passagers plaisirs 
auxquels l'homme s'adonne, 
Et qui font son malheur;
Il quitte sans regret amis, parents richesses;
Son coeur--brûlant foyer des pures allégresses-- 
Palpite avec ardeur! 
Ses mains que pressiez jadis avec tendresse,
Toucheront désormais, 
durant la sainte messe, 
Le corps, le sang de Dieu;
Ses pieds qu'avec amour vous baisiez dans 
les langes
Serviront à porter l'auguste pains des anges
Aux mortels, en tout lieu! 
Femme, vous n'aurez pas l'orgueil d'être grand'mère,
Mais votre fils 
unique aura, sur cette terre, 
Une postérité:
Elle renfermera le grand, le prolétaire;
Le vieillard et 
l'enfant le nommeront «mon père», 
L'oeil brillant de fierté. 
Il sera prêtre! Aussi que de brebis errantes
Reprendront sous ses soins, 
heureuses, repentantes, 
La route du bercail;
Et que de malheureux, guidés par sa parole,
A 
son exemple, iront, de l'Équateur au Pôle, 
Achever son travail! 
Nouveau Vincent de Paul, cet homme charitable
Pressera sur son sein 
le pauvre misérable, 
Abandonné de tous;
Il lui prodiguera les plus grandes tendresses,
Et 
ce pauvre, touché, contera ses faiblesses 
En tombant à genoux! 
Puis, lorsque les méchants, le coeur rempli de rage
Maudiront, 
saliront de leur ignoble outrage 
L'apôtre du Seigneur,
Alors cet homme saint sentira dans son âme
Un amour plus ardent, une plus vive flamme 
Pour le faible pécheur? 
Il est consacré prêtre! Et vous, sa bonne mère,
Vous goûtez 
ardemment sa parole sincère, 
Pleine d'émotion.
Vous assistez tremblante, à la première messe
De
ce fils qui vous donne--ô sublime caresse!-- 
Sa bénédiction... 
Femme, allez maintenant à vos oeuvres pieuses,
Et lorsque sonneront 
les heures douloureuses, 
Pensez à votre enfant;
Pensez aux doux bienfaits qu'il sème sur la 
terre:
Ce souvenir sera le baume salutaire 
De votre coeur souffrant 
Juin 1879. 
LE FAUBOURG SAINT-ROCH 
Le vieux faubourg Saint-Roch s'incline sur le bord
De l'anse 
sablonneuse où le Saint-Charles endort 
Son flot bleu qui palpite;
C'est là que la vertu romaine vit toujours
Et que sa mâle voix--sa voix des anciens jours-- 
Parle à des coeurs d'élite! 
C'est là que Cartier vint, pour la première fois,
Ennoblir notre sol en y 
plantant la croix 
Sous l'ombrage des hêtres;
C'est là que sont empreints les pas des 
découvreurs,
C'est là qu'ont abordé nos vaillants laboureurs 
Avec nos premiers prêtres! 
C'est là d'où sont partis ces humbles conquérants
Qui portaient à 
travers forêts, monts et torrents 
La parole bénie
A l'enfant des déserts que la foi réclamait...
C'est 
enfin le berceau grandiose où germait
La noble colonie! 
J'aime ce vieux faubourg coquet et florissant,
Où le riche à sa table 
accueille le passant 
Qui demande une obole;
Car c'est là que s'exerce avec simplicité
La 
bienfaisante loi de l'hospitalité 
Qui ravit et console! 
Oui, je t'aime, ô Saint-Roch! A ton passé rêvant,
Parfois je crois ouïr 
un poème émouvant 
Dans la rumeur de l'onde
Où se mirent les toits de la fière cité
Dont 
l'immortel Champlain devina la beauté 
Qui charme le Vieux-Monde! 
Je t'aime! car je sais qu'à l'ombre de la croix
Vaillamment tu luttas 
pour défendre nos droits 
Contre le despotisme;
Et qu'en toi bat le coeur de notre nation;
O 
boulevard béni de la religion 
Et du patriotisme! 
Mai 1880. 
A LA BRISE 
Haleine du printemps, ô brise parfumée,
Errant de fleur en fleur, de 
vallon en vallon!
L'amoureux, pour ouïr ta roulade animée,
S'arrache sans regret aux plaisirs du salon. 
Il place sur ton aile, aimable messagère,
Ses longs soupirs d'amour, 
ses rêves de bonheur,
Et tu vas les porter à l'amante sincère
Qui, 
là-bas, les reçoit dans les plis de son coeur.
Que de fois le poète a redit sur sa lyre
Les gracieux accords qui 
vibraient dans ta voix,
Et que de fois l'oiseau dans un joyeux délire
S'est mis à les chanter sous les arceaux des bois! 
O brise enivre-moi longtemps de ton arôme!
Viens rafraîchir mon 
âme où germe la douleur!
Passe devant mes yeux comme un léger 
fantôme,
Et porte jusqu'à Dieu l'écho de mon malheur! 
Mai 1882. 
OCTAVE CRÉMAZIE 
                          Prions  pour  l'exilé,  qui, 
loin de sa patrie, 
                          Expira  sans  entendre  une 
parole amie; 
                          Isolé dans sa vie, isolé dans 
sa mort, 
                          Personne  ne  viendra  donner 
une prière, 
                          L'aumône  d'une  larme  à  la 
tombe étrangère! 
                        
    
		
	
	
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