Le Voluptueux Voyage

Marie-Aimery de Cominges
Le Voluptueux Voyage, by

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Title: Le Voluptueux Voyage
Author: Marie-Aimery de Cominges (AKA Ginko et Biloba)
Release Date: January 1, 2007 [EBook #20244]
Language: French
Character set encoding: ISO-8859-1
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VOLUPTUEUX VOYAGE ***

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GINKO et BILOBA
Le Voluptueux Voyage ou Les Pèlerines de Venise
--ROMAN--

PARIS SOCIÉTÉ DU MERCURE DE FRANCE XXVI, RUE DE
CONDÉ, XXVI MCMVI JUSTIFICATION DU TIRAGE: 716 Droits
de traduction et de reproduction réservés pour tous pays.
* * *

CHAPITRE PREMIER
--Avertie, il vous faut voyager.
Ceci s'adressait à une grande jeune femme mince, vêtue de blanc et qui
semblait un long boa souple déposé dans un fauteuil.
--Vous croyez? fit-elle, surprise; et elle tendit ses bras en avant, les
étira et les passa sous sa nuque lisse.--Vraiment, Bien-Aimé, vous me
faites tort; je suis seulement un peu fatiguée depuis quelque temps.
--Oui, oui, nous savons: les domestiques, la nouvelle cuisinière, les
toiles d'araignées... sans compter vos trottes insensées sur les routes,
sous prétexte d'abattre vos nerfs... mais je les aime moi, vos nerfs,
quelquefois!... seulement...
--Seulement?
Avertie glissa un oeil inquiet vers le beau garçon qui venait de parler.
Comme elle l'aimait! Comme il répondait à tous ses goûts! Elle avait
toujours peur de lui déplaire et elle sentait pourtant qu'il lui serait tout à
fait impossible, ce jour-là, de simuler un état d'âme.
--Oui, oui, reprit-il, il vous faut voyager.
S'agenouillant à ses pieds, il glissa ses bras autour de son grand corps
flexible et la regarda ardemment.
--Vos yeux sont paisibles, votre bouche sans désirs. Bientôt vous serez
«la petite chose inerte» et je ne vous aimerai plus!

La vanité de cette menace la fit rire franchement; elle l'embrassa sur le
front.
Il était tard. Avertie monta dans sa chambre et peu après vint prendre
place aux côtés du Bien-Aimé, dans le grand lit à colonnes torses,
encadré de rideaux cramoisis. Alors, elle jeta un regard circulaire sur la
vaste pièce qu'elle avait arrangée avec tant de soins et un goût si précis.
Sa pensée traîna et s'alanguit devant un panneau d'Hubert Robert
représentant des jardins d'Italie; puis son oeil glissa sur deux petits
Canaletto où Venise en fête, toute dorée, offrait ses charmes, et sur le
beau garçon qu'elle avait près d'elle.
Elle le regarda comme elle venait de regarder ses tableaux, avec la
même complaisance. Son eurythmie l'enchanta. Il lui plaisait à l'égal
d'un beau paysage; c'était l'expression absolue de son type. Et pourtant
elle se sentit «la petite chose inerte»!
--Oui. B.-A. Vous avez raison; j'ai besoin de voyager. Et... j'irai en
Italie.
--Ah! oui, en Italie! vous recharger d'amour, de désirs, de sensualités,
petite dynamo fatiguée par l'usage!
--Sans doute! mais vous m'accompagnerez.
--Vous accompagner! Moi, vous accompagner?
--L'Italie est dangereuse, capiteuse... vous le savez bien, puisque vous
m'y envoyez «exprès». Or il est dit dans l'Écriture: «Celui qui aime le
danger périra dans le danger»... Celle qu'on envoie chercher l'amour
pourrait bien le rencontrer et ne plus revenir!
Il fit: «Peuh!», l'embrassa sur les lèvres et ajouta, heureux et un peu fat:
--Mais non, mais non, nous deux c'est pour toujours!
Et elle, rayonnante:--C'est pourtant vrai!
* * *

Ce n'était pas la première fois que le B.-A. usait de ce stratagème.
Quand Avertie commençait à s'alanguir et, distraite, à rêver, il
s'inquiétait, parlait de voyage.
Leur amour était si particulier, si unique... ne fallait-il pas lui donner les
soins exceptionnels dus à une plante rare?
Mais le B.-A. restait esclave de ses aises, de ses habitudes. Les
«déplacements» lui faisaient horreur.
Les hôtels, les chemins de fer, la vie vagabonde et à la vapeur des
tournées à l'étranger lui ôtaient le plaisir et le charme qu'il pouvait y
goûter, pourtant, avec son intelligence ouverte et son sens esthétique.
Depuis longtemps il avait refusé d'accompagner Avertie, malgré le
chagrin que lui causait une séparation, même très courte. Car il avait
besoin de sa présence comme de pain quotidien, un petit pain blond et
chaud, de gruau, dont on ne se lasse jamais, qui vous appète, au
contraire, tous les jours davantage.
Le B.-A. était un sensuel sentimental; il savait qu'Avertie adorait les
voyages et revenait toujours plus émue, aimante, ingénieuse; l'idée du
bloc entier des désirs et des ardeurs de la jeune femme le payaient assez
bien du sacrifice très grand qu'il faisait en la laissant partir.
Avertie avait une amie charmante, bonne, molle,
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