Journal des Goncourt (Deuxième série, premier volume)

Edmond de Goncourt
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Journal des Goncourt (Deuxième
série, premier volume)

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Title: Journal des Goncourt (Deuxième série, premier volume)
Mémoires de la vie littéraire
Author: Edmond de Goncourt
Release Date: December 6, 2005 [EBook #17238]
Language: French
Character set encoding: ISO-8859-1
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DES GONCOURT ***

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JOURNAL DES GONCOURT
--MÉMOIRES DE LA VIE LITTÉRAIRE--
DEUXIÈME SÉRIE
PREMIER VOLUME 1870-1871
PARIS, BIBLIOTHÈQUE CHARPENTIER, 11, RUE DE
GRENELLE.
SIXIÈME MILLE
1890
* * * * *
PRÉFACE
La vérité, que personne ne veut ou n'ose dire, je cherche, de mon vivant,
à la dire un rien, en attendant que, vingt ans après ma mort, ce journal
la dise tout entière.
Voici donc un premier volume d'une seconde série du JOURNAL DES
GONCOURT (1870-1890) racontant le Siège et la Commune. Il sera
suivi, si Dieu me prête vie, de deux autres.
EDMOND DE GONCOURT.
Auteuil, juin 1890.

JOURNAL DES GONCOURT

ANNÉE 1870
_Dimanche 26 juin_[1].--Bar-sur-Seine. Les endroits, où il y a de ma
vie d'autrefois, ne me parlent plus, ne me disent plus rien de neuf
aujourd'hui,--ils ne font que me faire ressouvenir.
[Note 1: Mon frère était mort à Auteuil, le 20 juin.]
Dans cette maison, où nous avons été toujours deux, par moments, je
me surprends à penser à lui, ainsi que s'il était vivant, ou du moins
j'oublie qu'il est mort; et il y a certains coups de sonnette, qui me
remuent sur ma chaise, comme si la sonnette était agitée par les retours
hâtés de Jules, jetant, dès la porte, à la domestique: «Où est Edmond?»
* * * * *
_Jeudi 30 juin_.--Je suis si malheureux, qu'il y a comme une émotion
de la sensibilité de la femme autour de moi. L'aimable lettre que celle
de Mme***... et l'ineffable tendresse qu'elle m'apporte à travers la
personne de Jésus-Christ.
J'ai un souvenir que je ne peux chasser. J'avais un moment imaginé de
le faire jouer au billard. Je voulais le distraire, et ne faisais que le
supplicier. Un jour, où la souffrance sans doute l'empêchait de
s'appliquer, et qu'il ne faisait que queuter, je lui donnai un petit coup de
queue sur les doigts: «Comme tu es brutal avec moi!» me dit-il. Oh! la
note à la fois douce et triste de ce reproche, je l'ai toujours dans
l'oreille.
* * * * *
_3 juillet_.--Un récit de guerre. Le capitaine de vaisseau Bourbonne
contait, hier, que dans une batterie de Sébastopol, un canon ayant une
roue qui tournait mal, par suite du recul de la pièce à chaque tir, il avait
commandé à un soldat de marine qui desservait la pièce, de graisser la
roue. Il n'y avait pas de graisse là, il fallait en aller chercher. Le soldat
de marine, sans dire un mot, s'empara d'une hache, fendit le crâne d'un

mort encore chaud, prit sa cervelle dans ses mains, et plaqua
simplement la cervelle du mort sur le moyeu de la roue.
* * * * *
_10 juillet_.--Nous allons à Juilly pour une adjudication, et nous dînons
chez le curé.
Un logis de curé joliment documentaire.
Une petite cour resserrée par un bûcher, aux bûches disparaissant sous
les porte-bougies et les dais en feuilles de chêne artificielles, qui
servent aux grandes cérémonies de l'église. Une salle à manger, où se
voient la lithographie de l'Assomption de Murillo, des vases à fleurs,
tout cassés, vieux rebuts de l'autel, une cafetière en plaqué, don des
paroissiens. Un cabinet de travail, entouré de planches peintes en noir,
chargées de gradus de collège, de livres de théologie poudreux, avec,
sur une chaise, un tableau de mathématique, avec, au mur, une
chronologie: une grande image, où du sein d'une femme sort un arbre,
dont les rameaux portent, au milieu de guirlandes de lauriers, les
médaillons des rois de France,--le tout encadré dans une bande d'étoffe
à losanges rouges et blancs.
La chambre à coucher a des rideaux de cotonnade jaune, d'affreux
rideaux _oeillet d'Inde_. Il se trouve dans un coin un orgue mélodium;
une lithographie coloriée de la «Vierge à la chaise» remplace la glace;
sur une table est posée la calotte du curé, entre des petits morceaux de
papier bleu, des étoiles
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