en peu de mots, que dans cet autre passage du même écrivain: «Unius 
ætatis sunt, quae fortiter fiunt; quæ vero pro utilitate reipublicæ
scribuntur, æterna sunt. Idem fecerunt alii complures, sed præcipue 
Frontinus, divo Trajano ab ejusmodi comprobatus industria.» Élien, 
dans son épître dédicatoire à l'empereur Hadrien, rapporte «qu'il a passé 
quelques jours à Formies, auprès de Nerva, et que là il s'est entretenu 
avec Frontin, homme très versé dans la science des armes, s'appliquant 
également à la tactique des Grecs et à celle des Romains.» On lit encore 
quelques lignes plus bas: «L'art d'ordonner les troupes suivant les 
préceptes tracés par Homère, est le sujet des ouvrages de Stratoclès, 
d'Hermias, et de Frontin, personnage consulaire de notre temps.» 
Pline le Jeune, en rendant compte d'un procès important, dit que 
Frontin était savant jurisconsulte, et qu'il lui demanda des avis: 
«Adhibui in consilium duos, quos tunc civitas nostra spectatissimos 
habuit, Cornelium et Frontinum.» 
Tant que régna Domitien, alors qu'un homme distingué ne se mettait 
pas impunément en lumière, Frontin vécut dans la retraite, partageant 
son temps entre le séjour de Rome et celui d'une villa qu'il possédait à 
Anxur (Terracine), lieu charmant, si nous en croyons Martial, dont les 
vers suivants nous apprennent que notre auteur n'était point étranger au 
culte des muses: 
Anxuris aequorei placidos, Frontine, recessus, Et propius Baias, 
litoreamque domum, Et quod inhumanæ Cancro fervente cicadæ Non 
novere nemus, flumineosque lacus; Dum colui, doctas tecum celebrare 
vacabat Pieridas: nunc nos maxima Roma terit. 
(Lib. X, epigr. 58) 
Grâce au même poète, nous savons que Frontin a été une seconde fois 
consul: 
De Nomentana vinum sine fæce lagena, Quæ bis Frontino consule 
plena fuit. 
(Ibid., epigr. 48) 
Poleni conjecture que ce fut sous Nerva, en 850; il ne doute même pas
que Frontin n'ait obtenu une troisième fois cette dignité, sous Trajan, et 
alors comme consul ordinaire, l'an 853. Il fonde son opinion sur une 
dissertation du philologue et médecin Morgagni, son collègue dans le 
professorat, à Padoue, qui s'est livré aux plus laborieuses recherches 
pour prouver que dans les fastes consulaires, au lieu de M. Cornelius 
Fronto, placé après Ulp. Trajanus Augustus. on devrait lire Sex. J. 
Frontinus. Tillemont, qui a lu et pesé les raisons et arguments 
contradictoires du cardinal Noris et du P. Pagi sur ce sujet, a laissé la 
question indécise. Nous ferons comme lui; car nous avons hâte d'arriver 
aux derniers documents biographiques. 
Nommé intendant des eaux (curator aquarum) par Nerva, Frontin 
s'acquitta consciencieusement de sa charge, et améliora cette partie du 
service public par la répression des abus et des fraudes. Ce fut alors, 
sans doute, qu'il rédigea le Mémoire sur les Aqueducs. On ignore s'il 
conserva longtemps ces fonctions sous Trajan, et s'il les réunit à celles 
d'augure, dans lesquelles il fut remplacé par Pline le Jeune, qui rend 
ainsi hommage au mérite de son prédécesseur: «Gratularis mihi, quod 
acceperim auguratum; mihi vero illud gratulatione dignum videtur, 
quod successi Julio Frontino, principi viro: qui me nominationis die per 
hos continuos annos inter sacerdotes nominabat, tanquam in locum 
suum cooptaret.» 
Les fonctions, ou tout au moins les prérogatives des augures étaient 
perpétuelles: «Hoc sacrum plane et insigne est, quod non adimitur 
viventi[5].» Il est donc certain que l'époque de l'entrée de Pline dans ce 
collège sacerdotal, est celle de la mort de Frontin. On s'accorde à la 
fixer à l'année 859 de Rome, 106 ans après J.-C. 
Il avait défendu qu'on lui élevât un tombeau: «La dépense d'un 
monument est superflue, dit-il; la mémoire de mon nom durera, si ma 
vie en a été digne.» Nous devons encore cette particularité à Pline le 
Jeune[6], qui, en la rapportant, loue, mais avec restriction, la modestie 
qu'elle fait paraître. 
Poleni a trouvé dans les Mélanges d'antiquités de Jacob Spon une petite 
médaille présentant une tête d'homme à longue barbe, et à l'exergue de 
laquelle on lit (c'est-à-dire ) et d'autres mots grecs qui sembleraient
indiquer que Frontin a été proconsul à Smyrne, sous les ordres d'un 
certain Myrtus. Mais ce n'est point là un document authentique: Poleni, 
Spon lui-même, n'osent rien en affirmer; Facciolati fait observer que les 
Romains n'ont commencé à porter de la barbe que sous Hadrien; enfin, 
bien que Gronovius ait foi en cette médaille, Oudendorp, qui la 
reproduit, comme ornement, au frontispice de son édition des 
Stratagèmes, pense que cette tête est celle de Jupiter, ou d'Hercule, 
mais non celle de Frontin; et il déclare que telle est l'opinion des plus 
célèbres numismates. 
Si l'on veut apprécier à leur valeur les ouvrages de Frontin, il faut se 
pénétrer de l'idée qu'il n'a nullement songé à se créer une réputation 
d'écrivain. Homme de guerre et d'administration, il a écrit dans l'unique 
but d'être utile à ceux qui suivraient la même carrière que lui. Être lu, 
être consulté avec profit au point de vue pratique    
    
		
	
	
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