Le Tour du Monde; Les Yakoutes | Page 6

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en bois. Elle a une ��cole de navigation, des chantiers o�� l'on construit des batiments marchands, un port militaire, qui fait aussi un grand commerce avec le Kamtschatka et l'Am��rique, enfin une rade vaste et commode.]
Le m��me jour, vers l'heure o�� l'on trait les vaches (entre neuf et dix heures), ils s'��taient rassembl��s tous dans notre maison, apr��s avoir fait leur coup de main.
Ces hommes f��roces et terribles ��taient priv��s de nez et portaient des marques bleues sur le visage[6]. Leur teint sanguin paraissait encore plus noir �� la chaleur du brasier. Mais �� l'arriv��e de mon p��re et de ma m��re, ils chang��rent subitement de mine et quitt��rent leurs mani��res farouches pour prendre un air bienveillant, quoique le sang d'une de leurs victimes fumat encore. Ils remerci��rent mes parents avec effusion de ce qu'ils assistaient de leur bien les pauvres gens.
[Note 6: Ils avaient ��t�� stigmatis��s avec un fer chaud.]
Il n'��tait jamais rien arriv�� de pareil dans le pays des Yakoutes[7]. Le chef des brigands, G��orgien de naissance, ne semblait pas ��tre ��mu le moins du monde de ce qui s'��tait pass��. C'��tait un homme de haute stature. Il avait suspendu �� sa ceinture toute sorte d'armes, et ��tait v��tu d'un pantalon rouge, dont les coutures ��taient couvertes de galons d'argent. Il m'avait pris dans ses bras et me r��galait de toute sorte de friandises, tandis que je pleurais.
[Note 7: Ce peuple s'appelle dans sa propre langue Sakha selon Ouvarovski, et Socha selon Sauer. Le pluriel est Sakhalar.]
Mes parents ne pouvaient qu'��tre reconnaissants d'avoir ��t�� ��pargn��s dans ce jour qui avait vu tant d'infortunes; leur ruine n'aurait pas ��t�� douteuse, si les voleurs avaient voulu piller notre maison. Apr��s avoir pris un copieux d��jeuner, ils partirent vers le midi, et se rembarqu��rent sur la L��na, emportant un riche butin.
Il est impossible de d��crire les pleurs et la d��solation de toutes les autres familles de la ville, qui ��taient au nombre de plus de trente. Le soir, �� leur retour de la for��t o�� elles s'��taient enfuies, elles trouv��rent leurs demeures d��pouill��es du bas en haut.
Le m��me ��t�� (je ne me rappelle pas au juste combien de mois plus tard), les brigands furent atteints �� soixante-dix koes de Djigansk par des soldats envoy��s de Yakoutsk. On ne retrouva qu'une minime partie du bien vol��; le reste s'��tait gat�� ou avait ��t�� gaspill�� de c?t�� et d'autre.
Pour le simple spectateur, les environs de Djigansk manquent de toute esp��ce d'agr��ment et de vari��t��. On rencontre presque partout une prairie resserr��e entre deux collines et bord��e d'��pais fourr��s, o�� un chien ne trouverait pas �� passer le museau. On ne peut faire dix pas dans les bois sans enfoncer jusqu'au genou dans un terrain mobile et fangeux. En fait de baies, on n'y trouve que l'airelle rouge, la camarine noire (empetrum nigrum), la groseille rouge, le raisin d'ours et le fruit de l'��glantier.
L'hiver dure huit mois, pendant lesquels on ne peut quitter les v��tements chauds; si l'on ajoute deux mois pour le printemps et l'automne, il en reste �� peine deux autres pour le triste ��t��.
La neige forme une masse plus haute que les maisons; le vent souffle avec une telle violence que l'on ne peut se tenir sur ses jambes; le froid vous coupe la respiration, et le soleil ne se montre presque pas durant deux mois d'hiver. Pour ��tre sinc��re, si l'on m'avait donn�� le choix, ce n'est pas Djigansk que j'aurais choisi comme lieu de naissance.
Les habitants de Djigansk sont Tongouses et au nombre de quatre ou cinq cents hommes[8]. Ils vivent de chasse et parcourent une mer de neige de plus de deux cents myriam��tres de circuit. Ils recueillent les pr��cieuses cornes d'animaux dont on fait des peignes (les dents de mammouth), et tuent des rennes, des alezans moreaux, des zibelines, des renards �� gorge fonc��e, des renards rouges, des renards des glaces, des ��cureuils, des hermines, des ours noirs, des ours blancs.
[Note 8: Selon Sauer, secr��taire de l'exp��dition de Billings, Djigansk, qu'il appelle Gigansk, avait encore le titre de cit�� en 1789; elle avait deux ��glises, deux maisons appartenant au gouverneur, sept maisons de particuliers et quinze huttes. Elle ��tait le si��ge d'un tribunal de district (zemiko?-soud). Le district de Gigansk, ��tendu de six mille verstes des bords de l'Iana �� ceux de l'Anabara, ��tait habit�� par 1449 Yakoutes hommes, 489 Tongouses hommes, en tout 1938 tributaires, tax��s pour cette ann��e �� 56 peaux de marte zibeline, 262 peaux de renard et 1169 roubles d'argent (4676 fr.). En 1784, les tributaires ��taient au nombre de 4834. En 1788, il y avait dans ce district et celui de Zakhisvesk 750 Russes hommes y compris les exil��s.]
Quel que puisse ��tre un pays, il est rare qu'il manque de tout agr��ment. Durant deux mois d'��t��, les habitants de Djigansk voient presque

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