Nouvelles mille et une nuits | Page 2

Robert Louis Stevenson
le nouveau monde, M. Stevenson para?t s'��tre dit: ?Voyons si les vieux seront plus difficiles, s'ils ne mordront pas, eux aussi, �� l'hame?on des contes bleus?? Et il lan?a ses _Nouvelles Mille et une Nuits_, o�� la f��erie se met au service de la r��alit�� par un proc��d�� ravi �� miss Thackeray. Combien de fois les talents �� fracas ont-ils profit�� des trouvailles faites par quelque talent plus modeste! C'est miss Thackeray qui a dit la premi��re: ?Les contes de f��es sont partout et de tous les jours; nous sommes tous des princes et des princesses d��guis��s, ou des ogres, ou des nains malfaisants. Toutes ces histoires sont celles de la nature humaine, qui ne semble pas changer beaucoup en mille ans, et nous ne nous lassons jamais des f��es parce qu'elles lui sont fid��les.? Seulement, l'auteur de Five old friends place dans un milieu bourgeois de nos jours _la Belle au Bois dormant, Cendrillon, la Belle et la B��te, le Petit Chaperon rouge_, etc., dont les aventures modernis��es n'ont rien que d'ordinaire, tandis que les contes arabes que M. Stevenson transporte en Europe, sans changer rien �� leur allure coulante et n��glig��e, conservent un caract��re tr��s exceptionnel et sont, en somme, presque aussi merveilleux que dans les Mille et une Nuits orientales.
Prenons la premi��re des nouvelles, et la meilleure, _le Club du suicide_: nous n'avons pas de peine �� reconna?tre dans le prince Florizel de Boh��me, qui, pendant son s��jour �� Londres, r?de incognito par les rues, le calife Haroun-al-Raschid, et dans son fid��le ��cuyer, le colonel Geraldine, Giafar, grand vizir. Le verglas les ayant forc��s �� chercher refuge dans un bar des environs de Leicester-square, ils rencontrent un individu qui n'a de commun avec Bedreddin-Hassan que la manie d'offrir des tartes �� la cr��me aux gens qu'il ne conna?t pas. C'est le d��nouement fou d'une carri��re extravagante: le jeune homme aux tartes �� la cr��me (nous ne le conna?trons que sous ce nom) pr��lude �� la mort par cette soir��e burlesque. Le prince et son ��cuyer font semblant d'��tre dans les m��mes dispositions que leur nouvelle connaissance, et c'est ainsi qu'ils sont introduits par lui au Club du suicide, rendez-vous de tous ceux qui, fatigu��s de la vie, d��sirent dispara?tre sans scandale. Chaque nuit, une partie de cartes r��unit ces d��senchant��s autour du tapis vert. Le pr��sident du club, un dilettante d'esp��ce toute particuli��re, bat et donne les cartes; le privil��gi�� qu'un sort heureux gratifie de l'as de pique dispara?tra avant l'aube par les soins obligeants du membre de c��ans qui tourne l'as de tr��fle. Ce jeu r��unit les ��motions de la roulette, celles d'un duel et celles d'un amphith��atre romain, il fait go?ter les impressions exquises de la peur; les gens les plus revenus de tout y trouvent un dernier plaisir. M. Malthus, par exemple, un paralytique, d��figur��, ravag�� par des exc��s auxquels il ne peut plus se livrer, est membre honoraire, pour ainsi dire. Il vient, de loin en loin, quand il en a la force, chercher une excitation qui le r��concilie avec la vie en lui faisant redouter la mort. Il a essay�� de tout, et il en est �� d��clarer qu'en fait de passions, aucune n'est enivrante autant que la peur; il est poltron avec d��lices, et il badine avec des terreurs sans nom. Heureusement pour la morale, il badine une fois de trop; l'as de pique lui ��choit �� la fin, et le lendemain les journaux de Londres renferment, sous la rubrique: Triste accident, un paragraphe qui apprend au public la mort de l'honorable M. Malthus, tomb�� par-dessus le parapet de Trafalgar-square; au sortir d'une soir��e, il cherchait un cab; on attribue sa chute �� une nouvelle attaque de paralysie.
Le prince Florizel aurait son tour, si Geraldine, vigilant et fid��le, ne mettait la police secr��te sur pied, en d��pit des terribles serments par lesquels s'engagent les membres du club. Personne n'est livr�� aux tribunaux; le prince vient g��n��reusement au secours de ceux des d��sesp��r��s qui m��ritent encore quelque piti��, puis il d��cide que le repaire sera ferm�� et que son abominable pr��sident p��rira en duel. Ce duel, qui doit avoir lieu sur le continent, est le sujet d'un second r��cit beaucoup plus sensationnel encore que le premier, o�� il est question d'un m��decin et d'une malle qui contient un cadavre, celui de l'adversaire d��sign�� du pr��sident, lachement assassin�� par ce monstre.
Certes, le lecteur, quel qu'il soit, attend la suite avec autant d'impatience que le sultan des Indes, tenu en haleine par les points suspensifs des contes de Sch��h��razade; on passe, avec une fi��vreuse anxi��t��, �� l'histoire suivante, qui est celle non pas d'un _Cheval enchant��, mais d'un simple Cab_, lequel recueille des invit��s de bonne volont�� pour les conduire �� une f��te ��trange dont la fin est le triomphe du droit et le
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