L'île de sable 
 
The Project Gutenberg EBook of L'île de sable, by Émile Chevalier 
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Title: L'île de sable 
Author: Émile Chevalier 
Release Date: May 26, 2006 [EBook #18454] 
Language: French 
Character set encoding: ISO-8859-1 
*** START OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK L'ÎLE DE 
SABLE *** 
 
Produced by Rénald Lévesque 
 
ÉMILE CHEVALIER 
 
L'ILE 
DE SABLE
CALMANN LÉVY, ÉDITEUR ANCIENNE MAISON MICHEL 
LÉVY FRÈRES 3, RUE AUBER, 3, ET BOULEVARD DES 
ITALIENS, 15 A LA LIBRAIRIE NOUVELLE 
 
PROLOGUE 
EN BRETAGNE 
 
I 
LES ROUTIERS 
Par une belle matinée de mai 1598, deux cavaliers sortirent de la ville 
de Saint-Malo, prirent une route boisée qui conduisait au sud, et 
s'avancèrent vers un plateau escarpé. 
Ces deux cavaliers portaient un costume mi-parti militaire, mi-parti de 
cour. Le plus vieux paraissait âgé de quarante-cinq ans. 
L'autre était un jeune homme, vêtu avec un goût sobre et distingué. 
Quoique armé, comme son compagnon, il semblait revenir d'une fête 
ou aller à quelque gente réunion de châtelaines. Sa physionomie avait 
ce caractère d'intrépidité féminine qui distingue les rejetons de la vielle 
noblesse; ses traits étaient délicats, mais dans son oeil rayonnait une 
indicible fierté; son front était blanc comme le marbre, mais large et 
bombé, son nez finement dessiné, mais hardi dans son jet, sa bouche 
petite, mais railleuse; son menton agréable mais allongé; son corps 
grêle, mais musculeux et vigoureusement charpenté. Enfin, il était le 
type de cette race franque qui s'imposa à la Gaule par la force brutale 
après la décadence de l'empire romain. 
Le premier avait nom Guillaume, marquis de la Roche-Gommard. 
Le second avait nom Jean, vicomte de Ganay.
Celui-là était Breton. 
Celui-ci était Bourguignon. 
Tous deux comptaient des croisés parmi leurs aïeux; et, bien que la 
glace féodale commençât à se fondre au soleil de la royauté, les de la 
Roche et les de Ganay s'efforçaient de suivre les traditions surannées de 
leurs ancêtres. C'est pourquoi Jean avait été envoyé en Bretagne par le 
comte Germain de Ganay, son père, pour y faire ses premières armes 
sous le patronage du marquis de la Roche, avec lequel il s'était lié 
d'amitié durant les guerres de la Ligue. Après avoir été page, Jean 
s'était élevé au grade d'écuyer, et, à ce titre, servait Guillaume de la 
Roche. 
Durant une demi-heure les deux cavaliers chevauchèrent sans 
prononcer une parole. Le chemin qu'ils parcouraient était sinueux, 
raboteux et profondément encaissé entre une double haie d'aubépine et 
de merisiers en fleurs. Le marquis, sombre et soucieux, s'abandonnait à 
l'allure nonchalante de sa monture; le vicomte, non moins soucieux, 
dévorait l'horizon du regard, et aurait voulu sans doute presser le pas de 
sa monture, mais un sentiment de déférence l'empêchait de devancer 
son compagnon qu'il suivait à une courte distance. Tout à coup, comme 
ils atteignaient un endroit où la route formait un coude, cinq cavaliers, 
armés de toutes pièces, lance en arrêt, et visière baissée, s'offrirent à 
leur vue. 
--Par la messe, que signifie ceci? s'écria Guillaume de la Roche tirant 
son épée. 
--Rendez-vous, ou vous êtes morts! commanda un des cavaliers dont le 
casque était surmonté d'une aigrette noire. 
--Sur mon âme! riposta de la Roche, l'invitation est aussi curieuse que 
courtoise. Qui es-tu, beau sire, pour te mettre en notre présence, sans 
permission? Arrière, manant; sinon te ferai pendre haut et court, toi et 
les lâches bandits qui t'accompagnent. 
Cette menace n'intimida pas les assaillants, car ils répondirent par un
bruyant éclat de rire, pendant que leur chef reprenait la parole. 
--Je suis, dit-il, de bonne lignée, marquis de la Roche, et te déclare mon 
prisonnier. 
--Attends que tu m'aies pris, avant de te répandre en forfanteries, 
chevalier traître et félon. Maintenant, je te somme de détaler, ou je tire 
sur toi comme sur un chien enragé. 
Et la Roche, après un signe à Jean de Ganay, avait rapidement replacé 
son épée dans son fourreau et saisi un pistolet de chaque main. Le jeune 
homme avait imité ce mouvement avec non moins de promptitude. 
--Sus! sus! Emparez-vous des mécréants, mes braves, cria le chef des 
rufians. 
--Couard! viens donc te mesurer avec moi, à la longueur d'une lame! 
--Cent écus d'or pour vous, si vous m'amenez le marquis vivant! se 
contenta de dire l'autre à ses estafiers. 
--Reçois toujours ceci comme à-compte, repartit la Roche en dirigeant 
un de ses pistolets contre son adversaire. 
Mais, quoique le coup fût bien ajusté, il n'eut aucun effet. La balle 
rebondit sur la cuisse du chevalier sans même la bossuer, et les routiers 
évoluèrent autour de nos héros pour leur couper la    
    
		
	
	
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