avons pourtant ajouté bon nombre de 
sources jusqu'ici demeurées inédites et sur lesquelles nous devons 
ajouter quelques mots. De l'oeuvre publiée de Lamartine nous n'avons 
conservé que la Correspondance, dont il nous faut ici déplorer les 
lacunes et le classement souvent défectueux; volontairement, nous 
avons écarté tous les souvenirs rédigés sur ou par Lamartine 
postérieurement à 1820, sauf lorsqu'il nous a été possible de les vérifier, 
pour ne retenir que les lettres et témoignages contemporains de la 
période qui nous occupait; écrits à une époque où son avenir était 
impossible à prévoir, ils le montrent sans aucun ménagement sous son 
jour véritable et tel qu'il apparaissait alors aux yeux de sa famille et de 
ses relations. 
En premier lieu, nous avons eu à notre disposition un important 
manuscrit, le Journal intime de sa mère; on sait que quelques fragments 
très écourtés et très remaniés en ont été publiés par le poète sous le titre, 
le Manuscrit de ma mère[2], ouvrage dont la valeur documentaire est 
tout à fait négligeable tant les suppressions et les additions qu'il y fit 
sont considérables; elles s'expliquent, il est vrai, aisément, soit qu'il ait
souvent hésité à apporter des démentis trop nombreux à ses 
Confidences, soit qu'il ait jugé délicat d'en reproduire le texte intégral. 
C'est grâce au Journal intime, toujours soigneusement daté, qu'il nous a 
été possible d'entreprendre cet ouvrage, car il nous a permis de mettre 
en lumière certains faits demeurés encore obscurs ou ignorés, en même 
temps qu'il nous fournissait un tableau chronologique minutieusement 
détaillé des quarante premières années du poète. Ces pages écrites au 
courant de la plume, sans aucune préoccupation de composition ni de 
publicité, présentent naturellement des négligences et des répétitions, 
mais les pensées et les sentiments n'y ont d'autre souci que la 
sincérité[3]. 
[Note 2: Le Manuscrit de ma mère, prologue et épilogue par A. de 
Lamartine (Paris, 1871, in-8).] 
[Note 3: Voici la description des 12 petits cahiers--et non pas 22, 
comme l'a écrit Lamartine dans la préface des Confidences--du Journal 
intime qui s'étend de 1800 à 1829: 
Tome 
I----: 13 déc. 1800-24 août 1801. 81 p., in-16. 
II---: 20 août 1801-8 avril 1802. 140 p., in-16. 
III--: 16 avril 1802-21 juin 1803. 153 p. plus 8 p. de comptes, in-6. 
IV-- : 23 juin 1803-22 octobre 1804. 118 p., plus 4 p. de table, in-16. 
V----: 1er nov. 1804-3 juillet 1806. 99 p., in-8. 
VI---: 12 juillet 1800-19 déc. 1808. 139 p., plus 2 p. de table, in-8. 
VII--: 27 janvier 1809-7 mars 1811. 99 p., plus 4 p. de table, in-8. 
VIII-: 10 mars 1812-28 février 1813. 193 p., in-4º. 
IX---: 7 mars 1815-3 mai 1821. 198 p. plus 2 feuillets volants intercalés 
dans le texte, in-4º.
X----: 14 juin 1821-13 oct. 1822. 87 p., in-4º. 
XI:--: 11 nov. 1822-21 juin 1824. 88 p., in-4º. 
XII--: 19 juin 1824-22 oct. 1829. 80 p., plus 30 feuillets demeurés 
blancs, in-4º.] 
De plus, grâce à l'obligeance de M. Charles de Montherot, petit-neveu 
de Lamartine, nous avons pu prendre connaissance des riches archives 
de Saint-Point, et le baron Carra de Vaux a bien voulu mettre à notre 
disposition les papiers et titres de la famille maternelle du poète, qu'il 
représente actuellement. Nous devons également nos remerciements à 
plusieurs familles de Mâcon qui nous ont aimablement ouvert leurs 
archives domestiques; à M. A. Duréault, secrétaire perpétuel de 
l'Académie de Mâcon, qui nous a fait à mainte reprise profiter de son 
érudition et de ses recherches personnelles; à M. Lex, archiviste de 
Saône-et-Loire, dont les travaux nous ont été d'un grand secours. Enfin, 
nous tenons à exprimer notre reconnaissance à M. Gustave Lanson qui, 
préparant lui-même une étude sur les Méditations, nous a permis de 
prendre connaissance de plusieurs documents inédits qu'il avait réunis. 
C'est grâce à tant d'obligeances que ce volume a pu voir le jour. Nous 
avons essayé d'en faire une biographie exacte et critique; exacte, car 
nous n'avons voulu laisser dans l'ombre le moindre fait capable 
d'apporter un éclaircissement nouveau à la genèse des Méditations; 
critique, puisque les documents utilisés n'ont été acceptés qu'après un 
contrôle aussi sévère qu'il est possible en pareille matière. 
PIERRE DE LACRETELLE. 
 
PREMIÈRE PARTIE 
LES ORIGINES 
 
CHAPITRE I
LES LAMARTINE[4] 
Les origines des grands hommes--et davantage, peut-être, celles des 
poètes--ne sont jamais à négliger. Sans doute, il importe peu pour 
l'histoire littéraire que Vigny descende d'un trésorier du XVe siècle, 
que Hugo soit apparenté à un évêque lorrain, que Lamartine soit 
petit-fils d'un intendant des finances du duc d'Orléans. Ce n'est là, dans 
leur biographie, qu'un élément de curiosité. 
[Note 4: Sources et bibliographie: Archives municipales de Mâcon: 
Registres des baptêmes, mariages et décès de la paroisse 
Saint-Pierre.--Archives départementales de Saône-et-Loire (Série B, 
1324-1371): Registres du bailliage de Mâcon où sont conservés de 
nombreux contrats, testaments et donations.--Archives municipales de 
Cluny: Registres des    
    
		
	
	
	Continue reading on your phone by scaning this QR Code
 
	 	
	
	
	    Tip: The current page has been bookmarked automatically. If you wish to continue reading later, just open the 
Dertz Homepage, and click on the 'continue reading' link at the bottom of the page.
	    
	    
