Le marchand de Venise | Page 7

William Shakespeare
signifier ce que les emprunteurs nommaient usure. Le Juif se sert toujours ici du mot usance, pour ��viter celui d'int��r��t qu'Antonio emploie toujours dans un sens de reproche.]
[Note 4: Catch him upon the hip.--Le prendre sur la hanche. Expression proverbiale qui n'a pas son ��quivalent en fran?ais.]
BASSANIO.--Shylock, entendez-vous?
SHYLOCK.--Je me consultais sur les fonds que j'ai en main pour le moment, et autant que ma m��moire peut me le rappeler, je vois que je ne saurais vous faire tout de suite la somme compl��te de trois mille ducats. N'importe; Tubal, un riche H��breu de ma tribu me fournira ce qu'il faut. Mais doucement; pour combien de mois les voulez-vous? (A Antonio.) Maintenez-vous en joie, mon bon seigneur. C'��tait de Votre Seigneurie que nous nous entretenions �� l'instant m��me.
ANTONIO.--Shylock, quoique je ne pr��te ni n'emprunte �� int��r��t, cependant pour fournir aux besoins pressants d'un ami, je d��rogerai �� ma coutume. (A Bassanio.) Est-il instruit de la somme que vous d��sirez?
SHYLOCK.--Oui, oui, trois mille ducats.
ANTONIO.--Et pour trois mois.
SHYLOCK.--J'avais oubli��. Pour trois mois; vous me l'aviez dit. A la bonne heure. Faites votre billet, et puis je verrai.... Mais ��coutez, il me semble que vous venez de dire que vous ne pr��tez ni n'empruntez �� int��r��t.
ANTONIO.--Jamais.
SHYLOCK.--Quand Jacob faisait pa?tre les brebis de son oncle Laban.... Ce Jacob (au moyen de ce que fit en sa faveur sa prudente m��re) fut le troisi��me possesseur des biens de notre saint Abraham.... Oui, ce fut le troisi��me.
ANTONIO.--A quel propos revient-il ici? Pr��tait-il �� int��r��t?
SHYLOCK.--Non, il ne pr��tait pas �� int��r��t, non, si vous voulez, pas pr��cis��ment �� int��r��t. Remarquez bien ce que Jacob faisait. Laban et lui ��tant convenus que tous les nouveau-n��s qui seraient ray��s de deux couleurs appartiendraient �� Jacob pour son salaire; sur la fin de l'automne, les brebis ��tant en chaleur allaient chercher les b��liers, et quand ces couples portant toison en ��taient arriv��s au moment de consommer l'oeuvre de la g��n��ration, le rus�� berger vous levait l'��corce de certains batons, et dans l'instant pr��cis de l'acte de nature, les pr��sentait aux brebis ��chauff��es, qui, concevant alors, quand le temps de l'enfantement ��tait venu, mettaient bas des agneaux bariol��s, lesquels ��taient pour Jacob. C'��tait l�� un moyen de gagner; et Jacob fut b��ni du ciel; et le gain est une b��n��diction, pourvu qu'on ne le vole pas.
ANTONIO.--Jacob, monsieur, donnait l�� ses services pour un salaire tr��s-incertain, pour une chose qu'il n'��tait pas en son pouvoir de faire arriver, mais que la seule main du ciel r��gle et fa?onne �� son gr��. Ceci a-t-il ��t�� ��crit pour l��gitimer le pr��t �� int��r��t? Votre or et votre argent sont-ils des brebis et des b��liers?
SHYLOCK.--Je ne saurais vous dire; du moins je les fais engendrer aussi vite. Mais faites attention �� cela, seigneur.
ANTONIO, �� Bassanio.--Et vous, remarquez, Bassanio, que le diable peut employer �� ses fins les textes de l'��criture. Une m��chante ame qui s'autorise d'un saint t��moignage ressemble �� un sc��l��rat qui a le sourire sur ses l��vres, �� une belle pomme dont le coeur est pourri. Oh! de quels beaux dehors se couvre la friponnerie!
SHYLOCK.--Trois mille ducats! c'est une bonne grosse somme. Trois mois sur les douze.... Voyons un peu l'int��r��t.
ANTONIO.--Eh bien! Shylock, vous serons-nous redevables?
SHYLOCK.--Seigneur Antonio, mainte et mainte fois vous m'avez fait des reproches au Rialto sur mes pr��ts et mes usances. Je n'y ai jamais r��pondu qu'en haussant patiemment les ��paules, car la patience est le caract��re distinctif de notre nation. Vous m'avez appel�� m��cr��ant, chien de coupe-gorge, et vous avez crach�� sur ma casaque de juif, et tout cela parce que j'use �� mon gr�� de mon propre bien. Maintenant il para?t que vous avez besoin de mon secours, c'est bon. Vous venez �� moi alors, et vous dites: ?Shylock, nous voudrions de l'argent.? Voil�� ce que vous me dites, vous qui avez expector�� votre rhume sur ma barbe; qui m'avez repouss�� du pied, comme vous chasseriez un chien ��tranger venu sur le seuil de votre porte. C'est de l'argent que vous demandez! Je devrais vous r��pondre, dites, ne devrais-je pas vous r��pondre ainsi: ?Un chien a-t-il de l'argent? Est-il possible qu'un roquet pr��te trois mille ducats?? Ou bien irai-je vous saluer profond��ment, et dans l'attitude d'un esclave, vous dire d'une voix basse et timide: ?Mon beau monsieur, vous avez crach�� sur moi mercredi dernier, vous m'avez donn�� des coups de pied un tel jour, et une autre fois vous m'avez appel�� chien; en reconnaissance de ces bons traitements, je vais vous pr��ter tant d'argent??
ANTONIO.--Je suis tout pr��t �� t'appeler encore de m��me, �� cracher encore sur toi, �� te repousser encore de mon pied. Si tu nous pr��tes cet argent, ne nous le pr��te pas comme �� des amis, car l'amiti�� a-t-elle jamais exig�� qu'un st��rile m��tal produis?t pour elle dans les mains d'un ami? mais pr��te plut?t ici
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