Zadig | Page 2

Voltaire
Lorsque tout fut termin��, Voltaire fit brocher les exemplaires qu'il destinait �� ses amis, en fit faire la distribution , et r��pondit aux plaintes des imprimeurs par l'expos�� des craintes qu'il avait eues:
J'ai abr��g�� le r��cit de Longchamp, sans le rendre plus vrai. Je ne connais aucune ��dition de Zadig qui le confirme, aucune dont une feuille se termine avec la fin d'un chapitre.
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Les notes sans signature, et qui sont indiqu��es par des lettres, sont de Voltaire.
Les notes sign��es d'un K sont des ��diteurs de Kehl, MM. Condorcet et Decroix. Il est impossible de faire rigoureusement la part de chacun.
Les additions que j'ai faites aux notes de Voltaire ou aux notes des ��diteurs de Kehl, en sont s��par��es par un--, et sont, comme mes notes, sign��es de l'initiale de mon nom.
BEUCHOT. 4 octobre 1829.

ZADIG.
ou
LA DESTIN��E,
HISTOIRE ORIENTALE.
1747

APPROBATION[1].
Je soussign��, qui me suis fait passer pour savant, et m��me pour homme d'esprit, ai lu ce manuscrit, que j'ai trouv��, malgr�� moi, curieux, amusant, moral, philosophique, digne de plaire �� ceux m��mes qui ha?ssent les romans. Ainsi je l'ai d��cri��, et j'ai assur�� monsieur le cadi-lesquier que c'est un ouvrage d��testable.
[1] Cette plaisanterie ��tait dans l'��dition de Zadig de 1748. Elle existait encore dans l'��dition in-4�� (tome XVII, publi�� en 1771). Mais ayant ��t�� omise dans l'��dition encadr��e de 1795, elle ne fut pas reproduite dans les ��ditions de Kehl. La premi��re des ��ditions modernes o�� on la trouve est celle de M. Lequien, 1823. B.

��PITRE D��DICATOIRE
DE ZADIG
A LA SULTANE SHERAA,
PAR SADI.
Le 10 du mois de schewal, l'an 837 de l'h��gire.
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Charme des prunelles, tourment des coeurs, lumi��re de l'esprit, je ne baise point la poussi��re de vos pieds, parceque vous ne marchez gu��re, ou que vous marchez sur des tapis d'Iran ou sur des roses. Je vous offre la traduction d'un livre d'un ancien sage qui, ayant le bonheur de n'avoir rien �� faire, eut celui de s'amuser �� ��crire l'histoire de Zadig, ouvrage qui dit plus qu'il ne semble dire. Je vous prie de le lire et d'en juger; car, quoique vous soyez dans le printemps de votre vie, quoique tous les plaisirs vous cherchent, quoique vous soyez belle, et que vos talents ajoutent �� votre beaut��; quoiqu'on vous loue du soir au matin, et que par toutes ces raisons vous soyez en droit de n'avoir pas le sens commun, cependant vous avez l'esprit tr��s sage et le go?t tr��s fin, et je vous ai entendue raisonner mieux que de vieux derviches �� longue barbe et �� bonnet pointu. Vous ��tes discr��te et vous n'��tes point d��fiante; vous ��tes douce sans ��tre faible; vous ��tes bienfesante avec discernement; vous aimez vos amis, et vous ne vous faites point d'ennemis. Votre esprit n'emprunte jamais ses agr��ments des traits de la m��disance; vous ne dites de mal ni n'en faites, malgr�� la prodigieuse facilit�� que vous y auriez. Enfin votre ame m'a toujours paru pure comme votre beaut��. Vous avez m��me un petit fonds de philosophie qui m'a fait croire que vous prendriez plus de go?t qu'une autre �� cet ouvrage d'un sage.
Il fut ��crit d'abord en ancien chald��en, que ni vous ni moi n'entendons. On le traduisit en arabe, pour amuser le c��l��bre sultan Ouloug-beb. C'��tait du temps o�� les Arabes et les Persans commen?aient �� ��crire des Mille et une nuits, des Mille et un jours, etc. Ouloug aimait mieux la lecture de Zadig; mais les sultanes aimaient mieux les Mille et un. Comment pouvez-vous pr��f��rer, leur disait le sage Ouloug, des contes qui sont sans raison, et qui ne signifient rien? C'est pr��cis��ment pour cela que nous les aimons, r��pondaient les sultanes.
Je me flatte que vous ne leur ressemblerez pas, et que vous serez un vrai Ouloug. J'esp��re m��me que, quand vous serez lasse des conversations g��n��rales, qui ressemblent assez aux Mille et un, �� cela pr��s qu'elles sont moins amusantes, je pourrai trouver une minute pour avoir l'honneur de vous parler raison. Si vous aviez ��t�� Thalestris du temps de Scander, fils de Philippe; si vous aviez ��t�� la reine de Sab��e du temps de Soleiman, c'eussent ��t�� ces rois qui auraient fait le voyage.
Je prie les vertus c��lestes que vos plaisirs soient sans m��lange, votre beaut�� durable, et votre bonheur sans fin.
SADI.

ZAD1G,
ou
LA DESTIN��E.
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CHAPITRE 1.
Le borgne
Du temps du roi Moabdar il y avait �� Babylone un jeune homme nomm�� Zadig, n�� avec un beau naturel fortifi�� par l'��ducation. Quoique riche et jeune, il savait mod��rer ses passions; il n'affectait rien; il ne voulait point toujours avoir raison, et savait respecter la faiblesse des hommes. On ��tait ��tonn�� de voir qu'avec beaucoup d'esprit il n'insultat jamais par des railleries �� ces propos si vagues, si rompus, si tumultueux, �� ces m��disances t��m��raires, �� ces d��cisions ignorantes, �� ces turlupinades grossi��res, �� ce vain bruit de paroles, qu'on appelait conversation dans Babylone. Il
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