et des Choses du dix-huitième et du 
dix-neuvième siècles, au milieu desquels il a vécu, de 1754 à 1838, de 
Louis XV à Louis-Philippe. C'est aussi la notation historique de la 
partie d'échecs jouée sur le damier européen par la France républicaine 
contre la coalition des monarchies, dans une série de combinaisons 
présentées sous une forme substantielle et condensée, claire et rapide, 
qui marquent à vol d'oiseau tous les jalons de l'histoire contemporaine, 
toutes les phases de la carrière accidentée et les évolutions de la vie 
politique de Talleyrand. 
Si la Confession de Talleyrand n'est pas authentique, elle a pour elle 
une qualité qu'il serait difficile de lui contester, l'exactitude, la vérité et 
la franchise de son origine. C'est une mosaïque composée d'éléments 
épars de toutes les couleurs, rassemblés, groupés et fondus dans un 
dessin général, de façon à produire le trompe-l'oeil d'une 
Autobiographie; il a paru d'un relief assez saisissant pour être offert aux 
lecteurs du Figaro sous le pavillon de TALLEYRAND, et la lettre de 
M. de Broglie n'aura d'autre résultat que de provoquer le 
développement de cette Préface, où l'auteur se serait borné à avertir le 
lecteur d'un procédé littéraire en usage chez les écrivains anciens et 
modernes. 
On refuse donc à la Confession de Talleyrand un caractère 
d'authenticité à laquelle l'auteur n'a jamais songé; il aurait, en vérité, 
trop beau jeu pour contester cet avantage aux Mémoires du Prince de 
Talleyrand. 
La presse, qui est l'arsenal de l'opinion publique, a constaté la déception 
profonde qui a suivi leur apparition, et ce n'était vraiment pas la peine 
de laisser moisir pendant cinquante-trois ans ces lourds et indigestes 
tomes plus ou moins historiques. 
Après avoir roué ses contemporains pendant sa vie et essayé de rouer
Dieu lui-même le jour de sa mort, Talleyrand n'a pas roué les hommes 
d'un siècle trop vieux pour le lire; mais on peut dire qu'il les a 
profondément ennuyés, ce qui doit être compté comme une suprême 
mystification de ce Mercadet diplomatique surfait, que Châteaubriand a 
démasqué, percé à jour et marqué d'infamie. 
Non seulement ses Mémoires sont insignifiants et vides, sans valeur et 
sans intérêt; mais ils sont faux. Ils commencent par un mensonge 
parfaitement inutile sur son infirmité, qu'on ne lui aurait assurément pas 
reproché de passer sous silence. 
Et non seulement ils sont faux, mais ils ne sont pas authentiques, et 
nous usons simplement du droit d'historien pour résumer la polémique 
générale des journaux par les Questions suivantes: 
M. de Broglie a-t-il le Manuscrit autographe des Mémoires de 
Talleyrand? 
Non. Il est le légataire d'un legs qui n'existe que sous bénéfice 
d'authenticité, ou qui n'existe pas du tout. 
Le Manuscrit autographe de Talleyrand existe-t-il? 
On l'ignore. 
Quel est le Manuscrit dont le Times a donné des fragments? Quel en est 
le détenteur qui l'a communiqué? Pourquoi la publication a-t-elle été 
interrompue? 
Mystère. 
Les Mémoires ont été imprimés d'après une Copie de la main de M. de 
Bacourt, formant quatre volumes reliés en peau. 
M. de Bacourt a-t-il transcrit le Manuscrit autographe, le texte original? 
Sa copie est-elle complète, fidèle et littérale? Est-ce une version 
tronquée, arrangée et interprétative? 
Cruelle énigme.
M. de Bacourt a-t-il détruit le Manuscrit autographe de Talleyrand? De 
quel droit, en vertu de quelle disposition? 
Dans cette hypothèse, c'est que la copie n'était pas conforme à l'original, 
et qu'il en faisait ainsi disparaître la preuve. 
On sera bien avancé quand on aura contemplé, dans une Bibliothèque, 
les quatre volumes en peau de l'écriture de M. de Bacourt. Ils doivent 
être tenus en suspicion tant qu'on ne pourra pas collationner sa Copie 
avec l'Original de Talleyrand. 
Voilà ce qu'il faut savoir et ce qu'on ne dit pas. Voilà la Question, et il 
n'y en a pas d'autre. 
Les Mémoires de M. de Bacourt n'intéressent personne; ce ne sont pas 
là les Mémoires de Talleyrand. M. de Broglie répond à cela: «La plus 
belle fille du monde ne peut donner que ce qu'elle a.» Erreur: Elle 
donne ce qu'elle n'a pas ou ce qu'elle n'a plus. Le manuscrit autographe, 
c'est le Capital; la copie, ce n'est pas même l'usufruit ou le revenu. 
D'où je conclus que si la Confession de Talleyrand n'est pas 
authentique, les Mémoires du Prince de Talleyrand le sont encore 
moins. 
Lamartine a dit sentimentalement: 
Son cercueil est fermé, Dieu l'a jugé, silence! 
Ce silence, est-ce bien Talleyrand qui vient de le rompre? C'est à lui 
qu'on doit la formule devenue un axiome de loi: La vie privée doit être 
murée. 
La mort ne l'est pas. 
 
LA CONFESSION DE TALLEYRAND
MA CONFESSION 
Pourquoi J'écris Mes Souvenirs. 
J'écris ces Souvenirs intimes pour moi, pour mon agrément, je dirais 
pour nuire à l'histoire de mon temps, et peut-être à la mienne, s'ils 
étaient destinés à me survivre; mais ils disparaîtront avec moi. 
On m'a rapporté un mot de mon voisin    
    
		
	
	
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