prendre son parti de toutes les hontes; au point où il en est 
arrivé, il ne cherche même plus à les dissimuler. La vivacité avec 
laquelle il décrit à M. Brook ses souffrances dans le panier au linge sale 
n'est plus celle de Falstaff racontant ses exploits contre les voleurs de 
Gadshill, et se tirant ensuite si plaisamment d'affaire lorsqu'il est pris en 
mensonge. Le besoin de se vanter n'est plus un de ses premiers besoins; 
il lui faut de l'argent, avant tout de l'argent, et il ne sera 
convenablement châtié que par des inconvénients aussi réels que les 
avantages qu'il se promet. Ainsi le panier de linge sale, les coups de 
bâton de M. Ford, sont parfaitement adaptés au genre de prétentions qui 
attirent à Falstaff une correction pareille; mais bien qu'une telle 
aventure puisse, sans aucune difficulté, s'adapter au Falstaff des deux 
Henri IV, elle l'a pris dans une autre portion de sa vie et de son 
caractère; et si on l'introduisait entre les deux parties de l'action qui se 
continue dans les deux Henri IV, elle refroidirait l'imagination du 
spectateur, au point de détruire entièrement l'effet de la seconde. 
Bien que cette raison paraisse suffisante, on en pourrait trouver 
plusieurs autres pour justifier l'opinion de Johnson. Ce n'est cependant 
pas dans la chronologie qu'il faudrait les chercher. Ce serait une oeuvre 
impraticable que de prétendre accorder ensemble les diverses données 
chronologiques que, souvent dans la même pièce, il plaît à Shakspeare 
d'établir; et il est aussi impossible de trouver chronologiquement la 
place des Joyeuses Bourgeoises de Windsor entre Henri IV et Henri V, 
qu'entre les deux parties de Henri IV. Mais, dans cette dernière 
supposition, l'entrevue entre Shallow et Falstaff dans la seconde partie 
de Henri IV, le plaisir qu'éprouve Shallow à revoir Falstaff après une si 
longue séparation, la considération qu'il professe pour lui, et qui va 
jusqu'à lui prêter mille livres sterling, deviennent des invraisemblances
choquantes: ce n'est pas après la comédie des Joyeuses Bourgeoises de 
Windsor, que Shallow peut être attrapé par Falstaff. Nym, qu'on 
retrouve dans Henri V, n'est point compté dans la seconde partie de 
Henri IV, au nombre des gens de Falstaff. Il serait assez difficile, dans 
les deux suppositions, de se rendre compte du personnage de Quickly, 
si l'on ne supposait que c'est une autre Quickly un nom que Shakspeare 
a trouvé bon de rendre commun à toutes les entremetteuses. Celle de 
Henri IV est mariée; son nom n'est donc point un nom de fille; la 
Quickly des Joyeuses Bourgeoises ne l'est pas. 
Au reste, il serait superflu de chercher à établir d'une manière bien 
solide l'ordre historique de ces trois pièces; Shakspeare lui-même n'y a 
pas songé. On peut croire cependant que, dans l'incertitude qu'il a 
laissée à cet égard, il a voulu du moins qu'il ne fût pas tout à fait 
impossible de faire de ses Joyeuses Bourgeoises de Windsor la suite 
des Henri IV. Pressé à ce qu'il paraît par les ordres d'Élisabeth, il n'avait 
d'abord donné de cette comédie qu'une espèce d'ébauche qui fut 
cependant représentée pendant assez longtemps, telle qu'on la trouve 
dans les premières éditions de ses oeuvres, et qu'il n'a remise que 
plusieurs années après sous la forme où nous la voyons maintenant. 
Dans cette première pièce, Falstaff, au moment où il est dans la forêt, 
effrayé des bruits qui se font entendre de tous côtés, se demande si ce 
n'est pas ce libertin de prince de Galles qui vole les daims de son père. 
Cette supposition a été supprimée dans la comédie mise sous la 
seconde forme, lorsque le poëte voulut tâcher apparemment d'indiquer 
un ordre de faits un peu plus vraisemblable. Dans cette même pièce 
comme nous l'avons à présent, Page reproche à Fenton d'avoir été de la 
société du prince de Galles et de Poins. Du moins n'en est-il plus, et 
l'on peut supposer que le nom de Wild-Prince demeure encore pour 
désigner ce qu'a été le prince de Galles et ce que n'est plus Henri V. 
Quoi qu'il en soit, si la comédie des Joyeuses Bourgeoises offre un 
genre de comique moins relevé que la première partie de Henri IV, elle 
n'en est pas moins une des productions les plus divertissantes de cette 
gaieté d'esprit dont Shakspeare a fait preuve dans plusieurs de ses 
comédies. 
Plusieurs nouvelles peuvent se disputer l'honneur d'avoir fourni à
Shakspeare le fond de l'aventure sur laquelle repose l'intrigue des 
Joyeuses Bourgeoises de Windsor. C'est probablement aux mêmes 
sources que Molière aura emprunté celle de son École des Femmes; ce 
qui appartient à Shakspeare, c'est d'avoir fait servir la même intrigue à 
punir à la fois le mari jaloux et l'amoureux insolent. Il a ainsi donné à 
sa pièce, sauf la liberté de quelques expressions, une couleur beaucoup 
plus morale que celle des récits où il a    
    
		
	
	
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