venir te trouver pour une 
affaire qui l'intéresse. N'oublie pas de signer ta lettre: princesse 
Pacinska, ou Pacinskoff.
--Eh bien! quand j'aurai cette fille sous la main? 
--Je sais bien que tu auras envie de la mettre en pièces. Mais il faudra 
que tu aies le courage de lui sourire... 
A cet instant, le valet de chambre annonça la comtesse d'Oriac, une 
femme austère, qui ne riait plus, peut-être parce qu'elle avait trop ri. Sur 
quoi, Mme Hamilton salua et s'éloigna en toute hâte. 
--Pardonnez-moi, madame, dit Janina à la nouvelle venue, je cours 
après cette folle, car j'ai un mot à lui dire. 
La jeune mariée rejoignit Mme Hamilton, qui lui dit en quelques mots 
ce qu'elle devait faire à l'hôtel du Louvre. 
--Tu es toquée, dit Janina en éclatant de rire pour cacher ses larmes. 
II 
Ce qui n'empêcha pas Janina d'aller à l'hôtel du Louvre. 
C'est là que se passe la seconde scène, dans une de ces chambres bien 
numérotées qui font la joie d'une étrangère et qui feraient le désespoir 
d'une Parisienne. 
Elle avait écrit à la Faramineuse, par la main de Mme Hamilton. 
Il n'y avait pas une heure qu'elle attendait, quand Caroline Bertin, qui 
ce jour-là n'avait rien à faire, vint en personne pour répondre à la lettre 
d'appel, inquiétée d'ailleurs par ce singulier autographe. 
Dès que la jeune femme entendit frapper, elle noua un double voile. 
Elle ouvrit et se mit à contre-jour pour parler à Caroline Bertin. 
--Mademoiselle, j'arrive de Russie. Je sais que vous êtes à la mode et je 
ne m'en étonne point en vous voyant. Vous faites la pluie et le beau 
temps dans les régions de la galanterie. Voulez-vous que je vous donne 
dix mille francs pour...
--Donnez toujours, princesse, nous verrons après. C'est que le mari de 
Janina n'était pas si généreux. Il fallait lui arracher les billets de cinq 
cents francs. La jeune mariée déploya dix billets de mille francs comme 
si elle eût déployé son éventail. La Faramineuse les saisit avec ivresse. 
--Tout ce qu'il vous plaira, madame. 
Caroline Bertin s'attendait à recevoir une déclaration à bout pourtant. 
--Mademoiselle, je sais votre vie intime. Vous avez pour amant le 
vicomte de***, qui a été le mien. Je veux le voir sans l'avertir. 
Faites-moi le sacrifice de m'ouvrir pour cette nuit votre chambre à 
coucher, où vous ne serez pas. 
--De tout mon coeur, princesse. 
--A quelle heure rentre votre amant? 
--Il vient toujours à minuit et demi. 
--Eh bien! je serai là avant minuit. 
Disposez tout pour que la comédie soit bien jouée; je donnerai cinq 
cents francs à votre femme de chambre. Naturellement, il n'y aura pas 
une bougie allumée; il n'y aura pas même une bougie dans la chambre à 
coucher, car je ne veux pas être reconnue. 
Caroline Bertin était silencieuse. Elle ne voulait pas rendre les dix mille 
francs, mais elle ne voulait pas perdre le vicomte. Enfin, une idée folle 
lui passant pas l'esprit, elle parut se résigner. 
--Soyez tranquille, princesse. J'ai une petite gueuse de femme de 
chambre qui est trop futée pour faire une bêtise... Donnez-moi toujours 
les cinq cents francs... Ça lui donnera du coeur à l'ouvrage. 
Naturellement, elle trouvait que ce serait de la folie de donner plus de 
cinq louis à une femme de chambre. 
Janina, qui déjà n'avait pas une haute estime pour la Faramineuse, lui
donne cinq cents francs sous un regard de pitié. 
--Donc, à minuit, dit-elle. 
Caroline Bertin tendit la main à Janina, qui ne daigna pas comprendre; 
la jeune femme voulait bien qu'on lui tendît la main pour recevoir de 
l'argent, mais non pour serrer la sienne. 
En descendant le grand escalier de l'hôtel du Louvre, la courtisane 
rencontra le prince Rio. 
--D'où viens-tu, Caroline? 
La Faramineuse prit un air mystérieux pour conter l'histoire au prince. 
--Voilà un mari heureux! s'écria-t-il en riant. 
--Prince, vous avez votre coupé, mettez-moi à ma porte pour causer un 
peu. 
Que se dirent-ils? 
Cependant la pseudo-princesse éclatait en sanglots. 
Est-il possible que je vais jouer cette comédie? Oh! non, je ne la jouerai 
pas. 
Elle s'offensa de toute sa dignité. 
--Et pourtant, comme je serais heureuse de dire demain à mon mari: 
«Comment avez-vous passé la nuit?» 
Affolée par sa passion, la téméraire jeune femme était capable de tout, 
hormis de trahir Fernand. Elle se disait que peut-être Mme Hamilton 
avait raison et qu'il fallait tout risquer pour ne pas tout perdre. Qui sait 
s'il ne voudrait pas recommencer toujours cette nuit-là? 
III
Jusqu'à onze heures, Janina, comme un roseau au vent, s'inclinait tour à 
tour sous la volonté et l'indécision, se disant: «Je n'irai pas,» quand elle 
était décidée à tenter l'aventure; se disant: «J'irai,» quand elle avait 
renoncé à tout. 
Ce qui la décida, coûte que coûte, vaille que vaille, c'est que son mari 
ne rentra    
    
		
	
	
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