mourait avant que ses fils ou descendants en ligne directe fussent assez 
âgés pour prendre le maniement des affaires, on élirait à leur place le 
plus proche parent du roi défunt. Mais Duncan ayant désigné, avant 
l'âge, son fils Malcolm pour prince de Cumberland et son successeur au 
trône, Macbeth, qui vit par là ses espérances renversées, se crut en droit 
de venger l'injustice qu'il éprouvait. Il y était d'ailleurs sans cesse excité 
par Caithness, sa femme, qui, brûlant du désir de se voir reine, «et 
impatiente de tout délai, dit Boèce, comme le sont toutes les femmes,» 
ne cessait de lui reprocher son manque de courage. Macbeth ayant donc 
assemblé à Inverness, d'autres disent à Botgsvane, un grand nombre de
ses amis auxquels il fit part de son projet, tua Duncan, et se rendit avec 
son parti à Scone, où il se mit sans difficulté en possession de la 
couronne. 
La chronique de Hollinshed rapporte sans aucun détail le meurtre de 
Duncan. Les incidents qu'a mis en scène Shakspeare sont tirés d'une 
autre partie de cette même chronique concernant le meurtre du roi 
Duffe, assassiné, plus de soixante ans auparavant, par un seigneur 
écossais nommé Donwald. Voici les circonstances de ce meurtre telles 
que les rapporte la chronique. 
Duffe s'était montré, dès le commencement de son règne, très-occupé 
de protéger le peuple contre les malfaiteurs et «personnes oisives qui ne 
voulaient vivre que sur les biens des autres.» Il en fit exécuter plusieurs, 
força les autres à se retirer en Irlande ou bien à apprendre quelque 
métier pour vivre. Bien qu'ils ne tinssent, à ce qu'il paraît, à la haute 
noblesse d'Écosse que par des degrés assez «éloignés, les nobles, dit la 
chronique, furent très-offensés de cette extrême rigueur, regardant 
comme un déshonneur, pour des gens descendus de noble parentage, 
d'être contraints de gagner leur vie par le travail de leurs mains, ce qui 
n'appartient qu'aux hommes de la glèbe et autres de la basse classe, nés 
pour travailler à nourrir la noblesse et pour obéir à ses ordres.» Le roi 
fut, en conséquence, regardé par eux comme ennemi des nobles et 
indigne de les gouverner, étant, disaient-ils, uniquement dévoué aux 
intérêts du peuple et du clergé, qui faisaient, en ce temps, cause 
commune contre l'oppression des grands seigneurs. Le mécontentement 
s'accroissant tous les jours, il s'éleva plusieurs révoltes, dans l'une 
desquelles entrèrent quelques jeunes gentilshommes, parents de 
Donwald, lieutenant pour le roi du château de Fores. Ces jeunes gens 
furent pris, et Donwald, qui jusqu'alors avait servi fidèlement et 
utilement le roi, se flatta d'obtenir leur grâce; mais n'ayant pu y 
parvenir, il en conçut un violent ressentiment. Sa femme, que des 
causes pareilles irritaient contre le roi, n'épargna rien pour l'aigrir et lui 
fit comprendre combien il lui serait facile de se venger lorsque Duffe 
viendrait, comme cela lui arrivait souvent, loger à Fores, sans autre 
garde que la garnison du château, qui était entièrement à leur dévotion, 
et elle lui en indiqua tous les moyens. 
Duffe étant venu peu de temps après à Fores, la veille de son départ, 
lorsqu'il se fut couché après avoir prié Dieu beaucoup plus tard qu'à
l'ordinaire, Donwald et sa femme se mirent à table avec les deux 
chambellans, dont ils avaient préparé avec soin «l'arrière-souper ou 
collation,» et les enivrèrent si bien qu'ils les firent tomber dans un 
sommeil léthargique. Alors Donwald, «quoique dans son coeur il 
abhorrât cette action,» excité par sa femme, appela quatre de ses 
domestiques instruits de son projet, et qu'il avait séduits par des 
présents. Ils entrèrent dans la chambre de Duffe, le tuèrent, emportèrent 
son corps hors du château par une poterne, et, le mettant sur un cheval 
préparé à cet effet, le transportèrent à deux milles de là, près d'une 
petite rivière qu'ils détournèrent avec l'aide de quelques paysans; puis, 
creusant une fosse dans le fond du lit de la rivière, ils y enterrèrent le 
cadavre et firent repasser les eaux par-dessus, dans la crainte que s'il 
venait à être découvert, ses blessures ne saignassent lorsque Donwald 
en approcherait, et ne le fissent ainsi reconnaître comme l'auteur du 
meurtre. Donwald, pendant ce temps, avait eu soin de se tenir parmi 
ceux qui faisaient la garde, et qu'il ne quitta pas pendant le reste de la 
nuit. Les circonstances subséquentes, relatives au meurtre des deux 
chambellans, sont telles que Shakspeare les a représentées dans 
Macbeth. Il en est de même des prodiges qu'il rapporte et qui eurent 
lieu à la mort de Duffe. Le soleil ne parut point durant six mois, jusqu'à 
ce qu'enfin les meurtriers ayant été découverts et exécutés, il brilla de 
nouveau sur la terre, et les champs se couvrirent de fleurs, bien que ce 
ne fût pas la saison. 
Pour revenir à Macbeth, les dix premières années de son règne furent 
signalées    
    
		
	
	
	Continue reading on your phone by scaning this QR Code
 
	 	
	
	
	    Tip: The current page has been bookmarked automatically. If you wish to continue reading later, just open the 
Dertz Homepage, and click on the 'continue reading' link at the bottom of the page.
	    
	    
