montra 
qu'elle les avait ramassés et les remit dans le sac, qu'ils lièrent à eux 
deux à l'endroit de la déchirure. Le petit garçon remercia bien Solange, 
et continua sa route. 
 
LA GRAND'MÈRE AVEUGLE. 
«Appuyez-vous sur moi, grand'mère, n'ayez pas peur! quoique je sois 
petite encore, je vous conduirai aussi bien que votre bonne. 
--Mon enfant, je ne veux pas que tu restes tristement à promener une 
pauvre aveugle comme moi, au lieu d'aller jouer avec tes petites amies. 
--Grand'mère, quand j'étais toute petite, et que vous y voyiez clair, vous 
me portiez dans vos bras et vous me prêtiez vos jambes pour aller 
partout: moi, je veux aujourd'hui vous prêter mes yeux pour vous 
conduire.» 
 
LA PARESSE. 
Fernand était un bon garçon, mais extrêmement paresseux. Il fallait le 
tourmenter sans cesse pour qu'il fît son devoir et pour qu'il apprît ses 
leçons. 
«Si tu continues ainsi, lui dit son père un jour que l'enfant était encore 
plus mal disposé que de coutume, tu ne seras propre à rien. 
--Mais, papa, croyez-vous donc que les livres me donneront de 
l'intelligence si je n'en ai pas naturellement? 
--Non, mon ami: mais les enfants en ont tous, plus ou moins; si par 
l'étude tu nourris et fortifies celle que tu as reçue en partage, tu pourras 
alors l'appliquer à toutes choses; au contraire, si tu la laisses souffrir 
d'inanition, elle ne saurait te rendre aucun service.» 
Le soir, en revenant de la promenade, Fernand et son père passèrent 
devant la forge d'un maréchal. 
«Arrêtons-nous un moment, dit le père, et observe bien ce que fait cet 
ouvrier. 
--Papa, il souffle le feu de sa forge. 
--Et pourquoi souffle-t-il?
--Pour en obtenir la chaleur nécessaire pour rougir son fer. 
--Eh bien! mon fils, l'esprit est comme le feu: il a besoin d'être 
continuellement excité pour acquérir toute la force dont il est 
susceptible; et l'étude fait absolument sur lui l'effet que produit le 
soufflet sur le feu.» 
 
LE LOUP. 
Mme Moreau était fort occupée à écrire, quand sa petite fille Jenny 
entra tout à coup et se précipita dans ses bras. 
«Maman, dit-elle d'une voix si émue qu'on l'entendait à peine, ne 
couchez pas dans votre chambre ce soir! 
--Eh! pourquoi cela, mon cher ange? 
--Parce qu'il y a un loup dans le fond de votre alcôve. 
--Que me dis-tu là, petite folle? 
--Mais, maman, c'est bien vrai,» dit la petite en tremblant. 
Mme Moreau prit sa fille sur ses genoux; elle l'embrassa et lui dit 
doucement: 
«Est-ce que tu l'as vu, mon enfant? 
--Non, mère; mais je l'ai entendu. 
--Songe donc, ma chérie, qu'il n'y a pas de loups dans les villes et 
encore moins dans les chambres; ils restent dans les grands bois, bien 
loin, bien loin. 
--Maman, il y a un loup dans votre chambre, c'est bien sûr! 
--Eh bien, allons l'en chasser toutes les deux; il ne me fait pas peur, à 
moi, le loup.» 
Mme Moreau prit sa petite fille dans ses bras et monta tout doucement 
jusqu'à sa chambre. Elle entendit en effet une espèce de hurlement 
sourd, et Jenny, serrant le cou de sa mère entre ses petits bras potelés, 
se cacha la figure sur son épaule. 
Mme Moreau alla droit à l'alcôve d'où partait le bruit; elle découvrit 
Gaston qui s'était caché pour faire peur à sa petite soeur. 
«Gaston, ce que vous faites là est très-mal! 
--Maman, répondit le petit garçon un peu confus, c'était pour m'amuser. 
--Monsieur, il n'y a que les mauvais coeurs qui s'amusent de ce qui 
tourmente les autres. Vous voyiez votre soeur très-effrayée, et vous 
avez continué ce jeu cruel! 
--Pourquoi est-elle assez sotte pour croire qu'il y ait un loup dans
l'alcôve? 
--Jenny n'est point sotte, monsieur; seulement c'est une enfant qui ne 
peut encore raisonner; et, comme je ne veux pas auprès de moi d'un 
garçon qui met son plaisir dans le chagrin de sa soeur, vous passerez 
demain votre congé tout seul dans votre chambre.» 
 
CONTENTE DE PEU. 
«Mon Dieu, grand'mère, que nous te plaignons d'être si mal logée! Tu 
n'as ni persiennes, ni rideaux à ta fenêtre, et tes murs sont tout nus. On 
ne trouve seulement pas chez toi un fauteuil pour s'asseoir; que tu dois 
donc te trouver malheureuse! 
[Illustration: Quand je travaille à l'ombre, devant ma porte.] 
--Mais pas du tout, mes petits enfants. Quand je travaille à l'ombre, 
devant ma porte, en face de cette belle pièce de blé que voilà, 
descendant jusqu'à la verte prairie; quand je regarde les vignes qui, de 
l'autre côté de l'eau, vont en montant jusqu'au grand bois, je me trouve 
bien plus heureuse que si j'étais dans vos belles chambres, qu'il faut 
toujours tenir fermées afin que l'air n'altère pas la couleur des meubles. 
Au lieu qu'ici je vois le ciel bleu, et    
    
		
	
	
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