obligé de 
vendre une collection des ORDONNANCES DES ROIS DE FRANCE 
pour lui allonger l'existence, puis il découvre un usurier dont il tire cinq 
à six mille francs. Les gérants, à cent sous la signature, se succèdent: le 
premier, Pouthier, un peintre bohème, ami de collège d'Edmond, est 
remplacé par un nommé Cahu, un être aussi fantastique que son nom, et 
qui est libraire philologique dans le quartier de la Sorbonne et membre 
de l'Académie d'Avranches; et Cahu cède la place à un ancien militaire, 
auquel un tic nerveux fait à tout moment regarder la place de ses 
épaulettes et cracher par-dessus ses deux épaules. 
Dans les six mille francs que Villedeuil était censé avoir reçus de son 
usurier, figurait, pour une assez forte valeur, un lot de deux cents 
bouteilles de champagne. Le vin commençant à s'avarier, le fondateur 
de l'ÉCLAIR a l'idée d'enlever le journal en donnant un bal, et en 
offrant ce bal au champagne, comme prime aux abonnés. On invite 
toutes les connaissances de l'ÉCLAIR, le bohème Pouthier, un 
architecte sans ouvrage, un marchand de tableaux, des anonymes 
ramassés au hasard de la rencontre, quelques femmes vagues, et, à un 
moment, pour animer un peu cette fête de famille, Nadar, qui 
commençait une série de caricatures dans notre journal, a l'idée d'ouvrir 
les volets, et d'inviter les passants et les passantes par la fenêtre. 
--Une femme entretenue de notre maison disait à sa bonne: «Vous 
pourriez bien dire: Madame, s'il vous plaît.--Tiens, je n'ai pas la force 
de parler, et il faut encore que je dise: Madame, et s'il vous plaît!» 
--Le Jéhovah de la Bible, un Arpin. Le Dieu de l'Évangile, un Ésope 
onctueux, un politique, un agent d'affaires à consultations gratuites et 
bienveillantes. 
--Nous qui avons passé notre enfance à regarder, à copier des 
lithographies de Gavarni, nous qui étions, sans le connaître, et sans qu'il 
nous connût, ses admirateurs, nous avons décidé Villedeuil à lui 
demander des dessins. Et ce soir, un dîner a eu lieu, à la Maison d'Or, 
où il nous a proposé pour notre journal la série du MANTEAU 
D'ARLEQUIN.
--Portrait d'un vieux monsieur en omnibus. Face massive et mafflue. 
Des taches blanchâtres au lieu de sourcils. Yeux en verroterie bleue à 
fleur de tête. Poches jaunâtres et bleuissantes sous les yeux. Petit nez 
très relevé au bout couleur de nèfle. Oreilles couleur de vieille cire, 
avec dessus un duvet blanc comme sur les orties. 
Autre vieux monsieur. Cheveux blancs très courts, sourcils restés noirs, 
des yeux qui semblent des yeux d'émail entre des paupières sans cils, 
coloration bilieuse du teint, galbe osseux, sculpture émaciée des chairs. 
Ce vieillard à la tête où il y a du cabotin et du conventionnel, porte un 
col large, rabattu à l'enfant, une cravate chamois à bouquets roses et 
verts, et une chaîne de montre s'échappe de son gilet pour se perdre 
dans la poche extérieure d'une redingote vert bouteille, pendant qu'une 
de ses mains ornée d'une bague en turquoise, pose sur un manteau plié 
sur ses genoux, un manteau raisin de Corinthe. 
--«Les tragédies... oh! que c'est embêtant ces vieilles tragédies!... 
Rachel... une femme plate!...--c'est Janin qui cause avec le décousu d'un 
de ses feuilletons.--Les acteurs... ils jouent tous la même chose... moi, 
je ne parle que des actrices... Encore, quand ils sont bien laids, comme 
Ligier, on peut dire qu'ils ont du talent... mais, sans cela jamais leur 
nom ne se trouve sous ma plume... Voyez-vous, le théâtre, il faut que 
ça soit deux et deux font quatre, et qu'il y ait des rôles de femmes... 
c'est ce qui fait le succès de Mazères.... Figurez-vous que Mlle B... est 
venue l'autre jour me demander 500 francs. Je lui ai demandé pourquoi? 
Afin de parfaire 1000 francs pour se faire aimer par F...» Et Janin éclate 
de rire. «Une chose neuve? une chose neuve pour le public, allons donc! 
Si la REVUE DES DEUX MONDES changeait de couleur sa 
couverture, elle perdrait 2000 abonnés... Amusez-vous, allez, on 
regrette ça plus tard, il n'est plus temps... A propos, vous avez écrit un 
joli article sur cet ornemaniste, sur ce Possot... Vous avez quelque 
chose de lui, hein?... Oh! les attaques, ça ne me fait rien. Qu'est-ce 
qu'on peut me dire: que je suis bête, que je suis vieux, que je suis laid! 
Ça m'est parfaitement égal... Ce Roqueplan, un homme tout couvert de 
l'aes alienum, comme dit Salluste... Tenez, il y a un jeune homme, 
l'auteur d'une SAPHO, qui a touché juste, le mâtin! Il a mis dans sa 
préface: les auteurs qui vont louer leurs livres au cabinet de lecture... Et
ce Pyat... J'ai voulu devant les magistrats dire toute ma conduite, 
montrer toute ma vie... Mais quand on me dit que je ne sais pas le 
français, moi, qui ne sais que cela... car    
    
		
	
	
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