De profundis! - Episode Maritime | Page 2

Carolus
criais: ?Allez vite!...? �� ces h��ros qui volaient �� la mort!... C'��tait leur devoir, h��las!... Le soir, on retrouva leurs corps �� la c?te. Darn��tal respirait encore. Quand, apr��s deux jours d'agonie, mon vieux camarade se sentit partir �� son tour: ?Talbot, me dit-il, en ��treignant convulsivement ma main,--tu es mon plus vieil ami ... j'ai toujours eu en toi la plus grande confiance.... C'est pourquoi je te l��gue ma petite Jeanne.... Je veux qu'elle soit heureuse pr��s de toi, comme elle le fut chez nous ..., sois pour elle un p��re, d'abord ..., puis, quand elle sera femme ..., dans quatre ou cinq ans, sois pour elle un bon mari.... Jure-moi, Talbot, qu'elle sera ta femme!...? Je jurai, et il mourut en mettant ma main dans celle de Jeanne....
Le vieux matelot se tut. Ses yeux, qu'il avait tenus baiss��s en parlant, se relev��rent sur Raymond, assis en face de lui. Une paleur subite avait envahi les traits du jeune homme. Un tremblement de fi��vre agitait tous ses membres.
Quand Talbot eut fini de parler, un g��missement sourd souleva sa poitrine, ses yeux se ferm��rent. Il serait tomb�� si son compagnon ne s'��tait pr��cipit�� pour le soutenir.
--Raymond, mon enfant!--cria ce dernier, en regardant avec effroi le visage bl��me du jeune matelot.--Sainte Vierge! il se trouve mal!... Raymond, Raymond!...
Une id��e soudaine lui traversa l'esprit. Sans se lamenter davantage, il saisit le jeune homme dans ses bras robustes, ouvrit la porte et, en d��pit des vagues qui venaient se briser �� ses pieds et des raffales qui mena?aient de le renverser �� chaque pas, il courut du c?t�� d'une maisonnette ��lev��e �� quelque distance du phare.
Il frappa rapidement au carreau d'une fen��tre.
--Jeanne, Jeanne! ouvre vite,--cria-t-il.
La porte s'ouvrit. Une jeune fille apparut dans l'entrebaillement. Elle poussa un cri en apercevant le matelot, qui pliait sous le poids de son fardeau.
Talbot alla droit �� un vaste lit dress�� dans un des angles de la pi��ce. La jeune fille accourut avec une lumi��re:
--Raymond!...--cria-t-elle avec effroi, en reconnaissant celui que le vieux matelot venait d'allonger sur le lit.--Est-il bless��?
--Il est ��vanoui,--r��pondit Talbot, qui ne remarqua pas l'��motion de la jeune fille.--J'esp��re que ce ne sera rien.... J'ai eu la b��tise de lui rappeler de vieilles histoires qui l'ont ��branl��. Ce pauvre gar?on est si sensible!... Mais, vite, Jeanne, de l'eau, du vinaigre!
Le jeune homme reprit bient?t connaissance. Son regard s'arr��ta d'abord sur Jeanne qui, pench��e sur lui, ��tait occup��e �� lui faire respirer un chiffon tremp�� de vinaigre.
Le visage de la jeune fille s'empourpra. Elle recula brusquement, pendant que Talbot se penchait �� son tour:
--Comment te trouves-tu, Raymond?--interrogea-t-il.
--Je suis bien faible, patron,--murmura le jeune homme.
--Eh! bien, mon gar?on, repose-toi. Je retourne aux signaux. Dans une heure je reviendrai prendre de tes nouvelles.
--Ne partez pas sans moi, patron, je vais avec vous,--s'��cria Raymond. Il voulut sauter du lit; mais ses forces le trahirent et il retomba en g��missant.
--Sois donc raisonnable. Je reviens dans une heure.... Tu vois bien que tu as besoin de repos, il faut se faire une raison,... Si tu vas mieux tout �� l'heure, alors, nous retournerons ensemble. Mais, repose-toi, je le veux ... Jeanne,--continua le vieux matelot en baissant la voix,--veille bien sur ce gar?on, et s'il se trouve encore mal, accours me chercher, mon enfant.
Il sortit. Jeanne, ob��issante, s'assit aupr��s du lit, son ouvrage sur ses genoux.
Le jeune homme s'��tait assoupi. Les bruits confus de la temp��te troubl��rent seuls le silence de la maisonnette.

II
Elle ��tait vraiment ravissante avec ses cheveux blonds et boucl��s, qu'elle portait, fid��le �� un caprice d'enfant, toujours d��nou��s et simplement retenus par derri��re �� l'aide d'un ruban presque invisible.
Des yeux azur��s, une bouche mignonne, laissant entrevoir, quand elle souriait, des dents du plus bel ivoire, un corps d��licatement model��, tout en elle justifiait le surnom de petite Madone que lui avaient donn�� les femmes des p��cheurs d'alentour et les matelots eux-m��mes.
Plus d'un jeune coeur s'��tait senti troubl�� devant tant de charmes. Mais on savait Jeanne fianc��e au pilote Talbot. Ce dernier pouvait ��tre s?r, grace au respect dont il ��tait entour��, que pas un des soupirants ne tenterait d'avouer ses sentiments aux oreilles de la jeune fille.
Il y avait six ans, �� l'��poque o�� commence ce r��cit, que Darn��tal ��tait mort, emportant dans la tombe la promesse de Talbot.
Et chaque jour le pilote pensait:--Il va falloir faire de cette enfant une petite femme....
Mais aussi, songeant �� son serment:
--Il me semble pourtant que je serai bien us�� pour ��changer mon r?le de p��re contre celui de mari.... Quelle dr?le d'id��e a eue l�� mon vieux camarade!... Enfin, Jeanne m'aime. L'enveloppe, ma foi, ne changera pas. Sous une forme ou sous une autre, la petite m'aimera toujours....
Au fond, le brave homme avait besoin de r��fl��chir profond��ment pour chasser le scrupule qui embarrassait sa pens��e.
L'horrible catastrophe qui avait fait Jeanne orpheline avait
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