la prendre! Suis-je un Tarquin, un H��liogabale? mais non vous m'avez trait�� comme on traite un larron; s'il vient, on cache la vaisselle d'argent ou on la passe chez le voisin. Ventre saint gris! monsieur d'Estr��es, je crois que mon honneur vaut bien le v?tre.
--Sire, balbutia le comte ��perdu, ��coutez-moi!...
--Qu'avez-vous �� me dire de plus? Vous avez sournoisement mari�� votre fille, ajouterez-vous qu'elle vous y a forc��?
--Comprenez les devoirs d'un p��re.
--Comprenez les devoirs d'un sujet envers son prince. Ce n'est point fran?ais, c'est espagnol ce que vous avez fait l��. Pousser, le poignard sur la gorge, une jeune fille pour qu'elle aille �� l'autel, profiter de l'absence du roi que cette jeune fille pouvait appeler �� l'aide.... Monsieur d'Estr��es, vous ��tes p��re, c'est bien; moi, je suis roi, et je me souviendrai!
Apr��s ces mots, entrecoup��s de gestes furieux, Henri reprit sa promenade agit��e dans la salle.
Le comte, la t��te baiss��e, le visage livide, la sueur au front, s'appuyait �� l'un des piliers de la porte, honteux de voir dans le vestibule grossir le nombre des t��moins de cette sc��ne, t��moins bien instruits d��sormais, tant le roi avait parl�� haut dans la salle sonore.
Tout �� coup, Henri, dont la v��h��mente col��re avait c��d�� �� quelque r��flexion, aborda brusquement le comte par ces mots:
--O�� est votre fille?
--Sire....
--Vous m'avez entendu, je pense?
--Ma fille est chez elle, c'est-��-dire....
--Vous ��tes bien libre de la marier, mais je suis libre d'aller lui en faire mes compliments de condol��ances. Allons, monsieur, o�� est-elle?
Le comte se redressant.
--J'aurai l'honneur, dit-il, de diriger Votre Majest��.
--Soit. Vous voulez entendre ce que je vais dire �� la pauvre enfant? Eh bien! j'aime autant que vous l'entendiez. Montrez-moi la route.
M. d'Estr��es, les dents serr��es, les jambes tremblantes, s'inclina et passa devant pour ouvrir les portes. Il conduisit Henri du cot�� du batiment neuf.
--Pr��venez le r��v��rend prieur, dit Henri �� des religieux group��s sur son passage, que je lui rendrai ma visite tout �� l'heure.
Gabrielle, depuis les terribles ��motions de la veille, avait gard�� la chambre, veill��e par Gratienne, qui lui rendait compte exactement du moindre bruit, de la moindre nouvelle. C'est par Gratienne qu'elle avait re?u la r��ponse du roi, apport��e deux heures apr��s le mariage par Pontis, et plus que jamais elle avait d��plor�� sa d��faite en voyant le roi si tranquille sur sa fid��lit��. Maintenant, il ne s'agissait plus que de lutter pour demeurer chez les g��nov��fains, au lieu de retourner, soit chez son p��re, soit chez son mari. En cela elle avait reconnu la secr��te coop��ration du fr��re parleur. M. d'Armeval disparu, rien ne la for?ait plus d'aller �� Bougival, tout l'engageait �� rester au couvent, autour duquel M. d'Estr��es, effar��, cherchait son gendre, dont il attribuait l'��trange absence �� quelque pi��ge tendu par le roi.
Gabrielle ressemblait au patient dont le bourreau ne se retrouve pas �� l'heure du supplice. Lev��e avant le jour, habill��e depuis la veille, elle s'��tait mise �� la fen��tre et interrogeait avec anxi��t��, tant?t la route pour voir si son p��re ram��nerait le mari perdu, tant?t les jardins pour recueillir les signaux ou les messages que pourraient lui envoyer ses nouveaux amis.
L'agitation de Gabrielle envahissait par contre-coup la chambre d'Esp��rance. Pontis avait trouv�� son bless�� dans un ��tat de surexcitation si incroyable, qu'il ne voulait pas croire que le mariage improvis�� d'une fille inconnue avec un bossu p?t amener de pareilles perturbations dans le cerveau d'un homme raisonnable. Il assemblait les plus bizarres combinaisons pour d��couvrir la v��rit��. On le voyait, sautant et ressautant par la fen��tre, courir en qu��te d'un ��claircissement, comme un renard en chasse; et son ami, au contraire, restait couch��, la t��te ensevelie sous les oreillers, comme pour ��touffer une secr��te douleur.
Ce fut Pontis qui, au point du jour, apprit �� Esp��rance que le petit mari n'��tait pas encore retrouv��.
Pourquoi Esp��rance se redressa-t-il avec une joie manifeste? pourquoi, ranim�� par cette nouvelle, se leva-t-il all��gre, souriant? pourquoi accabla-t-il de sarcasmes et de bouffonnes mal��dictions le seigneur Nicolas, indigne pourtant de sa col��re? c'est ce que Pontis chercha vainement �� deviner. Esp��rance y e?t peut-��tre ��t�� fort embarrass�� lui-m��me.
En attendant, les deux amis, apr��s leur repas, s'all��rent installer sous les arbres de la fontaine, o�� Esp��rance sous pr��texte de faire une plus heureuse digestion, se plongea dans l'engourdissement d'une r��verie m��lancolique, tandis que Pontis, taillant des pousses de tilleuls, s'en confectionnait des petits sifflets destin��s, disait-il, �� f��ter le retour de M. de Liancourt.
Sans doute, la nuit, cette m��re f��conde des songes, avait souffl�� sur Esp��rance et Gabrielle quelques-uns de ces r��ves qui, lorsqu'ils ��closent simultan��ment sur deux ames, les font soeurs et amies malgr�� elles, par la myst��rieuse intimit�� d'un commerce invisible. Car pendant toute cette matin��e, Esp��rance regarda par une ��claircie des arbres la fen��tre de Mlle d'Estr��es, et son regard eut la force d'attirer l�� Gabrielle, qui, �� partir

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