ont prospéré sous 
des fermiers. 
Ils demandent en conséquence qu'elles soient données à l'entreprise, et 
que le Directoire nomme un commissaire pour en surveiller les 
opérations. 
C'est principalement ces propositions que je vais m'attacher à combattre, 
persuadé qu'elles sont dangereuses pour la sûreté d'une branche du 
revenu national, et pour celle d'un service auquel sont liées l'action du 
gouvernement, l'activité du commerce et la correspondance des 
citoyens. 
Ce projet a dû trouver beaucoup d'approbateurs, 1º. parce qu'il tend à 
enrichir des hommes aux dépens de la République, et qu'un grand 
nombre espère en profiter; 2º. parce qu'il tend à récréer la place 
d'intendant-général des postes, emploi important auquel on aspire; 3º. 
parce qu'il retire des anciennes institutions de l'oubli, et qu'encore, pour 
beaucoup de Français, tout est mauvais, si c'est nouveau; rien n'est bon 
que ce qui est calqué sur les formes de l'ancien régime; 4º. enfin parce 
qu'il flatte la haine et l'envie qui voient dans son exécution des hommes 
à renverser, des fonctionnaires à calomnier. 
Les postes aux lettres viennent d'être onéreuses à l'état. La dépense 
générale a été portée jusqu'au moment où le nouveau tarif du 6
messidor a été suivi, à la somme de 21 millions mandats ou environ. 
Comment s'en étonnera-t-on, lorsque l'on veut se rappeler que, d'un 
côté, cette dépense augmentoit chaque jour, par le discrédit des 
assignats, par la cherté des denrées, par la rareté des chevaux, par des 
créations nombreuses d'employés que nécessitoient la guerre, des 
travaux différens, ou de fréquentes organisations de l'administration 
tantôt divisée en agences, tantôt réunie sous une forme nouvelle; et que, 
d'un autre côté, la recette diminuoit chaque jour par le même discrédit 
des assignats, par un abus extraordinaire des contre-seings et franchises 
dont jouissoient, pour eux et pour les personnes de leur connoissance, 
les membres de la convention, les bureaux des comités, douze 
commissions exécutives et les milliers d'agences qui en dépendoient, et 
les corps administratifs, etc. 
Si les perceptions se faisoient en assignats valeur nominale, et si les 
frais de régie se payoient en papier au cours, et enfin s'il étoit 
impossible d'élever le tarif des lettres et le prix des courses des chevaux 
des postes assez haut pour égaler la recette à la dépense, n'a-t-il pas 
fallu nécessairement que le gouvernement fit des sacrifices pour que le 
service fut maintenu? Comment peut-on les blâmer? Croit-on que des 
fermiers, dans les momens difficiles d'où nous sortons, eussent pu 
soutenir les postes, et n'eussent pas été contraints d'avoir recours à la 
générosité et aux secours du gouvernement? 
Loin donc de se plaindre des dépenses extraordinaires que les 
circonstances seules ont occasionné, on doit se féliciter de ce que les 
postes existent encore. 
Et quand bien même, je le suppose, la forme de régie simple sous 
laquelle elles ont été administrées eut contribué à aggraver ces 
dépenses, il en résulteroit seulement qu'elles ne doivent plus être 
soumises à ce régime, mais cela ne prouveroit pas plus en faveur du 
système de la ferme, que contre celui de la régie intéressée. 
Les postes, dit-on, étoient florissantes sous des fermiers. On entend 
sans doute que le service se faisoit avec facilité, et que les produits 
étoient clairs et considérables; mais à quelle époque? Dans un temps où 
les relais étoient bien montés, les chevaux moins rares, le travail des
postes aux lettres moins compliqué; dans un temps où les directeurs des 
postes et les maîtres des relais jouissoient d'exemptions et priviléges 
qui favorisoient leur industrie; dans un temps où le numéraire sembloit 
rouler de lui-même dans toute la France: aujourd'hui le contraire existe. 
Qu'on cesse donc de parler de l'ancien état des choses, et de vouloir 
comparer le présent au passé. 
Je demande aux partisans de la ferme d'après quelles bases pourroit 
partir le Directoire pour fixer, dans ce moment, le prix d'un bail des 
postes. 
Seroit-ce d'après la recette actuelle? Non, la dépense l'égale. Seroit-ce 
d'après les produits anciens; celui par exemple de 1790, où elles ont 
donné net plus de 10 millions? Mais cette règle ne seroit pas juste. 
Si on l'adopte (après avoir préalablement réformé le tarif, les 
contre-seings et franchises), et si la guerre continue, on verra la 
nouvelle compagnie fermière ne pouvoir pas tenir ses promesses, et de 
quelque clause renonciative qu'elle soit liée, soutenir qu'à l'impossible 
nul n'est tenu, réclamer indemnité sur indemnité, ou bien se ruiner et 
compromettre le service. Si la paix se fait, la compagnie s'enrichira au 
détriment d'une branche importante d'imposition; car d'abord elle aura 
profité des circonstances épineuses où nous sommes pour obtenir aux 
meilleures conditions et son bail, qui est le point le plus intéressant, et 
le mobilier énorme qui est nécessaire à l'exploitation, et ensuite elle 
jouira, pendant tout le cours de son engagement, des bienfaits 
inappréciables de la paix par la diminution du prix des denrées, des    
    
		
	
	
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