somnifère, noctambule, visqueux, phoque parlant, 
équivoque, poitrinaire, spasmodique, aphrodisiaque, anémique, borgne, 
hermaphrodite, bâtard, albinos, pédéraste, phénomène d'aquarium et 
femme à barbe, les heures soûles du découragement taciturne, les 
fantaisies, les Acrotés, les monstres, les syllogismes démoralisateurs, 
les ordures, ce qui ne réfléchit pas comme l'enfant, la désolation, ce 
mancenillier intellectuel, les chancres parfumés, les cuisses aux 
camélias, la culpabilité d'un écrivain qui roule sur la pente du néant et 
se méprise lui-même avec des cris joyeux, les remords, les hypocrisies, 
les perspectives vagues qui vous broient dans leurs engrenages 
imperceptibles, les crachats sérieux sur les axiomes sacrés, la vermine 
et ses chatouillements insinuants, les préfaces insensées, comme celles 
de Cromwell, de Mlle de Maupin et de Dumas fils, les 
caducités, les impuissances, les blasphèmes, les asphyxies, les 
étouffements, les rages,--devant ces charniers immondes, que je rougis 
de nommer, il est temps de réagir enfin contre ce qui nous choque et 
nous courbe si souverainement. 
Votre esprit est entraîné perpétuellement hors de ses gonds, et surpris 
dans le piège de ténèbres construit avec un art grossier par l'égoïsme et 
l'amour-propre. 
Le goût est la qualité fondamentale qui résume toutes les autres qualités. 
C'est le nec plus ultra de l'intelligence. Ce n'est que par lui seul que le 
génie est la santé suprême et l'équilibre de toutes les facultés. Villemain 
est trente-quatre fois plus intelligent qu'Eugène Sue et Frédéric Soulié. 
Sa préface du _Dictionnaire de l'Académie_ verra la mort des romans
de Walter Scott, de Fenimore Cooper, de tous les romans possibles et 
imaginables. Le roman est un genre faux, parce qu'il décrit les passions 
pour elles-mêmes: la conclusion morale est absente. Décrire les 
passions n'est rien; il suffit de naître un peu chacal, un peu vautour, un 
peu panthère. Nous n'y tenons pas. Les décrire, pour les soumettre à 
une haute moralité, comme Corneille, est autre chose. Celui qui 
s'abstiendra de faire la première choses tout en restant capable 
d'admirer et de comprendre ceux à qui il est donné de faire la deuxième, 
surpasse, de toute la supériorité des vertus sur les vices, celui qui fait la 
première. 
Par cela seul qu'un professeur de seconde se dit: «Quand on me 
donnerait tous les trésors de l'univers, je ne voudrais pas avoir fait des 
romans pareils à ceux de Balzac et d'Alexandre Dumas,» par cela seul, 
il est plus intelligent qu'Alexandre Dumas et Balzac. Par cela seul qu'un 
élève de troisième s'est pénétré qu'il ne faut pas chanter les difformités 
physiques et intellectuelles, par cela seul, il est plus fort, plus capable, 
plus intelligent que Victor Hugo, s'il n'avait fait que des romans, des 
drames et des lettres. 
Alexandre Dumas fils ne fera jamais, au grand jamais, un discours de 
distribution des prix pour un lycée. Il ne connaît pas ce que c'est que la 
morale. Elle ne transige pas. S'il le faisait, il devrait auparavant biffer 
d'un trait de plume tout ce qu'il a écrit jusqu'ici, en commençant par ses 
Préfaces absurdes. Réunissez un jury d'hommes compétents: je soutiens 
qu'un bon élève de seconde est plus fort que lui dans n'importe quoi, 
même dans la même dans la sale question des courtisanes. 
Les chefs-d'oeuvre de la langue française sont les discours de 
distribution pour les lycées, et les discours académiques. En effet, 
l'instruction de la jeunesse est peut-être la plus belle expression 
pratique du devoir, et une bonne appréciation des ouvrages de Voltaire 
(creusez le mot appréciation) est préférable à ces ouvrages 
eux-mêmes.--Naturellement! 
Les meilleurs auteurs de romans et de drames dénatureraient à la 
longue la fameuse idée du bien, si les corps enseignants, conservatoires 
du juste, ne retenaient les générations jeunes et vieilles dans la voie de
l'honnêteté et du travail. 
En son nom personnel, malgré elle, il le faut, je viens renier, avec une 
volonté indomptable, et une ténacité de fer, le passé hideux de 
l'humanité pleurarde. Oui: je veux proclamer le beau sur une lyre d'or, 
défalcation faite des tristesses goîtreuses et des fiertés stupides qui 
décomposent, à sa source, la poésie marécageuse de ce siècle. C'est 
avec les pieds que je foulerai les stances aigres du scepticisme, qui 
n'ont pas leur motif d'être. Le jugement, une fois entré dans 
l'efflorescence de son énergie, impérieux et résolu, sans balancer une 
seconde dans les incertitudes dérisoires d'une pitié mal placée, comme 
un procureur général, fatidiquement, les condamne. Il faut veiller sans 
relâche sur les insomnies purulentes et les cauchemars atrabilaires. Je 
méprise et j'exècre l'orgueil, et les voluptés infâmes d'une ironie, faite 
éteignoir, qui déplace la justesse de la pensée. 
Quelques caractères, excessivement intelligents, il n'y a pas lieu que 
vous l'infirmiez par des palinodies d'un goût douteux, se sont jetés, à 
tête perdue, dans les bras du mal. C'est l'absinthe, savoureuse, je ne le 
crois pas, mais, nuisible, qui tua moralement l'auteur de Rolla. Malheur 
à ceux qui sont gourmands!    
    
		
	
	
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