que par un mouvement de rotation que subit la nacelle. Ce 
fut M. Poisot qui put sortir le premier de la nacelle, et nous venir en 
aide. Tant qu'à moi, une lourde caisse suspendue à hauteur de tête allait 
m'atteindre, lorsque voyant le danger, je la repoussai d'une main; le 
contre-coup me fit tomber à la renverse les pieds en l'air, presque sans 
connaissance; ce fut mon gendre qui me tira de cette position critique. 
De nombreux paysans, qui étaient accourus, nous apprirent que nous 
étions à quelques kilomètres de Vitry-le-Français. Ils nous donnèrent
leurs blouses et leurs casquettes et mirent à notre disposition deux 
voitures sur lesquelles fut placé en grande hâte tout le matériel que 
j'emportais. A peine les voitures étaient-elles chargées, que les 
Prussiens arrivaient et s'emparaient de l'une d'elles. Ils mirent en joue le 
groupe de paysans auxquels nous étions mêlés; mais ne nous 
distinguant pas, à cause de notre prompt changement de costume, ils ne 
tirèrent pas. Le ballon fut capturé également, et c'est à sa prise, qui 
occupait le plus l'ennemi, que nous devons d'avoir pu nous échapper de 
ses mains, en sauvant heureusement avec nous, à travers champ, la 
seconde voiture. 
A ce moment, M. Fernique prit seul la direction de Coole où nous 
devions le rejoindre, mais les hasards de la fuite nous conduisirent à 
Vessigneul. 
Le maire de Vessigneul, M. Songy, dont nous resterons toujours les 
obligés, consentit à nous cacher dans son grenier. J'avais en arrivant 
mis dans la poche de Mme Songy, pour les sauver, les papiers et lettres 
qui m'avaient été confiés. Les bagages furent vivement placés sous la 
paille d'une grange. Une caisse seule restait à y cacher, quand les 
Prussiens arrivant la prirent et l'emportèrent. 
Profitant de leur départ et prévoyant leur prompt retour en plus grand 
nombre, M. Songy, sans perdre de temps, nous fit monter dans sa 
voiture et nous conduisit lui-même à Fontaine-sur-Coole, chez M. le 
curé Cachier. Ce dernier, qui avait eu la veille à loger deux officiers 
prussiens, et qui d'un instant à l'autre devait en recevoir d'autres, 
sachant aussi l'ennemi à notre poursuite, se hâta de nous faire partir par 
le derrière de sa maison et du pays, afin d'éviter la rencontre des 
Prussiens et l'indiscrétion des habitants. 
M. Cachier nous recommanda de la manière la plus obligeante à son 
collègue M. Darcy, curé de Cernon, où nous arrivâmes, exténués de 
fatigue et de faim, à dix heures du soir. 
M. Darcy et sa mère s'empressèrent de nous donner les soins les plus 
dévoués. Nous devons aussi un témoignage de reconnaissance au maire 
de cette localité qui se mit entièrement à notre disposition de la manière
la plus obligeante. M. Darcy voulait nous faire reposer; mais à minuit 
on vint frapper à sa porte. C'étaient des paysans qui rapportaient une 
partie des bagages laissés à Vessigneul, et venaient pour nous avertir 
que les Prussiens étaient sur nos traces et les suivaient de près. M. 
Darcy nous fit aussitôt mettre en route pour Bussy-Lettrée, où nous 
arrivions à cinq heures du matin. Ayant abandonné nos vêtements à la 
descente du ballon, n'ayant qu'une blouse sur le dos, nous eûmes à 
souffrir considérablement du froid pendant cette nuit glaciale. 
L'instituteur de Bussy-Lettrée, M. Varnier, s'empressa à son tour, sur la 
bonne recommandation de M. le curé de Cernon, de nous rendre service. 
Il nous fit un bon feu, près duquel nous pûmes réchauffer nos membres 
glacés, et nous procura des voitures pour Sompuis. Nous avions décidé 
que nous n'entrerions pas tous ensemble dans ce petit pays, pour ne pas 
éveiller la curiosité. M. Poisot, resté en arrière, fut interrogé par un 
groupe d'habitants, qui lui apprirent qu'un étranger était allé la veille 
chez le receveur des postes, M. Legrand. Supposant que cet étranger 
pourrait bien être M. Fernique, j'allai aux informations, et j'eus le 
plaisir d'apprendre par M. Legrand lui-même que c'était bien 
effectivement notre collègue, échappé comme nous jusqu'alors aux 
mains de l'ennemi. M. Legrand l'avait lui-même conduit la veille à 
Dampierre. Avec la plus grande obligeance il nous offrit de repartir 
immédiatement avec nous pour la même destination. Nous arrivâmes à 
Dampierre à une heure du matin. 
Dans cette ville, M. le docteur Mosment nous offrit cordialement 
l'hospitalité. Dans l'espoir que le voyage pourrait s'effectuer plus 
aisément, il nous procura à Dampierre des conducteurs munis de 
laissez-passer prussiens pour des transports de vin. Un de ces 
conducteurs, dont nous nous rappelons le nom avec plaisir, est M. 
Gauthier, homme estimable bien connu dans le pays. Ce qui avait été 
sauvé du matériel fut placé dans des tonneaux vides et transporté ainsi 
pendant quelque temps. Nous passâmes à Nogent-le-Long, où nous 
fûmes, sur la recommandation du docteur Mosment, reçus amicalement 
par le docteur Bertrand. A son tour, le docteur Bertrand nous 
recommanda au    
    
		
	
	
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