l'erreur 
toutes les fois que les notions ou les faits sur lesquels il s'appuie seront 
primitivement entachés d'erreur ou d'inexactitude. C'est pourquoi 
l'expérimentation, ou l'art d'obtenir des expériences rigoureuses et bien 
déterminées, est la base pratique et en quelque sorte la partie exécutive 
de la méthode expérimentale appliquée à la médecine. Si l'on veut 
constituer les sciences biologiques et étudier avec fruit les phénomènes 
si complexes qui se passent chez les êtres vivants, soit à l'état 
physiologique, soit à l'état pathologique, il faut avant tout poser les 
principes de l'expérimentation et ensuite les appliquer à la physiologie, 
à la pathologie et à la thérapeutique. L'expérimentation est 
incontestablement plus difficile en médecine que dans aucune autre 
science; mais par cela même, elle ne fut jamais dans aucune plus 
nécessaire et plus indispensable. Plus une science est complexe, plus il 
importe, en effet, d'en établir une bonne critique expérimentale, afin 
d'obtenir des faits comparables et exempts de causes d'erreur. C'est 
aujourd'hui, suivant nous, ce qui importe le plus pour les progrès de la 
médecine. 
Pour être digne de ce nom, l'expérimentateur doit être à la fois 
théoricien et praticien. S'il doit posséder d'une manière complète l'art 
d'instituer les faits d'expérience, qui sont les matériaux de la science, il 
doit aussi se rendre compte clairement des principes scientifiques qui 
dirigent notre raisonnement au milieu de l'étude expérimentale si variée 
des phénomènes de la nature. Il serait impossible de séparer ces deux
choses: la tête et la main. Une main habile sans la tête qui la dirige est 
un instrument aveugle; la tête sans la main qui réalise reste 
impuissante. 
Les principes de la médecine expérimentale seront développés dans 
notre ouvrage au triple point de vue de la physiologie, de la pathologie 
et de la thérapeutique. Mais, avant d'entrer dans les considérations 
générales et dans les descriptions spéciales des procédés opératoires, 
propres à chacune de ces divisions, je crois utile de donner, dans cette 
introduction, quelques développements relatifs à la partie théorique ou 
philosophique de la méthode dont le livre, au fond, ne sera que la partie 
pratique. 
Les idées que nous allons exposer ici n'ont certainement rien de 
nouveau; la méthode expérimentale et l'expérimentation sont depuis 
longtemps introduites dans les sciences physico-chimiques qui leur 
doivent tout leur éclat. À diverses époques, des hommes éminents ont 
traité les questions de méthode dans les sciences; et de nos jours, M. 
Chevreul développe dans tous ses ouvrages des considérations 
très-importantes sur la philosophie des sciences expérimentales. Après 
cela, nous ne saurions donc avoir aucune prétention philosophique. 
Notre unique but est et a toujours été de contribuer à faire pénétrer les 
principes bien connus de la méthode expérimentale dans les sciences 
médicales. C'est pourquoi nous allons ici résumer ces principes, en 
indiquant particulièrement les précautions qu'il convient de garder dans 
leur application, à raison de la complexité toute spéciale des 
phénomènes de la vie. Nous envisagerons ces difficultés d'abord dans 
l'emploi du raisonnement expérimental et ensuite dans la pratique de 
l'expérimentation. 
 
PREMIÈRE PARTIE 
DU RAISONNEMENT EXPÉRIMENTAL. 
 
CHAPITRE PREMIER DE L'OBSERVATION ET DE
L'EXPÉRIENCE. 
L'homme ne peut observer les phénomènes qui l'entourent que dans des 
limites très-restreintes; le plus grand nombre échappe naturellement à 
ses sens, et l'observation simple ne lui suffit pas. Pour étendre ses 
connaissances, il a dû amplifier, à l'aide d'appareils spéciaux, la 
puissance de ces organes, en même temps qu'il s'est armé d'instruments 
divers qui lui ont servi à pénétrer dans l'intérieur des corps pour les 
décomposer et en étudier les parties cachées. Il y a ainsi une gradation 
nécessaire à établir entre les divers procédés d'investigation ou de 
recherches qui peuvent être simples ou complexes: les premiers 
s'adressent aux objets les plus faciles à examiner et pour lesquels nos 
sens suffisent; les seconds, à l'aide de moyens variés, rendent 
accessibles à notre observation des objets ou des phénomènes qui sans 
cela nous seraient toujours demeurés inconnus, parce que dans l'état 
naturel ils sont hors de notre portée. L'investigation, tantôt simple, 
tantôt armée et perfection née, est donc destinée à nous faire découvrir 
et constater les phénomènes plus ou moins cachés qui nous entourent. 
Mais l'homme ne se borne pas à voir; il pense et veut connaître la 
signification des phénomènes dont l'observation lui a révélé l'existence. 
Pour cela il raisonne, compare les faits, les interroge, et, par les 
réponses qu'il en tire, les contrôle les uns par les autres. C'est ce genre 
de contrôle, au moyen du raisonnement et des faits, qui constitue, à 
proprement parler, l'expérience, et c'est le seul procédé que nous ayons 
pour nous instruire sur la nature des choses qui sont en dehors de nous. 
Dans le sens philosophique, l'observation montre et l'expérience instruit. 
Cette première distinction va nous servir de point de départ pour 
examiner les définitions diverses qui ont été données de l'observation et 
de l'expérience par    
    
		
	
	
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