Terre-Neuve et les Terre-Neuviennes

Henri de la Chaume
Terre-Neuve et les
Terre-Neuviennes, by

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Title: Terre-Neuve et les Terre-Neuviennes
Author: Henri de La Chaume
Release Date: April 6, 2007 [EBook #21001]
Language: French
Character set encoding: ISO-8859-1
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TERRE-NEUVE ***

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TERRE-NEUVE ET LES TERRE-NEUVIENNES
L'auteur et les éditeurs déclarent réserver leurs droits de traduction et
de reproduction à l'étranger.

Ce volume a été déposé au ministère de l'intérieur (section de la
librairie) en mai 1886.
PARIS. TYPOGRAPHIE DE E. PLON, NOURRIT ET Cie, RUE
GARANCIÈRE, 8.
HENRI DE LA CHAUME
[Illustration: LABOR NIA VINCIT IMPROBVS]
1886
Tous droits réservés

PREMIÈRE PARTIE

TERRA-NOVA.
Le «1er mars 1883»!
Voilà trois ans que cette date est passée, et la lettre commencée ce
jour-là pour un ami est encore entre mes mains, inachevée.
Elle est là, sous mes yeux, tracée avec de l'encre anglaise sur du papier
anglais, et, brusquement, elle me ramène à l'autrefois, qui ne reviendra
jamais!
Quoi donc! depuis ce jour, dix-huit mois déjà, dix-huit mois de
jeunesse envolés?
Dix-huit mois, et ma lettre n'est pas encore terminée!
C'est donc si court, la vie!
Moi qui espérais, moi qui avais de l'ambition, moi qui, dédaigneux des
succès vulgaires et obligés, aspirais à la gloire conquise par de grandes

oeuvres, que faire, si les belles années n'ont pas de retour?
Qui me donnera le temps?
Comment oser entreprendre une longue tâche, si dix-huit mois ne
suffisent pas à une lettre?
Le «1er mars 1883»! Voilà presque trois ans que cette date est passée!...
N'importe, je transcris ici ces quelques pages abandonnées! Elles
serviront de première partie à mon travail en même temps que de
preuve pour mon ami que, réellement, j'avais la bonne intention de le
mettre au fait de mon existence lointaine.
Du reste, je savais bien dès lors à quoi m'en tenir sur mon humeur
inconstante, puisque je débutais ainsi:

CHAPITRE PREMIER
Saint-Jean de Terre-Neuve, 1er mars 1883.
Je vous écris, mon cher ami, avec le désir de vous envoyer un journal
plutôt qu'une lettre, dans l'espoir de mieux satisfaire votre curiosité. Si
j'arrive jusqu'au bout de ma tâche, soyez sûr que ce ne sera pas sans
d'héroïques efforts; aussi je vous demande en retour toute votre
indulgence pour ce que vous pourrez trouver d'insuffisant à ces
quelques pages.
Vous, l'explorateur infatigable, qui a suivi tous les chemins, sur toutes
les cartes de géographie éditées jusqu'à ce jour, vous n'avez sans doute
pas remonté le littoral d'Amérique jusqu'au Labrador, sans apercevoir,
enchâssée dans un golfe formé par un fleuve, une île aux contours
prodigieusement ciselés? Votre atlas vous dira plus exactement que je
ne saurais le faire la latitude et la longitude qui servent à déterminer la
position de ce petit pays, mais peut-être aurai-je à rectifier l'idée que
vous vous faites de son étendue.
Terre-Neuve, rocher battu par les flots, à l'entrée du Saint-Laurent, c'est

là un phénomène visible seulement sur les cartes. Pour nous, nous
n'éprouvons pas plus l'impression désolante de la mer partout que les
fashionables baigneurs des côtes normandes.
Trois cent dix-sept milles du sud-ouest au nord; trois cent seize de
l'ouest à l'est; et un réseau de chemins de fer en construction: que diable
faut-il de plus pour que ce soit un continent?
Je n'insiste pas, d'aucuns pourraient n'être pas de mon avis, et,
m'adressant à des Français, il est de mon devoir de dorloter leurs
préjugés.
C'est donc un grand pays que j'habite, et il y a toute une intéressante
description à en faire.
D'abord les côtes: découpées, fignolées à l'infini. Partout la mer se brise
contre de hautes falaises qui tombent à pic dans les flots. Ce sont des
roches schisteuses, calcaires ou granitiques, et sur lesquelles la longue
patience de l'Océan semble s'être épuisée en vain. Nulle part aucun
témoignage de son instinct démolisseur: ni plages, ni galets roulés par
les vagues. Les ports sont formés de bassins mis en communication par
une brèche avec l'extérieur. Presque jamais une forme arrondie
s'évanouissant sous les flots. Aussi le flux et le reflux sont-ils
imperceptibles.
Je vous ai dit que de nombreuses baies et quantité de havres dentelaient
les côtes de l'île sur toute leur étendue. Le pays n'est guère connu que
dans une zone avoisinante du rivage. Peu de gens ont traversé
Terre-Neuve: trois ou quatre. D'après ce que j'ai ouï dire, et d'après mes
propres observations aux environs de Saint-Jean, le sol est en grande
partie occupé par des tourbières,
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