Lenfer et le paradis de lautre monde

Émile Chevalier
L'enfer et le paradis de l'autre
monde, by

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Title: L'enfer et le paradis de l'autre monde
Author: Émile Chevalier
Release Date: April 19, 2006 [EBook #18208]
Language: French
Character set encoding: ISO-8859-1
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ET LE PARADIS DE ***

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L'ENFER ET LE PARADIS DE L'AUTRE MONDE

PAR

EMILE CHEVALIER

PARIS LIBRAIRIE CENTRALE 24, BOULEVARD DES ITALIENS
MDCCCLXVI
A
M. JOHN LOVELL IMPRIMEUR A MONTRÉAL (BAS-CANADA)
Témoignage de haute estime.

PRÉFACE
Il y a quelques mois, j'habitais une petite ville bourguignonne,
renommée pour ses usines métallurgiques. Un jour, il m'arriva d'assister
à une réunion chez des forgerons, qui témoignèrent l'intention d'émigrer
au Canada, parce qu'on y parle la langue française. Connaissant, par
un séjour de plusieurs années, le pays où ces braves gens voulaient aller,
je combattis leur projet.
«Rendez-vous aux États-Unis, puisque votre désir est de quitter la
France, leur dis-je; mais gardez-vous de porter votre intelligence et vos
bras dans les colonies britanniques de l'Amérique du Nord.»
Et je donnai mes raisons.
Ces raisons, on les trouvera exposées dans ce livre, publié, pour la
première fois, en 1857, à Montréal, et tiré à cinquante mille
exemplaires, tant en français qu'en anglais.
Si quelques-uns des motifs qui l'ont dicté n'existent plus, comme le
traité de réciprocité entre le Canada et les États-Unis, il n'en est pas
moins toujours vrai que la Grande-Bretagne décourage
systématiquement l'industrie et les arts utiles dans ses colonies; que,
chaque année, les Canadiens eux-mêmes fuient une patrie où ils ne
trouvent point de travail, malgré les immenses ressources naturelles

dont abonde leur pays.
Il n'en est pas moins toujours vrai que le Canada ne sera jamais
prospère et grand que lorsqu'il se sera annexé à la République des
États-Unis.
H.-EMILE CHEVALIER.
Paris, juillet 1866.

L'ENFER
CHAPITRE I
LE FOYER DU COLON
Ce jour-là Toronto, la capitale du Haut-Canada; était froid, monotone et
mélancolique. Épaisse aussi, bien épaisse était la neige sur les larges et
tristes voies passagères. Dans les rues désertes, comme dans la
campagne, à travers les arbres, au faîte des édifices, et loin, fort loin sur
la baie silencieuse, ce n'était que neige!--neige ici, neige là, neige
partout.
Du nord s'élançait une bise piquante qui balayait les plaines, balayait la
ville et balayait le lac; de lourds nuages noirs marchaient péniblement
au ciel, et ils étaient tout chargés de neige, encore de la neige. Le vent
les chassait lentement en gémissant, d'un ton lugubre, le long des
artères de la cité.
Chacun, chaque chose avait cet aspect triste qu'une journée aussi
sombre, aussi glaciale pouvait évoquer.
Les maisons elles-mêmes avaient l'air ennuyé et mal à l'aise. Il semblait
qu'elles regardassent avec humeur les rues solitaires et se serrassent les
unes contre les autres en tremblotant et se plaignant comme de
véritables mortelles.

Les fenêtres aussi étaient délaissées et n'annonçaient que trop combien
peu on s'amusait dans les appartements qu'elles éclairaient.
Les quelques traîneaux dont, de temps en temps, tintaient les clochettes
à travers l'air froid et humide remplissaient d'une sensation désagréable
par leurs sons discords et criards.
Les piétons qui cheminaient sur les trottoirs étaient enveloppés jusqu'à
mi-visage dans des fourrures et chaussés de mocassins. Ce qu'on
apercevait de leur face était bleui par la vivacité de l'atmosphère, et ils
se heurtaient gauchement, s'il arrivait qu'ils se rencontrassent le long de
l'étroite piste.
On aurait dit que tous étaient dehors contre leur gré, et qu'ils se hâtaient
de rentrer chez eux, à l'exception de quelques individus de taille
malingre, courbés, à moitié couverts contre les rigueurs de la saison, et
qui se tenaient au coin des rues, regardant d'un oeil d'envie, tantôt les
magasins, tantôt les gens confortablement vêtus qui les coudoyaient en
passant.
Les traits des pauvres malheureux portaient imprimée en caractères
éloquents cette silencieuse requête:
«Oh! il fait bien sombre et bien froid; vous avez une chaude maison
pour vous abriter, vous; mais nous n'en avons pas, ou si nous en avons
une, le vent y filtre partout, la neige s'y glisse et la pauvreté a laissé
éteindre le feu dans l'âtre.»
Si l'on se sentait mal et chagrin au coeur de la ville, au sein même du
luxe et de la richesse de la populeuse cité, à plus forte raison il en était
ainsi dans les faubourgs, sur les mornes marécages où de chétives
habitations maigrement distribuées perçaient à peine les bancs de neige
que la tourmente y avait entassés.
C'est là que vivent les esclaves de la peine, les enfants
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