vous valez ; et vous allez faire pic, repic et capot tout 
ce qu'il y a de galant dans Paris. 
- Madelon - 
Votre complaisance pousse un peu trop avant la libéralité de ses 
louanges ; et nous n'avons garde, ma cousine et moi, de donner de notre 
sérieux dans le doux de votre flatterie. 
- Cathos - 
Ma chère, il faudrait faire donner des sièges. 
- Madelon - 
Holà ! Almanzor. 
- Almanzor - 
Madame ? 
- Madelon - 
Vite, voiturez-nous ici les commodités de la conversation. 
- Mascarille - 
Mais, au moins, y a-t-il sûreté ici pour moi ? 
(Almanzor sort.) 
- Cathos - 
Que craignez-vous ? 
- Mascarille - 
Quelque vol de mon coeur, quelque assassinat de ma franchise. Je vois 
ici des yeux qui ont la mine d'être de fort mauvais garçons, de faire 
insulte aux libertés, et de traiter une âme de Turc à More (9). Comment, 
diable ! d'abord qu'on les approche, ils se mettent sur leur garde 
meurtrière. Ah ! par ma foi, je m'en défie ! et je m'en vais gagner au 
pied, ou je veux caution bourgeoise (10) qu'ils ne    
    
		
	
	
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