Quentin Durward | Page 2

Sir Walter Scott
la paix et l'abondance ruinent,--nous qui avons des terres et des boeufs, et qui vendons ce que ces pauvres glaneurs sont oblig��s d'acheter,--nous sommes r��duits au d��sespoir pr��cis��ment par les m��mes causes qui feraient illuminer tous les greniers de Grub-Street[3], si Grub-Street avait jamais des bouts de chandelle de reste. Je mets donc en avant, avec fiert��, mon droit de partager les calamit��s qui ne tombent que sur les riches; je me d��clare, comme Dogberry, un camarade assez riche, et cependant un homme qui a fait des pertes.
Avec le m��me esprit de g��n��reuse ��mulation, j'ai eu recours r��cemment au rem��de universel contre le mal de l'imp��cuniosit��[4] pendant un court s��jour dans un climat m��ridional; par-l��, non-seulement j'ai ��pargn�� plusieurs voitures de charbon, mais j'ai eu aussi le plaisir d'exciter une compassion g��n��rale pour la d��cadence de ma fortune parmi ceux qui, si j'eusse continu�� �� d��penser mes revenus au milieu d'eux, auraient pu me voir pendre sans que cela les inqui��tat beaucoup: ainsi, tandis que je bois mon vin ordinaire, mon brasseur trouve que le d��bit de sa petite bi��re diminue. Tandis que je vide mon flacon �� cinq francs, ma portion quotidienne de Porto[5] reste au comptoir de mon marchand de vin. Tandis que ma c?telette �� la Maintenon fume sur mon assiette, le formidable aloyau reste accroch�� �� une cheville dans la boutique de mon ami �� tablier bleu, le boucher du village. En un mot, tout ce que je d��pense ici forme un d��ficit aux lieux de mon domicile habituel. Jusqu'aux petits sous que gagne le gar?on perruquier, et m��me la cro?te de pain que je donne �� son petit chien au derri��re tondu et aux yeux rouges, c'est encore autant de perdu pour mon ancien ami le barbier et pour l'honn��te Trusty, gros matin qui est dans ma cour. C'est ainsi que j'ai le bonheur de savoir �� chaque instant du jour que mon absence est sentie et regrett��e par ceux qui s'inqui��teraient fort peu de moi, s'ils me voyaient dans mon cercueil, pourvu qu'ils pussent compter sur la pratique de mes h��ritiers. J'excepte pourtant solennellement de cette accusation d'��go?sme et d'indiff��rence le fid��le Trusty, mon chien de cour, dont j'ai raison de croire que les politesses �� mon ��gard avaient des principes plus d��sint��ress��s que celles d'aucune des personnes qui m'aident �� d��penser les revenus que je dois a la lib��ralit�� du public.
H��las! �� l'avantage d'exciter cette sympathie chez soi sont attach��s de grands inconv��niens personnels.
Veux-tu me voir pleurer? pleure d'abord toi-m��me, dit Horace; et v��ritablement je pleurerais quelquefois quand je songe que mes jouissances domestiques, devenues des besoins par l'habitude, ont ��t�� ��chang��es pour les ��quivalens ��trangers que le caprice et l'amour de la nouveaut�� ont mis �� la mode. Je ne puis m'emp��cher d'avouer que mon estomac, conservant ses go?ts nationaux, soupire apr��s la bonne tranche de boeuf, appr��t��e �� la mani��re de Dolly, servie toute chaude en sortant du gril, brune �� l'ext��rieur, et devenant ��carlate au premier coup de couteau. Tous les mets d��licats inscrits sur la carte de V��ry, et ses mille mani��res d'orthographier ses bifsteks de mouton ne peuvent y suppl��er. Ensuite le fils de ma m��re n'a aucun go?t pour les libations claires; et aujourd'hui qu'on peut avoir la dr��che presque pour rien, je suis convaincu qu'une double mesure de John Barley-Corn[6] doit avoir chang�� cette pauvre cr��ature domestique, la petite bi��re, en une liqueur vingt fois plus g��n��reuse que ce breuvage acide et sans force qu'on honore ici du nom de vin, quoique sa substance et ses qualit��s la rendent plut?t semblable, �� l'eau de la Seine. Les vins fran?ais de premi��re qualit�� sont assez bons; il n'y a rien �� dire contre le chateau-margot et le sillery; et cependant je ne puis oublier la qualit�� g��n��reuse de mon excellent vin vieux d'Oporto. Enfin, jusqu'au gar?on et �� son chien, quoique ce soient tous deux des animaux assez divertissans, et qu'ils fassent mille singeries qui ne laissent pas d'amuser, cependant il y avait plus de franche gaiet�� dans le clignement d'oeil avec lequel notre vieux Packwood avait coutume d'annoncer au village les nouvelles de la matin��e, que toutes les gambades d'Antoine ne pourraient en exprimer dans le cours d'une semaine; et dans le mouvement de queue du vieux Trusty, il y avait plus de sympathie humaine et canine, que dans la patience de son rival Toutou, se f?t-il tenu sur ses pattes de derri��re pendant toute une ann��e.
Ces signes de repentir viennent peut-��tre un peu tard, et je conviens (car je dois une franchise sans r��serve �� mon cher ami le public) qu'ils ont ��t�� un peu acc��l��r��s par la conversion de ma ni��ce Christy �� l'ancienne foi papale, grace �� un certain pr��tre madr�� de notre voisinage; et par le mariage de ma tante Doroth��e ��
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