La Suggestibilité

Alfred Binet
La Suggestibilité

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Title: La Suggestibilite
Author: Alfred Binet
Release Date: March 5, 2004 [EBook #11453]
Language: French
Character set encoding: ISO-8859-1
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LA
SUGGESTIBILITÉ
PAR
ALFRED BINET
Docteur ès sciences, Lauréat de l'Institut (Académie des Sciences et Académie des
Sciences morales) Directeur du laboratoire de psychologie physiologique de la Sorbonne
(Hautes-Études)
Avec 32 figures et 2 planches hors texte.
1900

À
JACQUES PASSY _19 mars 1864.--22 novembre 1898_

LA SUGGESTIBILITÉ
INTRODUCTION
Apprécier la suggestibilité d'une personne sans avoir recours à l'hypnotisation ou à
d'autres manoeuvres analogues, tel est, aussi brièvement indiqué que possible, le sujet de
ce livre.

Il suffit de réfléchir un moment pour comprendre tous les avantages de cette séparation
entre l'étude de l'hypnotisme et celle de la suggestion. Quoi que l'on pense de
l'hypnotisme,--et quant à moi j'estime que c'est une méthode de premier ordre pour la
pathologie mentale--il est incontestable que cette méthode d'expérimentation qui
constitue une main-mise sur un individu, présente des inconvénients pratiques très graves:
elle ne réussit pas chez toutes les personnes, elle provoque chez quelques-unes des
phénomènes nerveux importants et pénibles, et en outre elle donne aux sujets des
habitudes d'automatisme et de servilité qui expliquent que certains auteurs, Wundt en
particulier, aient considéré l'hypnotisme comme une immoralité. C'est pour cette raison
que les pratiques en ont été sévèrement interdites dans les écoles et dans l'armée, et je
crois cette mesure excellente: l'hypnotisation doit rester, à mon avis, une méthode
clinique.
Jusque dans ces cinq dernières années, hypnotisme et suggestion étaient termes presque
synonymes; on ne faisait de la suggestion que sur des sujets préalablement hypnotisés, ou
bien, si l'on essayait de faire de la suggestion à l'état de veille, c'était exactement par les
mêmes procédés que ceux de l'hypnotisme, c'est-à-dire par des affirmations autoritaires
amenant une obéissance automatique du sujet et suspendant sa volonté et son sens
critique.
Les méthodes nouvelles que je vais décrire n'ont, je crois, aucun rapport pratique avec
l'hypnotisme; ce sont essentiellement des méthodes pédagogiques: et j'ai pu les employer
pendant plusieurs mois de suite dans les écoles, sous l'oeil attentif des maîtres, sans
éveiller chez eux la moindre crainte que leurs élèves fussent l'objet de manoeuvres
d'hypnotisation; c'est qu'en effet ces méthodes ne provoquent pas plus d'émotion ou de
trouble chez les sujets qu'un exercice de dictée ou de calcul. Je dirai plus: ces expériences
peuvent rendre de grands services aux élèves, si on a le soin de leur expliquer, quand le
résultat est atteint, quel est le but qu'on se proposait, si on leur met sous les yeux l'erreur
qu'ils ont commise, si on leur indique pourquoi ils ont commis cette erreur, comment ils
ont manqué d'attention; c'est une leçon de choses, et en même temps une leçon morale
dont l'enfant profite souvent, j'en ai eu la preuve, car j'en ai vu plusieurs qui, à chaque
épreuve, apprenaient à se corriger et devenaient moins suggestibles.
Certes, ce n'est pas seulement aux enfants que cette leçon serait salutaire, mais surtout
aux adultes, qui trop souvent, comme on l'a vu dans ces derniers temps, perdent l'habitude
d'exercer leur sens critique, de se faire une opinion personnelle et raisonnée, et se laissent
servilement suggestionner par les polémiques de presse!

CHAPITRE PREMIER
HISTORIQUE
Toutes les fois qu'on cherche à classer les caractères d'une manière utile, d'après des
observations réelles et non d'après des idées a priori, on est amené à faire une large part à
la suggestibilité. Tissié utilisant les remarques qu'il a faites dans le monde des sports, sur
les entraîneurs et les entraînés, divise les caractères en trois catégories, qui ne sont au
fond que des catégories de suggestibilité: 1° les automatiques, ceux qui obéissent
passivement et sans réplique, les modèles de la discipline aveugle; ceux qui, suivant
l'auteur, obéissent au «je veux»; 2° les sensitifs, ceux dont on obtient l'obéissance en
s'adressant à leurs sentiments, et particulièrement à leur affection; 3° les actifs, les
volontaires, qui sont eux-mêmes, qui ont une personnalité tranchée, et sur lesquels on ne

peut pas agir directement, mais seulement par esprit de contradiction; ils répondent au «tu
ne peux pas»; 4° les _rétifs_, quatrième catégorie, que Tissié ne donne pas, mais que les
instituteurs m'ont indiquée, car elle existe dans les écoles, et elle n'est point aimée des
maîtres; ce sont des
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