nommé Stanoska, s'étant couchée un soir en parfaite santé, se 
réveilla au milieu de la nuit, toute tremblante, jetant des cris affreux, et 
disant que le jeune Millo, mort depuis neuf semaines, avait manqué de 
l'étrangler pendant son sommeil. Le lendemain Stanoska se sentit 
très-malade, et mourut au bout de trois jours de maladie. 
Les soupçons se tournèrent sur le jeune homme mort, que l'on pensa 
devoir être un vampire; il fut déterré, reconnu pour tel, et exécuté en 
conséquence. Les médecins et les chirurgiens du lieu examinèrent 
comment le vampirisme avait pu renaître au bout d'un tems si 
considérable, et après avoir bien cherché, on découvrit qu'Arnold-Paul, 
le premier vampire, avait tourmenté, non seulement les personnes qui 
étaient mortes peu de tems après lui, mais encore plusieurs bestiaux 
dont les gens morts depuis peu avaient mangé, et entr'autres le jeune 
Millo. On recommença les exécutions, on trouva dix-sept vampires 
auxquels on perça le coeur; on leur coupa la tête, on les brûla, et on jeta 
leurs cendres dans la rivière. Ces mesures éteignirent le vampirisme 
dans Médréïga. 
 
JEUNE FILLE FLAMANDE ÉTRANGLÉE PAR LE DIABLE. 
CONTE NOIR. 
L'aventure qui suit eut lien le 27 mai 1582.--Il y avait à Anvers une 
jeune et belle fille, aimable, riche et de bonne maison; ce qui la rendait 
fière, orgueilleuse, et ne cherchant tous les jours, par ses habits 
somptueux, que les moyens de plaire à une infinité d'élégans qui lui 
faisaient la cour. 
Cette fille fut imitée, selon la coutume, à certaines noces d'un ami de 
son père qui se mariait. Comme elle n'y voulait point manquer et qu'elle 
se réjouissait de paraître à une telle fête, pour l'emporter en beauté et en 
bonne grâce sur toutes les autres dames et demoiselles, elle prépara ses 
plus riches habits, disposa le vermillon dont elle voulait se farder, à la 
manière des Italiennes; et comme les Flamandes surtout aiment le beau 
linge, elle fit faire quatre ou cinq collets, dont l'aune de toile coûtait
neuf écus. Ces collets achevés, elle fit venir une habile repasseuse, et 
lui commanda de lui empeser avec soin deux de ces collets, pour le jour 
et le lendemain des noces, lui promettant pour sa peine la valeur de 
vingt-quatre sous. 
L'empeseuse fit de son mieux, mais les collets ne se trouvèrent point au 
gré de la demoiselle, qui envoya chercher aussitôt une autre ouvrière, à 
qui elle donna ses collets et sa coiffure pour les empeser, moyennant un 
écu qu'elle promettait si le tout était à son goût. Cette seconde 
empeseuse mit tous ses talens à bien faire; mais elle ne put encore 
contenter la jeune fille qui, dépitée et furieuse, déchira, et jeta par la 
chambre, ses collets et coiffures, blasphémant le nom de dieu, et jurant 
qu'elle aimerait mieux que la diable l'emportât, que d'aller aux noces 
ainsi vêtue. 
La pauvre demoiselle n'eut pas plutôt achevé ces paroles, que le diable, 
qui était aux aguets, ayant pris l'apparence d'un de ses plus chers 
amoureux, se présenta à elle, ayant à son cou une fraise admirablement 
empesée et accommodée avec la dernière élégance. La jeune fille, 
trompée, et pensant qu'elle parlait à un de ses mignons, lui dit 
doucement: «Mon ami, qui vous a donc si bien dressé vos fraises? voilà 
comme je les voudrais». L'esprit malin répondit qu'il les avait 
accomodées lui-même, et en même-tems il les ôte de son cou, les met 
gaiement à celui de la demoiselle, qui ne put contenir sa joie de se voir 
si bien parée; puis ayant embrassé la pauvrette par le milieu du corps, 
comme pour la baiser, le méchant démon poussa un cri horrible, lui 
tordit misérablement le cou, et la laissa sans vie sur le plancher. 
Ce cri fut si épouvantable que le père de la jeune fille et tous ceux de la 
maison l'entendirent et en conçurent le présage de quelque malheur. Ils 
se hâtèrent de monter à la chambre, où ils trouvèrent la demoiselle 
roide morte, ayant le cou et le visage noir et meurtri; la bouche bleuâtre 
et toute défigurée, tellement qu'on en reculait d'épouvante. Le père et la 
mère après avoir poussé long-tems des cris et des sanglots lamentables, 
firent ensevelir leur fille qui fut ensuite mise dans un cercueil, et pour 
éviter le déshonneur qu'ils redoutaient, ils donnèrent à entendre que 
leur enfant était subitement mort d'une apoplexie. Mais une telle
aventure ne devait pas être cachée. Au contraire, il fallait qu'elle fut 
manifestée à chacun, afin de servir d'exemple. Comme le père avait 
ordonné de tout disposer pour l'enterrement de sa fille, il se trouva que 
quatre hommes forts et puissans, ne purent jamais enlever ni remuer la 
bière où était ce malheureux corps. On fit venir deux autres porteurs 
robustes qui se joignirent aux quatre premiers; mais ce fut en vain; car    
    
		
	
	
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