avec elle, au galop des chevaux. 
Agnès ne proférait aucune parole. 
Les chevaux couraient à perte d'haleine; deux postillons, qui essayèrent 
vainement de les retenir, furent renversés. 
En ce moment, un orage affreux s'élève; les vents sifflent déchaînés; le 
tonnerre gronde au milieu de mille éclairs; la voiture emportée se 
brise.... Raymond tombe sans connaissance. 
Le lendemain matin, il se voit entouré de paysans qui le rappelent à la 
vie. Il leur parle d'Agnès, de la voiture, de l'orage; ils n'ont rien vu, ne
savent rien, et il est à dix lieues du château de Lindemberg. 
On le transporte à Ratisbonne; un médecin panse ses blessures, et lui 
recommande le repos. Le jeune amant ordonne mille recherches inutiles, 
et fait cent questions, auxquelles on ne peut répondre. Chacun croit 
qu'il a perdu la raison. 
Cependant la journée s'écoule, la fatigue et l'épuisement lui procurent le 
sommeil. Il dormait assez paisiblement, lorsque l'horloge d'un couvent 
voisin le réveille, en sonnant une heure. Une secrète horreur le saisit, 
ses cheveux se hérissent, son sang se glace. Sa porte s'ouvre avec 
violence; et, à la lueur d'une lampe posée sur la cheminée, il voit 
quelqu'un s'avancer: C'est la nonne sanglante. Le spectre s'approche, le 
regarde fixement, et s'assied sur son lit, pendant une heure entière. 
L'horloge sonne deux heures. Le fantôme alors se lève, saisit la main de 
Raymond, de ses doigts glacés, et lui dit: Raymond, je suis à toi; tu es à 
moi pour la vie. Elle sortit aussitôt, et la porte se referma sur elle. 
Libre alors, il crie, il appelle; on se persuade de plus en plus qu'il est 
insensé; son mal augmente, et les secours de la médecine sont vains. 
La nuit suivante la nonne revint encore, et ses visites se renouvellèrent 
ainsi pendant plusieurs semaines. Le spectre, visible pour lui seul n'était 
apperçu par aucun de ceux qu'il faisait coucher dans sa chambre. 
Cependant Raymond apprit qu'Agnès, sortie trop tard, l'avait 
inutilement cherché dans les environs du château; d'où il conclut qu'il 
avait enlevé la nonne sanglante. Les parens d'Agnès, qui n'approuvaient 
point son amour, profitèrent de l'impression que fit cette avanture sur 
son esprit, pour la déterminer à prendre le voile. 
Enfin Raymond fut délivré de son effrayante compagne. On lui amena 
un personnage mystérieux, qui passait par Ratisbonne; on l'introduisit 
dans sa chambre, à l'heure où devait paraître la nonne sanglante. Elle le 
vit et trembla; à son ordre, elle expliqua le motif de ses importunités: 
religieuse espagnole, elle avait quitté le couvent, pour vivre dans le 
désordre, avec le seigneur du château de Lindemberg: infidèle à son 
amant, comme à son Dieu, elle l'avait poignardé: assassinée elle-même
par son complice qu'elle voulait épouser; son corps était resté sans 
sépulture et son âme sans asyle errait depuis un siècle. Elle demandait 
un peu de terre pour l'un, des prières pour l'autre. Raymond les lui 
promit, et ne la vit plus. 
 
LE VAMPIRE ARNOLD-PAUL. 
Un paysan de Médreïga (village de Hongrie), nommé Arnold-Paul, fut 
écrasé par la chute d'un chariot chargé de foin. Trente jours après sa 
mort, quatre personnes moururent subitement, et de la même manière 
que meurent ceux qui sont molestés des vampires. On se ressouvînt 
alors qu'Arnold-Paul avait souvent raconté, qu'aux environs de Cassova, 
sur les frontières de la Turquie, il avait été tourmenté long-tems par un 
vampire turc; mais que sachant que ceux qui étaient victimes d'un 
vampire, le devenaient après leur mort, il avait trouvé le moyen de se 
guérir en mangeant de la terre du vampire turc, et en se frottant de son 
sang. On présuma que si ce remède avait guéri Arnold-Paul, il ne l'avait 
pas empêché de devenir vampire à son tour. En conséquence, on le 
déterra pour s'en assurer; et quoiqu'il fût inhumé depuis quarante jours, 
on lui trouva le corps vermeil; on s'apperçut que ses cheveux, ses 
ongles, sa barbe s'étaient renouvellés, et que ses veines étaient remplies 
d'un sang fluide. 
Le bailly du lieu, en présence de qui se fit l'exhumation, et qui était un 
homme expert dans le vampirisme, ordonna d'enfoncer dans le coeur de 
ce cadavre un pieu fort aigu et de le percer de part en part; ce qui fut 
exécuté sur le champ. Le vampire jeta des cris effroyables et fit les 
mêmes mouvemens que s'il eût été vivant. Après quoi on lui coupa la 
tête et on le brûla dans un grand bûcher. On fit subir ensuite le même 
traitement aux quatre personnes qu'Arnold-Paul avait tuées, de peur 
qu'elles ne devînsent vampires à leur tour. 
Malgré toutes ces précautions, le vampirisme reparut au bout de 
quelques années; et dans l'espace de trois mois, dix-sept personnes, de 
tout âge et de tout sexe, périrent misérablement; les unes sans être 
malades, et les autres après deux ou trois jours de langueur. Une jeune
fille    
    
		
	
	
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