ait donné lieu aux réclamations consignées dans les 
cahiers de quelques Provinces. 
Les particuliers, à qui la perception de ce droit a dû paroître onéreuse, 
l'ont considérée comme une inquisition vexatoire qui gênoit la liberté, 
& n'ont pas fait attention qu'ils devoient y être étrangers, le loueur seul 
étant assujetti & devant se conformer aux réglemens rendus à cet égard, 
& le soin d'un voyageur pouvant se borner à s'assurer que celui qui le 
conduit a satisfait à la loi, pour s'éviter à lui-même le désagrément de se 
voir arrêté en route, & être le témoin de procès-verbaux, qui, dans tous 
les cas, sont à la charge du loueur. L'on ne se dissimule pas l'objection
qui se présente d'elle-même, qui est, que le loueur étant tenu d'acquitter 
le tiers du prix fixé par le tarif de la place qu'auroit occupée le voyageur 
dans la voiture publique qui fait le service de la route qu'il parcourt, il 
doit trouver son dédommagement dans l'augmentation de prix qu'il 
exige du particulier pour le conduire, & qu'alors c'est sur ce dernier 
qu'en retombe la charge; mais on peut répondre: 
[En marge: Nécessité de maintenir le droit de permis.] 
1°. Qu'on ne croit pas possible (en supposant la suppression du droit de 
permis) de maintenir un service régulier de Messageries dans le 
Royaume, même sans l'assujettissement à un prix de bail quelconque, 
& la raison en est que la concurrence illimitée qui s'établiroit 
nécessairement, mettroit tout le désavantage du côté de celui qui ne 
pouvant pas se soustraire au réglement, seroit tenu de l'entretenir d'un 
nombre déterminé de chevaux & de voitures, & de partir & arriver à 
jours & heures fixes, tandis que le loueur pouvant, au gré de son intérêt, 
étendre ou resserrer ses spéculations, ne partir que lorsqu'il seroit dans 
le cas de faire un voyage utile, se porter aux lieux qui favoriseroient le 
mieux son industrie, retireroit seul tout l'avantage de cette concurrence, 
& telle seroit probablement la suite de cette liberté générale, que les 
Messageries dégoûtées d'un service ruineux, demanderoient à être 
déchargées d'une obligation onéreuse, & qu'alors les loueurs, maîtres 
du champ de bataille, exempts de tout assujettissement aux réglements 
& au tarif, s'entendant entr'eux sur les routes qu'ils fréquenteroient, 
imposeroient au Public des conditions arbitraires & abusives. 
L'expérience démontre cet état de choses en Provence, où il n'est pas 
rare de voir que les voituriers exigent au moment des besoins, jusqu'à 
24 liv. par personne, pour faire 12 à 15 lieues. 
2°. L'on peut répondre en second lieu, que s'il résulte du droit de permis 
l'inconvénient d'une augmentation de frais pour celui qui prend la voye 
des loueurs, il peut en trouver le dédommagement dans l'avantage & les 
facilités que lui présentera dans plusieurs occasions l'établissement du 
service régulier des Messageries, & en supposant tel particulier qui ne 
fut jamais dans le cas d'y avoir recours, l'intérêt de quelques individus 
isolés doit-il entrer en balance avec celui de la majeure partie des
habitants d'un royaume? C'est un sacrifice qu'il fait alors au bien 
commun & qui l'assure de sa participation aux mêmes avantages s'il se 
trouvoit dans le cas d'en faire usage. 
On a conçu le projet d'un réglement général qui pareroit aux 
inconvéniens des interprétations différentes des arrêts, réglements & 
ordonnances rendus sur le fait des Messageries; il en préviendroit les 
abus en simplifiant les loix & éclaireroit sur les obligations des 
Fermiers & du Public. 
Si l'abandon du droit de permis n'entraînoit qu'une diminution plus ou 
moins sensible dans le produit des Messageries, il n'est point 
d'administration ou de Fermier qui ne se fît un devoir d'aller au devant 
des voeux énoncés à cet égard par quelques Provinces; mais, comme on 
l'a déja dit, & comme doit le faire préjuger l'expérience de ceux qui 
sont dévoués à cette partie d'administration, ce droit anéanti, il n'existe 
plus de base, plus de balance entre les moyens libres des loueurs & 
ceux obligés des Messageries. 
Si donc on ne peut pas sans danger, non seulement pour les finances du 
Roy, mais même pour la sûreté de la continuation d'un établissement 
utile, proposer l'anéantissement de cette perception, l'on doit se borner à 
chercher les modifications & les moyens possibles de la rendre moins 
gênante & moins sévère, & l'on soumet ceux-ci, quoique incertains s'ils 
seront capables de remplir ce but. 
[En marge: Quelques modifications qui pourroient être apportées sur la 
perception du droit de permis.] 
L'intérêt pécuniaire a quelque part aux réclamations qui se sont élevées 
contre le droit de permis; il n'est pas douteux qu'elles n'aient été 
provoquées plus puissamment encore par les désagrémens qu'éprouvent 
souvent les voyageurs, qui, dans l'ignorance des réglemens, & ne 
connoissant que le marché qu'ils ont fait avec le loueur, se voient 
arrêtés dans leur course par les préposés à la conservation du droit, se 
trouvent    
    
		
	
	
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