Histoire de Napoléon et de la 
Grande-Armée
by Général 
Comte de Ségur 
 
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Grande-Armée 
pendant l'année 1812, by Général Comte de Ségur This eBook is for the 
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Title: Histoire de Napoléon et de la Grande-Armée pendant l'année 
1812 Tome I 
Author: Général Comte de Ségur 
Release Date: November 29, 2006 [EBook #19972] 
Language: French 
Character set encoding: ISO-8859-1 
*** START OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK HISTOIRE 
DE NAPOLÉON ET DE *** 
 
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[Note du transcripteur: l'orthographe de l'original est conservée.] 
 
HISTOIRE DE NAPOLÉON ET DE LA GRANDE-ARMÉE 
PENDANT L'ANNÉE 1812; 
par 
M. le général comte de Ségur. 
Quamquam animus meminisse horret, luctuque refugit incipiam......... 
Virg. 
TOME PREMIER. 
BRUXELLES, ARNOLD LACROSSE, IMPRIMEUR-LIBRAIRE, 
RUE DE LA MONTAGNE, Nº 1015. 1825. 
* * * * * 
Aux Vétérans de la Grande-Armée. 
* * * * * 
Mes Compagnons, 
J'entreprends de tracer l'histoire de la grande-armée et de son chef 
pendant l'année 1812. J'adresse ce tableau à ceux d'entre vous que les 
glaces du nord ont désarmés, et qui ne peuvent plus servir la patrie que 
par les souvenirs de leurs malheurs et de leur gloire. Arrêtés dans votre 
noble carrière, vous existez plus encore dans le passé que dans le 
présent; mais quand les souvenirs sont si grands, il est permis de ne 
vivre que de souvenirs. Je ne craindrai donc pas, en vous rappelant le
plus funeste de vos faits d'armes, de troubler un repos si chèrement 
acheté. Qui de nous ignore que, du sein de son obscurité, les regards de 
l'homme déchu se tournent involontairement vers l'éclat de son 
existence passée, même lorsque cette lueur brille sur l'écueil où se brisa 
sa fortune, et quand elle éclaire les débris du plus grand des naufrages. 
Moi-même, je l'avouerai, un sentiment irrésistible me ramène sans 
cesse vers cette désastreuse époque de nos malheurs publics et privés. 
Je ne sais quel triste plaisir ma mémoire trouve à contempler et à 
reproduire les traces douloureuses que tant d'horreurs lui ont laissées. 
L'ame aussi est-elle donc fière de ses profondes et nombreuses 
cicatrices? se plaît-elle à les montrer? est-ce une possession dont elle 
doive s'enorgueillir? ou plutôt, après le désir de connaître, son premier 
besoin serait-il de faire partager ses sensations? Sentir et faire éprouver, 
sont-ce là les plus puissans mobiles de notre ame? 
Mais, enfin, quelle que soit la cause du sentiment qui m'entraîne, je 
cède au besoin de retracer toutes les sensations que j'ai éprouvées dans 
le cours de cette funeste guerre. Je veux occuper mes loisirs à démêler, 
à rassembler avec ordre, et à résumer mes souvenirs épars et confondus. 
Compagnons, j'invoque aussi les vôtres! ne laissez pas se perdre de si 
grands souvenirs, achetés si cher, et qui sont pour nous le seul bien que 
le passé laisse à l'avenir. Seuls contre tant d'ennemis, vous tombâtes 
avec plus de gloire qu'ils ne se relevèrent. Sachez donc être vaincus 
sans honte! relevez ces nobles fronts, sillonnés de toutes les foudres de 
l'Europe! n'abaissez pas ces yeux qui ont vu tant de capitales soumises, 
tant de rois vaincus! Le sort vous devait sans doute un plus glorieux 
repos, mais, quel qu'il soit, il dépend de vous d'en faire un noble usage. 
Dictez à l'histoire vos souvenirs; la solitude et le silence du malheur 
sont favorables à ses travaux; et qu'enfin la vérité, toujours présente aux 
longues nuits de l'adversité, éclaire des veilles qui ne soient pas 
infructueuses. 
Pour moi, j'userai du privilège, tantôt cruel, tantôt glorieux, de dire ce 
que j'ai vu; j'en retracerai peut-être avec un soin trop scrupuleux 
jusqu'aux moindres détails: mais j'ai cru que rien n'était minutieux dans 
ce prodigieux génie et ces faits gigantesques, sans lesquels nous ne
saurions pas jusqu'où peut aller la force, la gloire et l'infortune de 
l'homme. 
 
HISTOIRE DE NAPOLÉON ET DE LA GRANDE-ARMÉE 
PENDANT L'ANNÉE 1812. 
 
LIVRE PREMIER. 
 
CHAPITRE I. 
DEPUIS 1807, l'intervalle entre le Rhin et le Niémen était franchi, et 
ces deux fleuves devenus rivaux. Par ses concessions à Tilsitt, aux 
dépens de la Prusse, de la Suède et de la Turquie, Napoléon n'avait 
gagné qu'Alexandre. Ce traité était le résultat de la défaite de la Russie, 
et la date de sa soumission au système continental. Il attaquait, chez les 
Russes, l'honneur, compris par quelques-uns, et l'intérêt, que tous 
comprennent. 
Par le système continental, Napoléon avait déclaré une guerre à mort 
aux Anglais; il    
    
		
	
	
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