ces armes furent amenés 
devant elles, et on en fit la distribution. L'artillerie n'avait reçu que la 
veille dans la nuit l'ordre de délivrer ces fusils; à cette heure, le sort de 
Paris ne paraissait plus douteux. Le ministre de la guerre surtout ne 
dissimulait pas qu'il regardait la capitale comme perdue. Pourquoi donc 
ne pas ouvrir alors les arsenaux à la population, ne pas lui abandonner 
tout ce qu'ils contenaient, puisqu'on ne pouvait pas empêcher ces armes 
de tomber dans les mains des ennemis? 
À la pointe du jour, le prince Joseph s'était établi à Montmartre, et avait 
fait prévenir les membres du conseil de défense de venir le joindre. J'y 
étais appelé, je m'y rendis un des premiers. Le tambour battait de tous 
côtés dans Paris; les citoyens s'assemblaient, le dévouement était 
général dans les faubourgs. Lorsque j'arrivai à Montmartre, je ne fus 
pas peu surpris de n'y voir aucune disposition de défense; on y avait 
grimpé deux ou trois pièces de campagne, et il y en avait deux cents 
dans le Champ-de-Mars, que l'on aurait pu transporter sur n'importe 
quel point de Paris avec les chevaux de carrosses de cette capitale. Le 
ministre de la guerre n'avait qu'un mot à dire, il ne le dit pas; rien ne fut 
disposé pour la défense, les plateformes n'étaient pas même ébauchées; 
il n'y avait pas une esplanade de faite pour mettre du canon en batterie. 
Bien plus, Montmartre était sans troupes; la garde nationale fut obligée 
de l'occuper. Le moment où sa présence aurait pu y être utile était celui 
où elle recevait les quatre mille fusils que l'on avait eu tant de peine à 
arracher des arsenaux. 
L'ennemi, dont le plan était arrêté, avait développé tous ses moyens. Il 
faisait des progrès rapides sur les hauteurs de Belleville et de 
Ménilmontant, où on n'avait pas à lui opposer le quart des troupes qu'il 
avait déployées sur ce point. 
Les membres qui devaient composer le conseil de défense n'étaient pas 
arrivés; le prince Joseph m'engagea à aller moi-même voir ce qui se 
passait sur le point où l'attaque paraissait s'échauffer, et revenir lui 
rendre compte de ce que j'aurais vu. Je m'y rendis par l'extérieur de la
muraille d'enceinte. Déjà nos troupes commençaient à céder; elles se 
défendaient cependant avec courage, et cela était d'autant plus méritoire, 
que l'issue du combat ne pouvait pas devenir favorable. 
Un autre incident qui survint contribua encore à aggraver leur position: 
les deux maréchaux furent obligés de se rendre au conseil de défense; 
pendant qu'ils se transportaient des hauteurs de Ménilmontant à celles 
de Montmartre, les ennemis, qui étaient déjà si nombreux, avaient 
encore l'avantage de n'avoir pas affaire à ceux qui étaient 
personnellement chargés du commandement. 
Le conseil était composé du ministre de la guerre, des deux maréchaux, 
du commandant de Paris avec quelques autres officiers-généraux. Il lui 
arrivait à chaque instant les nouvelles les plus fâcheuses; il voyait, du 
point où il était, les troupes ennemies qui couvraient la plaine entre 
Saint-Denis et la capitale. Les chefs de corps, revenus à leur poste, 
donnèrent cependant à la défense un élan qui imposa quelque temps 
aux alliés. Mais ceux-ci recevaient incessamment de nouveaux renforts, 
le soleil n'était pas aux deux tiers de sa course. Une plus longue 
résistance fut jugée impossible. Marmont fit connaître ce fâcheux état 
de choses à Joseph, qui lui répondit par le billet suivant: 
«Paris, le 30 mars 1814. 
«Si M. le maréchal duc de Trévise et M. le maréchal duc de Raguse ne 
peuvent plus tenir leurs positions, ils sont autorisés à entrer en 
pourparlers avec le prince de Schwartzenberg et l'empereur de Russie, 
qui sont devant eux. 
«Signé JOSEPH. 
«Montmartre, à midi un quart. 
«Ils se retireront sur la Loire.» 
Marmont se mit alors en communication avec l'ennemi. Ses 
parlementaires, accueillis à coups de fusil sur la route de Belleville, 
furent mieux reçus sur celle de la Villette. Ils furent admis, annoncèrent
que le maréchal était autorisé à traiter, et demandèrent une suspension 
d'armes, qui fut accordée. 
Au moment où ces choses se passaient à Belleville, le général Dejean 
arrivait à Paris avec des dépêches de l'empereur. Ce prince se trouvait 
aux alentours d'Arcis-sur-Aube, lorsqu'il apprit la marche des alliés sur 
la capitale. Il entrevit de suite les fatales conséquences que ce 
mouvement pouvait avoir; il chargea le colonel Gourgaud d'aller en 
toute hâte s'emparer des ponts de Troyes, d'expédier de cette ville un 
courrier qui annonçât au ministre de la guerre que l'armée accourait au 
secours. Le colonel Gourgaud n'était pas arrivé à Troyes, qu'il y fut 
joint par le général Dejean, dépêché directement à Paris. La poste 
manquait de chevaux; Gourgaud donna celui qu'il était parvenu à se 
procurer, et Dejean poursuivit sa route. Il arrive au moment où l'attaque 
est la plus vive, descend chez    
    
		
	
	
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