de ce moment, ne d��tourna plus les yeux de la fontaine.
Elle y ��tait encore, pensive et larmoyante, pareille �� la fille de Jepht��, quand un bruit de voix dans l'all��e principale changea tout �� coup l'attitude des jeunes gens sous le berceau. Ils se lev��rent avec des marques de surprise et de respect qui furent aper?ues de Gabrielle; et au m��me moment Gratienne accourut en s'��criant;
--Le roi!
Gabrielle vit dans le parterre M. d'Estr��es qui s'avan?ait lentement; le roi venait �� sa suite, et derri��re eux, quelques religieux et les serviteurs de Henri formaient un groupe, discr��tement ��cart�� d'environ trente pas.
La jeune fille, oubliant tout, se pr��cipita par les degr��s, et vint, folle d'��motion, jusqu'�� la s��paration des deux jardins. L��, elle tomba agenouill��e aux pieds d'Henri, en s'��criant avec un torrent de larmes:
--Oh! mon cher sire!...
Le roi si tendre et si afflig�� ne put tenir �� un pareil spectacle, il releva Gabrielle en larmoyant lui-m��me et murmura:
--C'en est donc fait!
Qu'on se figure l'attitude de M. d'Estr��es pendant ces lamentations. Il en mordait de rage ses gants et son chapeau.
--Mademoiselle, dit le roi, voil�� donc pourquoi vous n'��tes pas venue �� Saint-Denis aujourd'hui, joindre vos pri��res �� celles de tous mes amis!
--Mon coeur a dit ces pri��res, sire, r��pliqua Gabrielle, et nul en votre royaume ne les a prononc��es plus sinc��res pour votre bonheur.
--Pendant que vous ��tiez malheureuse! car vous l'��tes, n'est-ce pas, du mariage que l'on vous a fait faire.
--J'ai d? ob��ir �� mon p��re, sire, r��pliqua Gabrielle en redoublant de soupirs et de larmes.
--Un roi, reprit Henri d'un air courrouc��, ne violente pas les p��res de famille dans l'exercice de leurs droits. Mais quand les femmes sont malheureuses et qu'elles se viennent plaindre �� lui, le roi est ma?tre d'y porter rem��de. Adressez-moi vos plaintes, mademoiselle. H��las! je dois dire madame... mais telle a ��t�� l'incivilit�� de cette maison que j'ignore jusqu'au nom de votre mari.
M. d'Estr��es crut devoir intervenir.
--C'est un loyal gentilhomme, serviteur d��vou�� de sa Majest��. D'ailleurs, je crois pouvoir hasarder que vous le connaissez maintenant, sire.
--Je ne vous comprends pas, monsieur, dit le roi avec hauteur.
--Mon p��re veut dire que M. de Liancourt a disparu depuis le mariage, s'��cria Gabrielle, dont l'excellent coeur voulait �� la fois rassurer l'amant et prot��ger le p��re.
--Disparu! dit le roi charm��.
--Et monsieur d'Estr��es, ajouta Gabrielle avec un malicieux sourire, semble supposer que Votre Majest�� pourrait en savoir quelque chose.
--Qu'est-ce �� dire? demanda Henri.
Le roi sait toujours tout, dit M. d'Estr��es, fort g��n��.
--Quand je sais les choses, monsieur, je ne les demande pas. A pr��sent, grace �� madame, je sais que son mari s'appelle Liancourt, qui est, si je ne me trompe, une maison picarde.
--Oui, sire, dit M. d'Estr��es.
--Mais le seul Liancourt que je connaisse est bossu.
--Pr��cis��ment, s'��cria Gabrielle.
--Je m'en attriste, dit Henri, cachant mal sa mauvaise humeur; mais ce dont je me r��jouis, c'est qu'il ait eu le bon go?t de dispara?tre pour ne point gater, papillon difforme, une si fra?che et si noble fleur.
M. d'Estr��es grin?ant des dents:
--J'oserais pourtant, dit-il, supplier Votre Majest�� de donner des ordres pour que monsieur de Liancourt soit retrouv��. Une pareille disparition, si elle vient d'un crime, int��resse le roi, puisque la victime est un de ses sujets; si elle n'est que le r��sultat d'une plaisanterie, comme cela peut ��tre, la plaisanterie trouble et afflige toute une famille; elle porte atteinte �� la consid��ration d'une jeune femme. C'est donc encore au roi de la faire cesser.
--Ah, par exemple! s'��cria Henri, vous me la baillez belle, monsieur. Que je m'inqui��te, moi, des maris perdus, des bossus ��gar��s!... Dieu m'est t��moin qu'en un jour de bataille je cherche moi-m��me, bien bas courb��, bien palpitant, mes pauvres sujets, couch��s bless��s ou morts sur la plaine. Et je ne m'y ��pargne pas plus que le moindre valet d'arm��e. Mais, quand vous avez mari�� votre fille sans dire gare, me forcer �� fouiller le pays pour retrouver votre gendre, moi qui suis enchant�� de le savoir �� tous les diables, ventre-saint-gris, vous me prenez pour un roi de paille, monsieur d'Estr��es. Si je savais o�� est votre favori, je ne vous le dirais pas; ainsi, allumez toutes vos chandelles, bonhomme, et cherchez!
Gabrielle et Gratienne, entra?n��es par cette verve irr��sistible, ne purent s'emp��cher, l'une de sourire, l'autre de rire immod��r��ment. M. d'Estr��es, plus pale et plus furieux que jamais:
--Si c'est l��, dit-il, une r��ponse digne de mes services, de ceux de mon fils et de notre infatigable d��vouement, si c'est l�� ce que je dois rapporter �� tous mes amis qui attendent dans ma maison, o�� je n'ose retourner de peur des railleries....
--Si l'on vous raille, monsieur, r��pliqua le roi d'un ton de ma?tre irrit�� par ces imprudentes paroles, vous n'aurez que ce que vous m��ritez, vous qui vous ��tes d��fi�� du roi de France, d'un gentilhomme sans tache ni

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