potence! S'il fallait 
chasser quelqu'un du pays, c'est bien par les chenapans de ton espèce 
qu'il faudrait commencer! . . . Mais Félix ne revient toujours pas . . . 
pourvu qu'il ne lui soit point arrivé malheur . . . qui sait où sa mauvaise 
tête peut le conduire . . . O mon Dieu, conservez-moi le seul espoir de 
mes cheveux blancs! (Une troupe de patriotes entrent en chantant. Ils 
sont armés de fourches, de faux et de mauvais fusils.) 
SCÈNE IV 
POUTRÉ, BÉCHARD, TOINON, PATRIOTES 
POUTRÉ--Eh bien, Béchard? (Il lui serre la main.)
BÉCHARD--Et Félix? 
POUTRÉ--Il n'est pas avec vous? Mon Dieu, qu'est-il devenu? 
BÉCHARD--Il est parti hier soir, pour aller à Lacolle chercher des 
fusils. Nous le cherchons; le temps presse; il devrait être de retour 
depuis longtemps. 
(Félix entre.) 
SCÈNE V 
Les Précédents, FÉLIX 
BÉCHARD--Le voilà! Eh bien, Félix, voilà quatre heures que nous te 
cherchons . . . 
FÉLIX, découragé--Pas d'armes, pas d'armes! Pas un seul fusil, pas une 
seule cartouche! . . . Mes amis, nous sommes trompés, vendus, 
sacrifiés! . . . Où est-il, que je lui dise en face ce qu'il est? . . . 
POUTRÉ--Qui donc? 
FÉLIX--Le Dr Côté. 
BÉCHARD--On dit qu'il est parti. 
FÉLIX--Malédiction! J'arrive trop tard. Comment donc ai-je pu faire 
pour ne me douter de rien? Oh! Le lâche! Il a mis sa peau en sûreté. Ah! 
si j'eusse été ici, misérable, tu ne serais pas parti comme cela . . . 
BÉCHARD--Personne ne l'a vu partir . . . On croit qu'il a dû filer avant 
le jour. 
FÉLIX--Le traître! . . . Écoutez-moi, mes amis, vous allez voir jusqu'où 
peut aller la perfidie d'un homme! Vous savez toutes les belles 
promesses qu'il nous avait faites . . . Et bien, après les désastreuses 
attaques d'Odeltown, je me rendis à Napierville, chez le Dr Côté, et je 
lui demandai si nous n'allions pas avoir des armes, et surtout des
canons. Que voulez que nous fassions, lui dis-je, sans canons, pour 
déloger cette canaille-là de l'église? Si nous n'avons point d'armes, 
mieux vaut tout abandonner. Quoiqu'il essayât de faire bonne 
contenance, je vis bien à son expression embarrassée qu'il n'avait rien 
de bon à m'apprendre, et je commençai à me douter que quelque chose 
n'allait pas bien. Il me dit de revenir le voir. Je le quittai assez 
mécontent. Nous allons voir ce que l'on va me dire ce soir, me dis-je à 
moi-même. Il est temps que ces bêtises-là finissent. Aller se battre 
contre des murs avec des balles! . . . Mais nous y serions encore dans 
deux mois . . . Si nous eussions eu seulement deux petits canons! . . . Et 
dire que depuis plus d'un mois on nous promet des armes! Et qu'au 
moment critique, il ne nous est pas encore venu un seul fusil . . . Et tous 
ces braves gens confiants et honnêtes qui sont là compromis par des 
fous ou des traîtres! Car enfin, il n'y a pas de milieu; s'ils ont des armes 
et qu'ils ne les fassent pas venir de suite, c'est une imbécillité qui n'a 
pas de nom! S'ils n'en ont pas, ces hommes-là nous trahissent donc 
depuis un mois! S'ils nous avaient dit de suite: nous ne pouvons pas 
nous procurer des armes, est-ce que vous auriez songé à sortir de chez 
vous? 
PATRIOTES--Non! non! 
TOINON--Ben, j'pense pas! 
FÉLIX--Est-ce que nous sommes obligés de nous faire massacrer par 
les soldats anglais, ou à danser au bout de la corde d'une potence pour 
leur bon plaisir? 
PATRIOTES--Non! non! 
TOINON--Ben, j'pense pas! . . . 
FÉLIX--Mais voici la fin de l'histoire. Le soir arrivé, je retournai chez 
le Dr Côté. Je ne pus obtenir l'entrée. Vers neuf heures, je me présentai 
de nouveau; même résultat. Cela devenait inexplicable. Enfin à 11 
heures je partis, déterminé à passer sur le corps de dix hommes, s'il le 
fallait, pour arriver à lui. A ma grande surprise, j'entrai sans difficulté. 
«Mon cher Poutré, me dit Côté, nous venons d'être informés que les
troupes du gouvernement se dirigent sur Napierville. Elles sont encore 
à huit lieues d'ici, et conséquemment elles arriveront demain sur les dix 
ou onze heures du soir. Ils sont à peu près cinq mille hommes. Pars 
immédiatement et rends-toi à Lacolle où les armes doivent être arrivées 
maintenant. Il doit y avoir cinq mille fusils et des munitions. » Je me 
donnai bien de garde d'attendre le jour. Je partis aussitôt pour Lacolle, 
déterminé à remplir ma mission avec honneur. Chemin faisant, je 
m'arrêtai à chaque maison où j'espérais trouver un cheval et une voiture, 
et j'ordonnai plutôt que je ne demandai aux gens de me suivre pour 
aller chercher ces armes si longtemps attendues. Arrivé à Lacolle, je 
m'informai . . . Rien! . . . La réalité    
    
		
	
	
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