à tout. 
FÉLIX--Soyez tranquille. Ça y est! 
CARDINAL--Songez-y bien. C'est une sérieuse affaire que nous 
entreprenons. C'est notre tête que nous jouons tous. Une fois parti on ne 
pourra plus reculer. Bon gré mal gré, il faudra aller jusqu'au bout. 
FÉLIX--Je ne suis pas homme à reculer. Toutes mes réflexions sont 
faites. Je veux délivrer mon pays, et je vous suis. Arrive que pourra! 
Mais il serait assez bon de prendre nos précautions cette fois; car, 
voyez-vous, les coups sont quelquefois pour nous. 
DUQUETTE--C'est justement parce que nous n'avons pas réussi 
l'année dernière que l'expérience ne nous fera pas défaut cette fois-ci. 
Vous comprenez que nous savons aujourd'hui par où nous avons péché. 
FÉLIX--Je vais vous le dire tout de suite, moi, par où vous avez péché: 
c'est d'avoir envoyé les habitants se battre avec des fusils sans plaque.
Comment voulez-vous que nous déplantions un Anglais avec un fusil 
qui ne vaut pas mieux qu'un bâton? Vous voulez que nous nous battions; 
nous sommes prêts. Ah! vous en trouverez des hommes, allez. Mais au 
moins donnez-nous des armes; des fusils, des canons, de la poudre et 
des balles. Avec tout cela, je vous promets qu'il en sautera des Anglais. 
CARDINAL--Vous en aurez des fusils et des balles. Toutes nos 
mesures sont prises. Nous avons en ce moment aux États-Unis des 
affiliés occupés à nous procurer tout cela. L'important pour le moment, 
c'est d'obtenir quelques fonds. Deux choses sont pressantes: 1. 
organiser des comités qui deviendront des compagnies plus tard; 2. 
lever autant d'argent que possible pour l'achat des armes qu'il nous faut. 
Tu es populaire dans les environs de Napierville: veux-tu te dévouer à 
l'une et à l'autre? 
FÉLIX--Vous connaissez ma réponse. 
CARDINAL--Bien, je n'attendais rien moins de votre patriotisme, Félix 
Poutré. Je vais vous assermenter et vous vous mettrez de suite à 
l'oeuvre. (Il lui présente une Bible, et tous les conjurés se rangent 
autour de Félix, et lèvent la main droite.) «Vous jurez à Dieu et à votre 
patrie d'employer toute votre énergie et tout votre courage pour chasser 
les Anglais du soi du Canada, et de ne vous arrêter que lorsqu'il n'en 
restera plus un seul dans ses limites!» (Il baise la Bible et se retire.) 
LES CONJURÉS--Ainsi soit-il! 
CARDINAL--Maintenant, Félix Poutré, le pays compte sur vous. 
Gardez cet Évangile, et parcourez les campagnes pour administrer le 
même serment à tous les patriotes qui voudront se joindre à nous. En 
même temps, nous solliciterons quelques souscriptions dont le produit 
sera employé à l'achat des armes qu'il nous faut pour réussir. 
Voulez-vous faire cela avec zèle et discrétion? 
FÉLIX--Je le promets sur ma tête et sur mon honneur! (On frappe.) 
3ème CONJURÉ--Qui va là?
UNE VOIX, en dehors--Brutus! 
3ème CONJURÉ--Le mot d'ordre? 
UNE VOIX, en dehors--Vengeance et liberté! 
3ème CONJURÉ, ouvrant la porte--Entrez! (Entrent dix Policemen.) 
SCÈNE VI 
Les Précédents, POLICEMEN 
LES CONJURÉS--Nous sommes trahis! . . . 
CAMEL, à part--Sitôt! Ils ne devaient pourtant pas être ici avant 
minuit . . . 
DUQUETTE--Défendons-nous, mort au traître! . . . 
CARDINAL--Du calme, Duquette; laissez-moi faire! 
CAMEL, se rangeant du côté de la Police--Policemen, ces hommes 
sont tous des conspirateurs; ils ont juré de renverser le gouvernement 
de Sa Majesté . . . Je les dénonce . . . (Montrant Cardinal.) Voici leur 
chef; (montrant Félix) et voici le dernier affilié, et peut-être le plus 
dangereux de tous! 
LES CONJURÉS--Le traître! 
CARDINAL--Le lâche! . . . 
CAMEL, montrant un papier aux policemen--Voici mes ordres signés 
du Shérif. Policemen, arrêtez-les tous! (Personne ne bouge.) 
Arrêtez-les tous, vous dis-je, et que pas un seul ne puisse 
s'échapper! . . . 
CARDINAL, aux Policemen--Frères, (montrant Camel) emparez-vous 
de ce traître! (À Camel.) Ah! . . . lâche, il y a longtemps que je 
soupçonnais la trahison, et que j'avais l'oeil sur toi! Tu nous tendais des
pièges; tu t'y es laissé prendre toi-même comme un imbécile. Ces 
hommes que tu as pris pour des mercenaires du gouvernement dont tu 
t'es fait le servile valet, sont, des nôtres, entends-tu? Je leur ai fait 
prendre ce costume pour te forcer à lever le masque; et maintenant que 
nous t'avons vu tel que tu es, nous savons ce qui nous reste à faire. 
LES CONJURÉS--A mort! à mort! 
CAMEL--Grâce! pour l'amour de Dieu! 
CARDINAL--Grâce? vil espion; si tu en valais la peine, je te ferais 
sauter la cervelle comme une vieille calebasse pourrie, je jetterais ta 
sale carcasse aux chiens; mais les armes que nous avons prises pour 
délivrer la patrie, ne doivent pas commencer par se souiller du sang 
d'un renégat. Au cachot, misérable! C'est là que tu attendras le 
jugement que ta trahison mérite! (On jette Camel à la cave.) 
LES CONJURÉS--C'est cela. Bravo! . . . 
CARDINAL--Frères, nous venons d'échapper à un grand danger. 
Remercions la Providence qui protège aussi visiblement la cause pour 
laquelle    
    
		
	
	
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