je ne sais ni l'histoire, ni la 
géographie, ni rien... mais le français, cela me paraît prodigieux... Tout 
de même, ils ne m'empêcheront pas d'avoir tout Paris à mon 
enterrement!» 
Et nous reconduisant jusqu'à la porte de son cabinet, il nous dit: 
«Voyez-vous, jeunes gens, il ne faut pas trop, trop de conscience!» 
* * * * * 
--Sur la route de Versailles, au Point-du-Jour, à côté d'un cabaret ayant 
pour enseigne: A la renaissance du Perroquet savant, un mur qui 
avance avec de vieilles grilles rouillées qu'on ne dirait jamais s'ouvrir. 
Le mur est dépassé par un toit de maison et par des cimes de 
marronniers étêtés, au milieu desquels s'élève un petit bâtiment 
carré,--une glacière surmontée d'une statue de plâtre tout écaillée: LA 
FRILEUSE d'Houdon. 
Dans ce mur fruste, une porte à la sonnette de tirage cassée, dont le 
tintement grêle éveille l'aboiement de gros chiens de montagne. On est 
long à venir ouvrir; à la fin, un domestique apparaît et nous conduit à 
un petit atelier dans le jardin, éclairé par le haut et tout souriant. C'est là 
que nous faisons notre première visite à Gavarni. 
Il nous promène dans sa maison dont il nous raconte l'histoire: un 
ancien atelier de faux-monnoyeurs sous le Directoire, devenu la 
propriété du fameux Leroy, le modiste de Joséphine, qui utilisa la 
chambre de fer où l'on avait fabriqué la fausse monnaie à serrer les 
manteaux de Napoléon, brodés d'abeilles d'or. Il nous fait traverser les 
grandes pièces du rez-de-chaussée, décorées de peintures sur les murs 
représentant des vues locales: la porte d'Auteuil en 1802. 
Nous parcourons avec lui toute la maison et les interminables corridors 
du second étage, où d'anciens costumes de carnaval, mal emballés, 
s'échappent et ressortent de cartons à chapeaux de femmes.
Nous redescendons dans sa chambre, où près d'un petit lit de fer étroit, 
--une couche d'ascète,--il y a sur la table de nuit un couteau en travers 
d'un livre ayant pour titre: LE CARTÉSIANISME. 
* * * * * 
--Tous comptes faits avec Dumineray, le seul éditeur de Paris qui, sous 
l'état de siège, ait osé prendre en dépôt notre pauvre EN 18.., nous 
avons vendu une soixantaine d'exemplaires. 
* * * * * 
--J'ai eu, dans ma famille, un type de la fin d'un monde,--un marquis, le 
fils d'un ancien ministre de la monarchie. 
C'était, quand je l'ai connu un beau vieillard à cheveux d'argent, 
rayonnant de linge blanc, ayant la grande politesse galante du 
gentilhomme, la mine tout à la fois bienveillante et haute, la face d'un 
Bourbon, la grâce d'un Choiseul, et le sourire toujours jeune auprès des 
femmes. 
Cet aimable et charmant débris de cour n'avait qu'un défaut: il ne 
pensait pas. De sa vie je ne l'ai jamais entendu parler d'une chose qui ne 
fût pas aussi matérielle que le temps du jour ou le plat du dîner. Il 
recevait et faisait relier le CHARIVARI et la MODE. Il pardonnait 
pourtant à la fin au gouvernement qui faisait monter la rente. Il 
s'enfermait pour faire des comptes avec sa cuisinière: c'était ce qu'il 
appelait travailler. Il avait un prie-Dieu recouvert en moquette dans sa 
chambre. Il avait dans son salon des meubles de la Restauration, des 
fauteuils en tapisserie au petit point, où était restée comme l'ombre du 
chapeau de la duchesse d'Angoulême. Il avait une vieille livrée, une 
vieille voiture, et un vieux nègre qu'il avait rapporté des colonies, où il 
mena joyeuse vie pendant l'émigration: ce nègre était comme un 
morceau du XVIIIe siècle et de sa jeunesse à côté de lui. 
Mon parent avait encore les préjugés les plus inouïs. Il croyait par 
exemple que les gens qui font regarder la lune, mettent dans les 
lorgnettes des choses qui font mal aux yeux, etc., etc.
Il allait à la messe, jeûnait, faisait ses pâques. A la fin du carême, le 
maigre l'exaspérait: alors seulement il grondait ses domestiques. 
Il demeurait dans tout cet homme quelque chose d'un grand principe 
tombé en enfance. C'était une bête généreuse, noble, vénérable, une 
bête de coeur et de race. 
* * * * * 
GAVARNIANA. 
--Je hais tout ce qui est coeur imprimé, mis sur du papier. 
--Je fais le bien, parce qu'il est un grand seigneur qui me paye cela,--et 
ce grand seigneur, c'est le plaisir de bien faire. 
--Le chemin de fer et sa vitesse relative, voilà un beau progrès, si vous 
avez décuplé chez l'homme le désir de la vitesse! 
--Gavarni disait de Dickens «qu'il avait une vanité énorme et 
paralysante, peinte sur la figure.» 
--Gavarni avait vu de Balzac un billet ainsi rédigé: 
De chez Vachette. 
Mon cher Posper (sic), viens ce soir chez Laurent-Jan, il y aura des c.... 
p..... bien habillées. 
BALZAC. 
--Quand Gavarni avait été à Bourg avec Balzac pour tâcher de sauver 
Peytel, il était obligé    
    
		
	
	
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