Poil De Carotte

Jules Renard
Poil De Carotte, by Jules Renard

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Title: Poil De Carotte
Author: Jules Renard
Release Date: October, 2003 [EBook #4559] [This file was first posted
on February 17, 2003] [Most recently updated: February 17, 2003]
Edition: 11

Language: French
Character set encoding: Latin1
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CAROTTE ***

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Poil de Carotte
par Jules Renard

Les Poules
--Je parie, dit madame Lepic, qu'Honorine a encore oublié de fermer les
poules.
C'est vrai. On peut s'en assurer par la fenêtre. Là-bas, tout au fond de la
grande cour, le petit toit aux poules découpe, dans la nuit, le carré noir
de sa porte ouverte.
--Félix, si tu allais les fermer? dit madame Lepic à l'aîné de ses trois
enfants.
--Je ne suis pas ici pour m'occuper des poules, dit Félix, garçon pâle,
indolent et poltron.

--Et toi, Ernestine?
--Oh! Moi, maman, j'aurais trop peur!
Grand frère Félix et soeur Ernestine lèvent à peine la tête pour répondre.
Ils lisent, très intéressés, les coudes sur la table, presque front contre
front.
--Dieu, que je suis bête! Dit madame Lepic. Je n'y pensais plus. Poil de
Carotte, va fermer les poules! Elle donne ce petit nom d'amour à son
dernier né, parce qu'il a les cheveux roux et la peau tachée. Poil de
Carotte, qui joue à rien sous la table, se dresse et dit avec timidité:
--Mais, maman, j'ai peur aussi, moi.
--Comment? Répond madame Lepic, un grand gars comme toi! C'est
pour rire. Dépêchez-vous, s'il te plaît!
--On le connaît; il est hardi comme un bouc, dit sa soeur Ernestine.
--Il ne craint rien ni personne, dit Félix, son grand frère.
Ces compliments enorgueillissent Poil de Carotte, et, honteux d'en être
indigne, il lutte déjà contre sa couardise. Pour l'encourager
définitivement, sa mère lui promet une gifle.
--Au moins, éclairez-moi, dit-il.
Madame Lepic hausse les épaules, Félix sourit avec mépris. Seule
pitoyable, Ernestine prend une bougie et accompagne petit frère
jusqu'au bout du corridor.
--Je t'attendrai là, dit-elle.
Mais elle s'enfuit tout de suite, terrifiée, parce qu'un fort coup de vent
fait vaciller la lumière et l'éteint.
Poil de Carotte, les fesses collées, les talons plantés, se met à trembler
dans les ténèbres. Elles sont si épaisses qu'il se croit aveugle. Parfois

une rafale l'enveloppe, comme un drap glacé, pour l'emporter. Des
renards, des loups même, ne lui soufflent-ils pas dans ses doigts, sur sa
joue? Le mieux est de se précipiter, au juger, vers les poules, la tête en
avant, afin de trouer l'ombre. Tâtonnant, il saisit le crochet de la porte.
Au bruit de ses pas, les poules effarées s'agitent en gloussant sur leur
perchoir. Poil de Carotte leur crie:
--Taisez-vous donc, c'est moi!
Ferme la porte et se sauve, les jambes, les bras comme ailés. Quand il
rentre, haletant, fier de lui, dans la chaleur et la lumière, il lui semble
qu'il échange des loques pesantes de boue et de pluie contre un
vêtement neuf et léger. Il sourit, se tient droit, dans son orgueil, attend
les félicitations, et maintenant hors de danger, cherche sur le visage de
ses parents la trace des inquiétudes qu'ils ont eues.
Mais grand frère Félix et soeur Ernestine continuent tranquillement leur
lecture, et madame Lepic lui dit, de sa voix naturelle:
--Poil de Carotte, tu iras les fermer tous les soirs.

Les Perdrix
Comme à l'ordinaire, M. Lepic vide sur la table sa carnassière. Elle
contient deux perdrix. Grand frère Félix les inscrit sur une ardoise
pendue au mur. C'est sa fonction. Chacun des enfants a la sienne. Soeur
Ernestine dépouille et plume le gibier. Quant à Poil de Carotte, il est
spécialement chargé d'achever les pièces blessées. Il doit ce privilège à
la dureté bien connue de son
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