nous allons combattre. Allons nous mettre à l'oeuvre. Voici les 
plis cachetés dans lesquels chacun de nous trouvera le mot d'ordre, et 
les dispositions des chefs. Prenez: soyez prudents, et Dieu sauve le 
Canada! 
LES CONJURÉS--Dieu sauve le Canada! 
CARDINAL, à Duquette--Toi, viens avec moi! (À Félix.) Jeune 
homme, c'est entendu, adieu! à la vie à la mort! . . . (Il lui serre la main.) 
Sortons.(Tous sortent.) 
FÉLIX, resté en arrière--Dans six mois le Canada sera libre! . . . Et 
moi? . . . Dans six mois, Félix Poutré sera mort, ou sera un grand 
homme! . . . (Il sort.) 
 
Acte II
Le décor représente une grande route. 
SCÈNE I 
On entend un chant, d'abord lointain, se rapprochant, et une troupe de 
patriotes entrant à droite en chantant: 
UN PATRIOTE--En avant! marchons, etc. O Canadiens, peuple de 
braves, La liberté rouvre ses bras! On nous disait: soyez esclaves! Nous 
avons dit: soyons soldats! Aux armes donc, fiers patriotes, Ressuscitons 
les sans-culottes! En avant, marchons! Contre les canons! A travers le 
fer, le feu, les bataillons! Marchons, sus aux despotes! (bis) 
LE CHOEUR--En avant, marchons, etc. 
(Ils sortent à gauche en chantant.) 
TOINON, resté seul en arrière, avec un grand sabre tout rouillé sur 
l'épaule--Ste Anne du Nord! Si je pouvais donc déplanter un 
Anglais! . . . Ça serait-y rien qu'un petit. . . . avec le sabre à mon 
grand-père. . . . Il m'semble que ça y ferait plaisir, c'pauv'défunt! . . . (Il 
chante sur un ton faux, en s'en allant à gauche:) En avant, marchant, à 
travers les champs . . . (Cardinal et Duquette entrent à droite.) 
CARDINAL, à Toinon--Garçon, attends! j'ai à te parler. (À Duquette.) 
Tu dis qu'il s'est échappé? 
DUQUETTE--Oui, et voici même la lettre que je viens de recevoir à ce 
sujet. (Il lit:) «Camel s'est évadé hier de la prison où nous l'avions 
enfermé. Il est probable qu'à l'heure où je t'écris, nous sommes tous 
dénoncés. On m'assure que le traître est parti ce matin pour Napierville. 
Ainsi, soyez sur vos gardes. (Signé.) No. 12». Vous voyez que nous 
n'avons pas de temps à perdre. 
CARDINAL--Ainsi, il est probable qu'il est en ce moment à 
Napierville? 
DUQUETTE--C'est très possible.
CARDINAL, à Toinon--Garçon, tu connais le capitaine Félix Poutré? 
TOINON--Ben, j'penserais! 
CARDINAL--Eh bien, cours à Napierville, et dis-lui que Camel s'est 
échappé de prison; qu'il doit être en ce moment dans les environs, et 
qu'il faut s'emparer de sa personne à tout prix. Va, tu seras récompensé. 
TOINON--Ça y est. (Il sort à gauche en chantant:) «Quand le feu fut 
dans les sapins, ça flambait ben, ça flambait ben.» 
(Cardinal et Duquette le suivent.) 
Le décor s'ouvre et représente l'intérieur de la demeure de Poutré. 
SCÈNE II 
POUTRÉ, père et CAMEL (assis) 
CAMEL--Je vous dis qu'il y était, moi; et que cette maudite canaille a 
eu l'audace d'attaquer Odeltown où les volontaires étaient retranchés; 
qu'ils se sont battus deux jours de suite comme des enragés brigands 
qu'ils sont. Mais heureusement qu'ils n'avaient pour armes que quelques 
mauvais fusils et les troupes du gouvernement n'ont pas eu de peine à 
repousser leurs attaques. 
POUTRÉ--Pauvres enfants! 
CAMEL--Oui, pauvres enfants, des rebelles qui, s'ils tombent 
maintenant sous la patte du gouvernement, recevront certainement ce 
qu'ils méritent. Entendez-vous, père Poutré, et votre Félix pourrait bien, 
avant longtemps, essayer une cravate plus dure qu'une cravate de 
marié! 
POUTRÉ--Mais qui donc t'a dit, Camel, que Félix faisait partie des 
révoltés? Il est parti depuis huit jours pour Lacolle où il règle 
quelques-unes de mes affaires. 
CAMEL--Allons donc! allons donc! on sait ce qu'on sait. Et si je vous
disais, moi, que depuis un mois, il parcourt les campagnes pour 
assermenté les rebelles et lever des fonds pour acheter des armes aux 
États-Unis; qu'il a ainsi réuni plus de trois mille vauriens, organisé des 
comités, tenu des conciliabules, et soulevé partout cette canaille qui est 
heureusement dispersée maintenant! 
POUTRÉ, à part--Le traître sait tout! (Haut.) C'est impossible ce que tu 
me dis là, Camel. Mon fils ne s'est jamais mêlé des troubles du pays. 
Mais, toi, tu fais un bien vil métier en décriant ainsi tes compatriotes, et 
en essayant de faire planer de tels soupçons sur la conduite de tes 
frères. 
CAMEL--Ta, ta, ta, ta! Tenez, le père, si j'écoutais mon devoir, je 
devrais les dénoncer plutôt, et le gouvernement m'en saurait gré . . . 
(On entend chanter ait loin: En avant! marchons, etc.) Tenez, les voilà 
qui s'approchent! (On entend des coups de fusil.) Entendez-vous la 
fusillade? C'est sans doute quelque escarmouche de l'autre côté de la 
rivière. Il est maintenant 7 heures du soir: bien! avant qu'il soit 11 
heures, les troupes se seront emparées du village. Au revoir, père 
Poutré. (Il sort.) 
SCÈNE III 
POUTRÉ seul 
POUTRÉ--Oui, au revoir, maudit pourvoyeur de    
    
		
	
	
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