Souvenirs de voyage | Page 4

M. et Mme Mercier-Thoinnet
beaux et
des plus solides de France.
Il est construit en maçonnerie de briques et de pierres de taille.
Ce pont est composé de dix-sept arches, qui reposent sur seize piliers.
Il y a une multitude de galeries semblables à des salles de cloîtres, qui
sont en communication entr'elles d'une extrémité du pont à l'autre. Il
existe sous chaque trottoir, garni de parapets, une galerie, continue en
forme d'aqueduc, qu'on peut visiter.
Le Théâtre, un des plus beaux de France, réunit tous les avantages:
architecture, situation, beautés extérieures; mais l'intérieur ne répond
pas à tant de richesses.
Bordeaux possède des hôtels renommés, le Palais des Princes, celui de
la Préfecture, celui de la Mairie; la Bourse, la Douane, sont
magnifiques.
Le quai des Chartrons, qui termine le port, la Place Royale, la Place
Dauphine, fixent aussi l'attention.

L'église Saint-Bruno, une des plus remarquables de la cité, a de belles
peintures, à fresque: dans une cellule de chartreux, on parle bas, et dans
une autre cellule à l'extrémité correspondante, on entend
très-intelligiblement la répétition vocale.
Dans le caveau de Saint-Michel, est une collection d'hommes desséchés
qui est, dit M. le Marquis de Gustine, l'herbier de quelques savants
Alchimistes: cette réunion de spectres noirs est terriblement imposante.
Le corps de Montaigne repose dans l'église des Feuillants: étendu sur sa
tombe, il est vêtu d'une cotte de maille; son casque est à sa droite, un
livre à ses pieds: ici le doute paraît encore, malgré l'enveloppe des
cendres sépulcrales.
La cathédrale remonte au neuvième siècle: une tour séparée de cet
édifice lui sert de clocher: auprès de la cathédrale est le Palais de
l'Archevêché.
Le Jardin des Plantes est très-ordinaire.
Les Bordelais ont d'une grande honnêteté.
Ils nous ont paru fort amateurs de cirque olympique; il est vrai que
Mlle Kenebelle, digne émule des Ducrow, etc., y faisait alors fureur par
ses grâces infinies, et le génie de l'équitation, qu'elle possède par-dessus
toutes choses.
Depuis l'abolition de la traite des nègres, trafic de chair humaine qui
répugne à la morale, la perte de nos colonies est, pour ainsi dire
consommée, et le commerce des Bordelais se réduit aux relations
ruineuses de l'Inde, où il faut porter de l'or, et où les richesses de
l'Europe vont s'engloutir sans retour; leurs vins exquis sont leur plus
grande prospérité; il s'en exporte en tous lieux, ce qui jète beaucoup
d'argent à Bordeaux.
Les contadines (paysannes) s'enveloppent la tête d'un mouchoir qui leur
donne plus de fraîcheur, et empêche les rayons ardents du soleil de les
incommoder.

On peut dire que, dans cette ville, on jouit de la plus grande liberté, et
qu'on y vit à tous prix, comme à Paris; il y a même des omnibus, et,
ainsi qu'à Marseille, la Gazette y circule de main en main.
Les restaurants offrent des repas à meilleur marché qu'aux tables
d'hôtes; mais les tables d'hôtes ont l'avantage de vous présenter souvent
une société instructive et mieux choisie.
Les marchés aux légumes excitent la curiosité: les dames de la halle
sont placées sous des tentes en forme de parapluies chinois.
Même mode de canalisation sur la Garonne que sur la Loire. On
resserre le lit du fleuve par des poteaux et amas de pierres, qui
réunissent les sables et les vases dans ces parties; le courrant déblaie les
obstacles du centre par sa force, sans recourir à des bateaux dragueurs.
Nous prenons alors le bateau à vapeur, pour continuer jusqu'à
Marmande. Près Langon, sur la Garonne, est jeté un peut en fer de
grande dimension, qui communique presque vis-à-vis Saint-Macaire.
La Côte de Langon est renommée par ses vins, et possède en outre le
riche Château de Castes, à M. Duhamel. Les châtaigneraies sont rares;
on y supplée par le saule, pour faire le cercle des barriques.
Les vapeurs sur ces fleuves ne vous suffoquent pas avec leur fumée
saturée de gaz carbonique, et ne vous exposent pas à l'asphyxie;
l'élément qui fait mouvoir leur machine est alimenté par le bois.
Les boeufs, rendus difformes par une de leurs cornes, retranchée
presque en entier, afin de ne pas trouver d'obstacles dans les rameaux,
tirent plus expéditivement la charrue, et labourent la vigne.
Près Castres, d'environ 1,500 âmes, des moulins à eau sont installés sur
deux bateaux; leur résultat est la mouture de trois sacs de farine par jour;
la navigation tolère cette industrie, et l'usage ne s'en est pas encore
aboli. Du milieu des eaux, on aperçoit, sur la grande route, la belle
campagne de M. Chop, anglais; sur la droite, la petit ville de la Réole,
très-pittoresque; son vieux Castel, bâti du temps des Sarrasins; son
important couvent de Bénédictins, occupé aujourd'hui par des

administrations civiles et militaires; une jolie fontaine qui suit le
mouvement périodique du flux et du reflux.
On voit encore un second pont en fer, plus hardi
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