La monadologie

G. W. Leibniz
La monadologie (1909), by

Gottfried Wilhelm Leibniz (1646-1716) This eBook is for the use of
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Title: La monadologie (1909) avec étude et notes de Clodius Piat
Author: Gottfried Wilhelm Leibniz (1646-1716)
Annotator: Clodius Piat
Release Date: January 30, 2006 [EBook #17641]
Language: French
Character set encoding: ISO-8859-1
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MONADOLOGIE (1909) ***

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CLODIUS PIAT

AGRÉGÉ DE PHILOSOPHIE

LEIBNIZ
LA MONADOLOGIE
AVEC ÉTUDE ET NOTES

PARIS LIBRAIRIE VICTOR LECOFFRE RUE BONAPARTE, 90
1900

OUVRAGES DU MÊME AUTEUR:
1° L'Intellect actif, LEROUX, Paris, 1890.
2° Historique de la liberté au XIXe siècle, LETHIELLEUX, Paris,
1894.
3° Problème de la liberté, chez le même, Paris, 1895 (ces deux derniers
ouvrages ont été couronnés par l'Académie française).
4° L'Idée, Ch. POUSSIELOUE, Paris, 1896.
5° La Personne humaine, ALCAN, Paris, 1891 (ouvrage couronné par
l'Académie des sciences morales et politiques).
6° Destinée de l'homme, ALCAN, Paria, 1898.

I. IDÉE MAITRESSE
Leibniz[1], tout jeune encore, apprit la philosophie d'Aristote et des
scolasliques[2]; et ce système lui sembla contenir la véritable

explication des choses. Bien que déjà familier avec Platon et «d'autres
anciens», c'est pour l'Ecole qu'il se prononça.
[Note 1: C'est ainsi que nous croyons devoir écrire le nom de ce
philosophe; car il signait lui-même: Leibniz. Toutefois Leibnitz est
aussi une orthographe courante.]
[Note 2: LEIBNIZ, Lettre I à Remond de Montmort, datée de 1714,
701b, Erdmann, Berlin, 1840.]
Un peu plus tard, il «tomba sur les modernes» et se mit à les étudier
avec la même curiosité, poussé déjà par le désir «de déterrer et de
réunir la vérité ensevelie et dispersée dans les opinions des différentes
sectes des philosophes[3]». Il lut Keppler, Galilée, Cardan, Campanella,
Bacon, Descartes[4]. Et ses convictions philosophiques ne tardèrent pas
à se modifier, sous l'influence de ces penseurs d'allure nouvelle. «Je me
souviens, dit-il, que je me promenai seul dans un bocage auprès de
Leipsic, à l'âge de quinze ans, pour délibérer si je garderais les Formes
substantielles. Enfin, le Mécanisme prévalut et me porta à m'appliquer
aux mathématiques[5].»
[Note 3: Ibid. p. 701b.]
[Note 4: LEIBNIZ, N. Essais, p. 205.]
[Note 5: LEIBNIZ, Lettre I à Remond..., p. 702a.]
«Mais, continue Leibniz, quand je cherchai les dernières raisons du
Mécanisme et des lois mêmes du mouvement, je fus tout surpris de voir
qu'il était impossible de les trouver dans les mathématiques et qu'il
fallait retourner à la métaphysique. C'est ce qui me ramena aux
entéléchies, et du matériel au formel et me fit enfin comprendre, après
plusieurs corrections et avancements de mes notions, que les Monades,
ou les substances simples, sont les seules véritables substances et que
les choses matérielles ne sont que des phénomènes, mais bien fondés et
bien liés[6].»
[Note 6: LEIBNIZ, Lettre I à Remond..., p. 703a.]

Leibniz fut donc scolastique d'abord, puis cartésien, avant d'être
lui-même. C'est comme par un chemin en zigzag qu'il parvint à la
découverte de son idée maîtresse. De plus, cette idée fut, pour lui, le
résultat d'une incubation qui dura près de vingt ans, et dont il est
possible de suivre les phases principales.
En 1670, il réédite, sur l'invitation de Boinebourg[7], l'Antibarbare de
Nizolius. Et, dans sa préface à cet ouvrage, il prend la défense de
l'Ecole. Sa pensée est déjà «qu'il y a de l'or dans ces scories[8]». Il
proteste contre la mode, alors régnante, d'englober Aristote et tous les
philosophes du moyen âge dans la même réprobation. Il reproche même
à l'auteur d'avoir confondu, avec des scolastiques de second ordre, un
esprit tel que saint Thomas d'Aquin[9]. En 1671, il compose sa
_Théorie du mouvement concret et sa Théorie du mouvement abstrait_
et prélude, par ces études scientifiques, à sa conception dynamique du
monde. Vers la même époque, le baron de Boinebourg l'engage à
s'occuper du dogme de la transsubstantiation, avec lequel la théorie
cartésienne de la matière semblait incompatible; et, pendant l'automne
de 1671, il écrit à Arnaud une lettre qui va droit au fond du sujet. Il y
fait voir que le multiple doit de toute rigueur se réduire à l'un, et que,
par conséquent, l'étendue suppose quelque autre chose, un principe plus
profond, qui est simple et sans lequel il n'y a plus de substance[10].
Enfin, vers 1685, il arrive à se satisfaire[11]. A partir de ce moment, il
est en pleine possession de sa pensée personnelle et ne fait, dans la
suite, qu'en développer les
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