Le bachelier

Jules Vallès
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Le bachelier, by Jules Vallès

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Title: Le bachelier
Author: Jules Vallès
Release Date: January 16, 2005 [EBook #14705]
Language: French
Character set encoding: ISO-8859-1
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Jules Vallès
(1832-1885)
LE BACHELIER
(1879)

Table des matières
DéDICACE 1 En route 2 Matoussaint? 3 H?tel Lisbonne 4 L'avenir 5 L'habit vert 6 La politique 7 Les écoles 8 La revanche 9 La maison Renoul 10 Mes colères 11 Le comité des jeunes 12 2 Décembre 13 Après la défaite 14 Désespoir 15 Legrand 16 Paris 17 Les camarades 18 Le garni 19 La pension Entêtard 20 Ba be bi bo bu 21 Préceptorat. Chausson 22 L'épingle 23 High life 24 Le Christ au saucisson 25 Mazas 26 Journaliste 27 Hasards de la fourchette 28 à marier 29 Monsieur, Monsieur Bonardel 30 Sous l'Odéon 31 Le duel 32 Agonie 33 Je me rends

DéDICACE
à CEUX QUI NOURRIS DE GREC ET DE LATIN SONT MORT DE FAIM
JE DéDIE CE LIVRE. Jules VALLèS.

1 En route
J'ai de l'éducation.
?Vous voilà armé pour la lutte--a fait mon professeur en me disant adieu.--Qui triomphe au collège entre en vainqueur dans la carrière.?
Quelle carrière?
Un ancien camarade de mon père, qui passait à Nantes, et est venu lui rendre visite, lui a raconté qu'un de leurs condisciples d'autrefois, un de ceux qui avaient eu tous les prix, avait été trouvé mort, fracassé et sanglant, au fond d'une carrière de pierre, où il s'était jeté après être resté trois jours sans pain.
Ce n'est pas dans cette carrière qu'il faut entrer; je ne pense pas; il ne faut pas y entrer la tête la première, en tout cas.
Entrer dans la carrière veut dire: s'avancer dans le chemin de la vie; se mettre, comme Hercule, dans le carrefour.
Comme Hercule dans le carrefour. Je n'ai pas oublié ma mythologie. Allons! c'est déjà quelque chose.
Pendant qu'on attelait les chevaux, le proviseur est arrivé pour me serrer la main comme à un de ses plus chers alumni. Il a dit alumni.
Troublé par l'idée du départ, je n'ai pas compris tout de suite. M. Ribal, le professeur de troisième, m'a poussé le coude.
?Alumn-us, alumn-i?, m'a-t-il soufflé tout bas en appuyant sur le génitif et en ayant l'air de remettre la boucle de son pantalon.
?J'y suis! Alumnus.... cela veut dire ?élève?, c'est vrai.?
Je ne veux pas être en reste de langue morte avec le proviseur; il me donne du latin, je lui rends du grec:
?[texte en grec] (ce qui veut dire: merci, mon cher ma?tre).?
Je fais en même temps un geste de tragédie, je glisse, le proviseur veut me retenir, il glisse aussi; trois ou quatre personnes ont failli tomber comme des capucins de cartes.
Le proviseur (impavidum ferient ruinae) reprend le premier son équilibre, et revient vers moi, en marchant un peu sur les pieds de tout le monde. Il me reparle, en ce moment suprême, de mon éducation.
?Avec ce bagage-là, mon ami...?
Le facteur croit qu'il s'agit de mes malles.
?Vous avez des colis??
Je n'ai qu'une petite malle, mais j'ai mon éducation.
Me voilà parti.
Je puis secouer mes jambes et mes bras, pleurer, rire, bailler, crier comme l'idée m'en viendra.
Je suis ma?tre de mes gestes, ma?tre de ma parole et de mon silence. Je sors enfin du berceau où mes braves gens de parents m'ont tenu emmailloté dix-sept ans, tout en me relevant pour me fouetter de temps en temps.
Je n'ose y croire! j'ai peur que la voiture ne s'arrête, que mon père ou ma mère ne remonte et qu'on ne me reconduise dans le berceau. J'ai peur que tout au moins un professeur, un marchand de langues mortes n'arrive s'installer auprès de moi comme un gendarme.
Mais non, il n'y a qu'un gendarme sur l'impériale, et il a des buffleteries couleur d'omelette, des épaulettes en fromage, un chapeau à la Napoléon.
Ces gendarmes-là n'arrêtent que les assassins; ou, quand ils arrêtent les honnêtes gens, je sais que ce n'est pas un crime de se défendre. On a le droit de les tuer comme à Farreyrolles! On vous guillotinera après; mais vous êtes moins déshonoré avec votre tête coupée que si vous aviez fait tomber votre père contre un meuble, en le repoussant pour éviter qu'il ne vous assomme.
Je suis LIBRE! LIBRE! LIBRE!...
Il me semble que ma poitrine s'élargit et qu'une moutarde d'orgueil me monte au nez... J'ai des fourmis dans les jambes et du soleil plein le cerveau.
Je me suis pelotonné sur moi-même. Oh! ma mère trouverait que j'ai
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