Angéline de Montbrun, by Laure 
Conan 
 
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Title: Angéline de Montbrun 
Author: Laure Conan 
Release Date: December 9, 2005 [EBook #17267] 
Language: French 
Character set encoding: ISO-8859-1 
*** START OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK ANGÉLINE 
DE MONTBRUN *** 
 
This text was adapted from that found at the Bibliothèque virtuelle 
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Ipperciel and the Faculté Saint-Jean (University of Alberta) for making 
it available. 
 
Angéline de Montbrun
Laure Conan 
 
«L'avez-vous cru que cette vie fut la vie?» 
Lacordaire. 
 
(Maurice Darville à sa soeur) 
Chère Mina, 
Je l'ai vue--j'ai vu ma Fleur des Champs, la fraîche fleur de Valriant,--et, 
crois-moi, la plus belle rose que le soleil ait jamais fait rougir ne 
mériterait pas de lui être comparée. Oui, ma chère, je suis chez M. de 
Montbrun, et je t'avoue que ma main tremblait en sonnant à la porte. 
--Monsieur et Mademoiselle sont sortis, mais ne tarderont pas à rentrer, 
me dit la domestique qui me reçut; et elle m'introduisit dans un petit 
salon très simple et très joli, où je trouvai Mme Lebrun, qui est ici 
depuis quelques jours. 
J'aurais préféré n'y trouver personne. Pourtant je fis de mon mieux. 
Mais l'attente est une fièvre comme une autre. 
J'avais chaud, j'avais froid, les oreilles me bourdonnaient affreusement, 
et je répondais au hasard à cette bonne Mme Lebrun qui me regardait 
avec l'air indulgent qu'elle prend toujours lorsqu'on lui dit des sottises. 
Enfin, la porte s'ouvrit, et un nuage me passa sur les yeux Angéline 
entrait suivie de son père. Elle était en costume d'amazone, ce qui lui va 
mieux que je ne saurais dire. Et tous deux me reprochèrent de ne pas 
t'avoir emmenée, comme s'il y avait de ma faute. 
Pourquoi t'es-tu obstinée à ne pas m'accompagner? Tu m'aurais été si 
utile. J'ai besoin d'être encouragé. 
Le souper s'est passé heureusement, c'est-à-dire j'ai été amèrement
stupide; mais je n'ai rien renversé, et dans l'état de mes nerfs, c'est 
presque miraculeux. 
M. de Montbrun, encore plus aimable et plus gracieux chez lui 
qu'ailleurs, m'inspire une crainte terrible, car je sais que mon sort est 
dans ses mains. 
Jamais sa fille n'entretiendra un sentiment qui n'aura pas son entière 
approbation, ou plutôt elle ne saurait en éprouver. Elle vit en lui un peu 
comme les saints vivent en Dieu. Ah! si notre pauvre père vivait! Lui 
saurait bien me faire agréer. 
Après le thé, nous allâmes au jardin, dont je ne saurais rien dire; je 
marchais à côté d'elle, et toutes les fleurs du paradis terrestre eussent 
été là, que je ne les aurais pas regardées. L'adorable campagnarde! elle 
n'a plus son éclatante blancheur de l'hiver dernier. Elle est hâlée, ma 
chère. Hâlée! que dis-je? n'est-ce pas une insulte à la plus belle peau et 
au plus beau teint du monde? Je suis fou et je me méprise. Non, elle 
n'est pas hâlée, 
Mais il semble qu'on l'ait dorée Avec un rayon de soleil. 
Elle portait une robe de mousseline blanche, et le vent du soir jouait 
dans ses beaux cheveux flottants. Ses yeux--as-tu jamais vu de ces 
beaux lacs perdus au fond des bois? de ces beaux lacs qu'aucun souffle 
n'a ternis, et que Dieu semble avoir faits pour refléter l'azur du ciel? 
De retour au salon, elle me montra le portrait de sa mère, piquante 
brunette à qui elle ne ressemble pas du tout, et celui de son père, à qui 
elle ressemble tant. Ce dernier m'a paru admirablement peint. Mais 
depuis les causeries artistiques de M. Napoléon Bourassa, dans un 
portrait, je n'ose plus juger que la ressemblance. Celle-ci est 
merveilleuse. 
--Je l'ai fait peindre pour toi, ma fille, dit M. de Montbrun; et 
s'adressant à moi: N'est-ce pas qu'elle sera sans excuse si elle m'oublie 
jamais?
Ma chère, je fis une réponse si horriblement enveloppée et maladroite, 
qu'Angéline éclata de rire, et bien qu'elle ait les dents si belles, je 
n'aime pas à la voir rire quand c'est à mes dépens. 
Tu ne saurais croire combien je suis humilié de cet embarras de paroles 
qui m'est si ordinaire auprès d'elle, et si étranger ailleurs. 
Elle me pria de chanter, et j'en fus ravi. Crois-moi, ma petite soeur, on 
ne parlait pas dans le paradis terrestre. Non, aux jours de l'innocence, 
de l'amour et du bonheur, l'homme ne parlait pas, il chantait. 
Tu m'as dit bien des fois que je ne chante jamais si bien qu'en sa 
présence, et je le sens. Quand elle m'écoute, alors le feu sacré s'allume    
    
		
	
	
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