Dialogue aux enfers entre Machiavel et Montesquieu

Maurice Joly

Dialogue aux enfers entre Machiavel et?by Maurice Joly

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Montesquieu, by Maurice Joly This eBook is for the use of anyone anywhere at no cost and with almost no restrictions whatsoever. You may copy it, give it away or re-use it under the terms of the Project Gutenberg License included with this eBook or online at www.gutenberg.net
Title: Dialogue aux enfers entre Machiavel et Montesquieu
Author: Maurice Joly
Release Date: August 15, 2004 [EBook #13187]
Language: French
Character set encoding: ISO-8859-1
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DIALOGUE AUX ENFERS ENTRE MACHIAVEL ET MONTESQUIEU
OU
LA POLITIQUE DE MACHIAVEL AU XIXe SI��CLE,
PAR UN CONTEMPORAIN.

?Bient?t on verrait un calme affreux, pendant lequel tout se r��unirait contre la puissance violatrice des lois.?
?Quand Sylla voulut rendre la libert�� �� Rome, elle ne put plus la recevoir?
(MONTESQUIEU, Esp. des Lois.)

BRUXELLES, IMPRIMERIE DE A. MERTENS ET FILS, RUE DE L'ESCALIER, 22
1864

SIMPLE AVERTISSEMENT.
Ce livre a des traits qui peuvent s'appliquer �� tous les gouvernements, mais il a un but plus pr��cis: il personnifie en particulier un syst��me politique qui n'a pas vari�� un seul jour dans ses applications, depuis la date n��faste et d��j�� trop lointaine, h��las! de son intronisation.
Il ne s'agit ici ni d'un libelle, ni d'un pamphlet; le sens des peuples modernes est trop polic�� pour accepter des v��rit��s violentes sur la politique contemporaine. La dur��e surnaturelle de certains succ��s est d'ailleurs faite pour corrompre l'honn��tet�� elle-m��me; mais la conscience publique vit encore et le ciel finira bien quelque jour par se m��ler de la partie qui se joue contre lui.
On juge mieux de certains faits et de certains principes quand on les voit en dehors du cadre o�� ils se meuvent habituellement sous nos yeux; le changement du point d'optique terrifie parfois le regard!
Ici, tout se pr��sente sous la forme d'une fiction; il serait superflu d'en donner, par anticipation, la clef. Si ce livre a une port��e, s'il renferme un enseignement, il faut que le lecteur le comprenne et non qu'on le lui commente. Cette lecture, d'ailleurs, ne manquera pas d'assez vives distractions; il faut y proc��der lentement toutefois, comme il convient aux ��crits qui ne sont pas des choses frivoles.
On ne demandera pas quelle est la main qui a trac�� ces pages: une oeuvre comme celle-ci est en quelque sorte impersonnelle. Elle r��pond �� un appel de la conscience; tout le monde l'a con?ue, elle est ex��cut��e, l'auteur s'efface, car il n'est que le r��dacteur d'une pens��e qui est dans le sens g��n��ral, il n'est qu'un complice plus ou moins obscur de la coalition du bien.
GEN��VE, le 15 octobre 1864.

1re PARTIE.

PREMIER DIALOGUE.
MACHIAVEL.
Sur les bords de cette plage d��serte, on m'a dit que je rencontrerais l'ombre du grand Montesquieu. Est-ce elle-m��me qui est devant moi?
MONTESQUIEU.
Le nom de Grand n'appartient ici �� personne, ? Machiavel! Mais je suis celui que vous cherchez.
MACHIAVEL.
Parmi les personnages illustres dont les ombres peuplent le s��jour des t��n��bres, il n'en est point que j'aie plus souhait�� de rencontrer que Montesquieu. Refoul�� dans ces espaces inconnus par la migration des ames, je rends graces au hasard qui me met enfin en pr��sence de l'auteur de l'Esprit des lois.
MONTESQUIEU.
L'ancien secr��taire d'��tat de la R��publique florentine n'a point encore oubli�� le langage des cours. Mais que peuvent avoir �� ��changer ceux qui ont franchi ces sombres rivages, si ce n'est des angoisses et des regrets?
MACHIAVEL.
Est-ce le philosophe, est-ce l'homme d'��tat qui parle ainsi? Qu'importe la mort pour ceux qui ont v��cu par la pens��e, puisque la pens��e ne meurt pas? Je ne connais pas, quant �� moi, de condition plus tol��rable que celle qui nous est faite ici jusqu'au jour du jugement dernier. ��tre d��livr�� des soins et des soucis de la vie mat��rielle, vivre dans le domaine de la raison pure, pouvoir s'entretenir avec les grands hommes qui ont rempli l'univers du bruit de leur nom; suivre de loin les r��volutions des ��tats, la chute et la transformation des empires, m��diter sur leurs constitutions nouvelles, sur les changements apport��s dans les moeurs et dans les id��es des peuples de l'Europe, sur les progr��s de leur civilisation, dans la politique, dans les arts, dans l'industrie, comme dans la sph��re des id��es philosophiques, quel th��atre pour la pens��e! Que de sujets d'��tonnement! que de points de vue nouveaux! Que de r��v��lations inou?es! Que de merveilles, s'il faut en croire les ombres qui descendent ici! La mort est pour nous comme une retraite profonde o�� nous achevons de recueillir les le?ons de l'histoire et les titres de l'humanit��. Le n��ant lui-m��me n'a pu briser tous les liens qui nous rattachent �� la terre, car la post��rit�� s'entretient encore de ceux qui, comme
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