révoltés, des indisciplinés; probablement cette catégorie est formée 
pour une bonne part de nerveux et de dégénérés. 
Naturellement, je ne puis me porter garant de cette classification, qui ne repose pas, à ce 
qu'il me semble, sur des observations régulières; et il faudrait sans doute rechercher s'il 
est exact que les individus sur lesquels on n'a prise que par l'esprit de contradiction sont 
toujours des volontaires; j'en doute un peu[1]. Mais l'essentiel est de montrer que ce 
projet de classification des caractères repose sur des distinctions de suggestibilité; les 
automatiques sont les plus suggestibles de tous, les sensitifs le sont déjà moins, et enfin 
les actifs et les rétifs ne peuvent être suggestionnés que dans une petite mesure, et au 
moyen de Détours. 
[Note 1: J'ai observé bien souvent que l'esprit de contradiction est très développé chez des 
personnes nerveuses, auxquelles on donne l'obsession d'un acte, rien qu'en les mettant au 
défi de l'accomplir. Pitres signale avec raison les hystériques comme des sujets qu'on peut 
souvent suggestionner à fond, en les prenant par l'esprit de contradiction. Je crois bien 
que la tendance à contredire n'est pas nécessairement un indice de personnalité bien 
organisée et capable de résister à la suggestion.] 
Un auteur américain, Bolton, a donné, en passant, il y a quelques années, une 
classification de caractères, dans laquelle on retrouve encore une préoccupation de la 
suggestibilité des individus[2]. Il faisait une expérience sur le rythme, expérience longue 
et minutieuse, dans laquelle il était obligé de rester longtemps en relation avec ses sujets, 
et de les examiner de très près. 
[Note 2: Voir _Année psychol._, I, p. 360.] 
Il faisait entendre aux personnes des sons rythmés de différentes façons, et devait ensuite, 
par des interrogations minutieuses, chercher à savoir comment chaque personne avait 
perçu les sons, les avait groupés et rythmés. Il fut frappé de la manière fort différente 
dont chacun se prêtait à l'expérience, et il les classa tous en trois catégories: 1° d'abord, 
ceux qui s'empressent d'accepter toutes les suggestions de l'opérateur; ils n'ont aucune 
idée à eux, adoptent celle qu'on leur suggère avec une docilité surprenante; ce sont les 
automatiques ou passifs de la classification précédente; 2° ceux qui cherchent à se faire 
une opinion personnelle; leur attitude est celle d'un scepticisme modéré et raisonnable: ils 
donnent leurs impressions avec exactitude, ce sont les meilleurs sujets. L'opinion à 
laquelle ils arrivent sur la question n'est pas toujours juste, car elle repose le plus souvent 
sur des données incomplètes; 3° les contrariants; c'est l'espèce détestable, le désespoir des 
expérimentateurs. Ce sont des gens qui poussent l'esprit de contradiction jusqu'à la 
mauvaise foi; ils critiquent tout, le but de l'expérience, les conditions où l'on opère; ils 
sont subtils; ils refusent de donner leur opinion, tant qu'ils ne connaissent pas celle des 
autres sujets ou celle de l'expérimentateur; dès qu'ils la connaissent, ils s'empressent d'en 
prendre le contre-pied, avec un grand entrain d'ergotage, Si on ne livre à leur critique 
aucune opinion, ils refusent de dire la leur et se renferment dans un silence dédaigneux. 
Cette seconde classification des caractères--quoique l'auteur n'ait pas eu le moins du 
monde la prétention d'en faire une--ressemble beaucoup à la première, avec les 
différences obligées; et soit dit en passant, c'est de cette manière-là seulement--en 
classant les réactions des sujets d'après une série de points de vue,--qu'on arrivera à
établir une théorie générale des caractères, et non en faisant des classifications théoriques, 
véritables châteaux bâtis en l'air. Mais ce n'est point, pour le moment, le sujet que nous 
avons en vue. Nous avons voulu simplement montrer, en reproduisant les deux 
classifications précédentes, que la suggestibilité en forme le fond, et qu'on ne peut pas 
étudier le caractère sans tenir compte de cet élément essentiel. 
G. de Lapouge[3], traitant de l'inégalité parmi les hommes, a proposé de rattacher chaque 
individu ou chaque groupe à quatre grands types intellectuels: 
1° Le premier type est celui des initiateurs, des inventeurs; tout ce qui change une 
civilisation leur est dû. 
2° Le second est celui des hommes intelligents et ingénieux, qui reprennent et 
perfectionnent les inventions des premiers. 
3° Le troisième type réunit les individus à esprit de troupeau, comme dit Galton, qui sont 
les ennemis de toutes les idées nouvelles, de tous les progrès, et opposent soit une lutte 
opiniâtre, s'ils sont intelligents, soit une inertie absolue s'ils sont inférieurs. 
4° Le quatrième type est incapable de produire, de combiner, et même de recevoir par 
éducation la plus modeste somme de culture. 
[Note 3: G. de Lapouge, De l'inégalité parmi les hommes, _Revue d'anthrop._, 3e série, 
III, 1888, p. 9.] 
Cette classification des types intellectuels est curieuse; elle ne me paraît fondée sur 
aucune recherche expérimentale; je l'ai reproduite parce qu'elle repose, comme celle de 
Tissié, au moins en partie sur la notion de suggestibilité. 
Nous pensons que    
    
		
	
	
	Continue reading on your phone by scaning this QR Code
 
	 	
	
	
	    Tip: The current page has been bookmarked automatically. If you wish to continue reading later, just open the 
Dertz Homepage, and click on the 'continue reading' link at the bottom of the page.
	    
	    
