Sainte-Marie-des-Fleurs

René Boylesve
Sainte-Marie-des-Fleurs, by René
Boylesve

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Title: Sainte-Marie-des-Fleurs Roman
Author: René Boylesve
Release Date: August 3, 2006 [EBook #18983]
Language: French
Character set encoding: ISO-8859-1
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SAINTE-MARIE-DES-FLEURS ***

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RENÉ BOYLESVE

SAINTE-MARIE-DES-FLEURS
ROMAN
PARIS
PAUL OLLENDORFF, ÉDITEUR
28 bis, RUE DE RICHELIEU, 28 bis
1897
Tous droits de traduction et de reproduction réservés pour tous les pays,
y compris la Suède et la Norvège.
S'adresser pour traiter, à M. PAUL OLLENDORFF, éditeur, 28 bis, rue
de Richelieu, Paris.
IL A ÉTÉ TIRÉ A PART
DIX EXEMPLAIRES SUR PAPIER DE HOLLANDE
NUMÉROTÉS A LA PRESSE
* * * * *
A MAURICE BARRÈS
En témoignage du profond plaisir que j'ai eu à connaître sa belle
sensibilité.
R. B.
* * * * *
Il faut avertir le lecteur que c'est ici un livre où le coeur se donne,
franchement, absolument.
Que ceux qui n'apprécient les romans contemporains que dans la

mesure où ils contiennent ce que l'on est convenu d'appeler la
«rosserie» ou la «veulerie» parisiennes, s'abstiennent de feuilleter plus
loin.
Grâce à Dieu, il y a encore, à côté ou au-dessous même de ces moeurs
de polichinelles--plus à la mode, d'ailleurs, que réelles,--une aptitude
française à sentir, à aimer, à jouir et à souffrir en hommes.
Cette heureuse disposition n'est pas si banale! Rassurons les délicats
qui pourraient craindre qu'en s'en inspirant l'écrivain se condamnât à
la peinture de la vie commune ou médiocre.
Ce n'est pas en feignant de n'être plus des hommes, que l'on se
singularise et s'élève, mais en accentuant en soi le caractère
d'humanité. Seule, l'excessive passion a la vertu de nous rendre
exceptionnels sans nous ridiculiser; elle fait de nous des héros, non des
monstres. Les créations romanesques peuvent se passer de la marque
de généralité qui est le propre de certains types moyens, pourvu
qu'elles restent scrupuleusement soumises à la marque de vérité qui fait
le Roman.
R. B.
* * * * *
«Je t'aime tant aujourd'hui, je suis tellement dévoué que j'ai besoin de
l'écrire, ne pouvant le dire à personne...»
STENDAHL.
«Je me fais quelquefois un rêve d'Élysée; chacun de nous va rejoindre
son groupe chéri auquel il se rattache, et retrouver ceux à qui il
ressemble: mon groupe à moi, mon groupe secret est celui de ceux qui
sont tristes, mystérieux et rêveurs jusqu'au sein du plaisir, et pâles à
jamais sous une volupté attendrie.»
SAINTE-BEUVE.

«Hertzblut ist dabei.» (Le sang du coeur est là.)
Lettres de SCHUMANN.
* * * * *

I
Ce fut sur la plage du Lido, à Venise, que je rencontrai pour la
troisième fois la jeune fille que le destin, évidemment, s'entêtait à
placer sous mes pas. Elle avait fait une vive impression sur moi,
quelques semaines auparavant, à Florence, devant la porte de l'église
Sainte-Marie-des-Fleurs, où je l'avais entendue envoyer promener d'une
voix nette et décidée les guides innombrables qui importunent les
étrangers de leurs bons offices. Elle leur avait jeté un «allez-vous-en!»
si impatienté et si colère que je n'avais pu m'empêcher de sourire, en
passant près d'elle à ce moment. Elle s'en était aperçue et avait rougi. Je
l'avais revue dans un magasin de photographies. Elle feuilletait des
Botticelli et soulevait de l'ongle les planches qui lui plaisaient en disant:
«J'aime ça... j'aime ça...» Elle n'avait pas paru me reconnaître. Mais
depuis lors, je pensais souvent à elle et j'avais l'espoir de la retrouver. A
part moi, je l'appelais «ma petite Sainte-Marie-des-Fleurs.»
Il y avait une grande heure qu'elle marchait toute seule sur les longs
sables de la plage de Venise. A chaque tour, elle s'arrêtait un instant à
parler à sa famille réunie en groupe, sur des pliants; puis elle reprenait
sa promenade. J'étais assis contre la pente de la digue qui longe ce
rivage sans fin, et je ne me lassais pas de la voir aller et venir en
imprimant sur le sol humide la marque de ses pieds finement chaussés
et le bout de son ombrelle. Elle portait une robe écossaise qui ne me
plaisait point. Je remarquai qu'elle avait le nez un peu fort, et ses yeux,
d'une teinte grise, me parurent trop grands. Je ne me rendais pas compte
de ce qui me séduisait en elle. J'étais plutôt porté à ne la pas trouver
bien,
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