ses robes à l'éclipse et ses robes à la 
comète avaient brillé d'un vif éclat sur les paniers des grandes dames, 
dans les salons de Versailles.
Que les temps sont changés! combien aujourd'hui faut-il d'années, et 
combien de dessins par année, à un fabricant pour faire sa fortune, 
quand il y arrive? 
Une autre fille de M. Briasson avait été mariée au père du baron 
Rambaud, qui fut maire de Lyon de 1818 à 1826. 
Henri Jordan, l'échevin, n'eut qu'un fils, Antoine-Henri, et trois filles, 
Mmes Vionnet, Coste et Bergasse. 
Pierre Jordan, frère de l'échevin, marié à Élisabeth Périer de Grenoble 
(tante du célèbre Casimir), eut cinq fils qui furent des hommes 
distingués, ainsi que leurs descendants: 
Alexandre Jordan, receveur des finances, père d'Alexandre Jordan, 
ingénieur en chef des ponts et chaussées, grand-père de Camille Jordan, 
ingénieur des mines, membre de l'Institut, et de Mme Giraud-Jordan, 
fille de Camille Jordan, magistrat; 
Camille Jordan, célèbre député aux Cinq Cents en 1795, puis à la 
Chambre sous la Restauration, père d'Auguste Jordan, ingénieur en 
chef des ponts et chaussées, grand-père d'Arthur de Gravillon et de 
Mme Boubée-Jordan; 
Augustin Jordan, secrétaire d'ambassade, grand-père d'Omer Despatys, 
ancien magistrat, membre du Conseil municipal de Paris; 
Noël Jordan qui fut longtemps le vénérable curé de Saint-Bonaventure 
à Lyon; 
César Jordan, père d'Alexis Jordan, le savant botaniste. 
À la fin du siècle dernier, Henri Jordan l'aîné était banquier et 
marchand de soie à Lyon dans la rue Lafont et plus tard dans sa maison 
à l'angle de la rue Puits-Gaillot et du port Saint-Clair. 
En l'année 1787 il avait dans son commerce comme associé son fils 
unique, Antoine-Henri, troisième du nom et Barthélemy-Gabriel
Magneval, fort jeune alors, qui depuis est devenu député du Rhône de 
1815 à 1822. 
À cette époque la Chine et le Japon n'étaient pas encore inventés 
comme pays de production des fils de soie; nous n'en tirions que des 
porcelaines et des foulards. 
La fabrique lyonnaise faisait venir toutes ses soies du Dauphiné, du 
midi de la France, de l'Italie et de la Sicile. 
La maison Jordan avait fait d'assez fortes avances à une maison Cajoli, 
de Turin, qui venait de suspendre ses payements; il y avait intérêt à 
suivre de près cette affaire. La traiter par correspondance n'était pas 
chose très facile; les lettres pour une grande partie de l'Italie ne 
partaient qu'une fois par semaine et réciproquement. Quant au 
télégraphe électrique, Ampère était bien né, mais il n'avait pas encore 
mérité une statue avec des sirènes à ses pieds, qui semblent à Lyon, je 
ne sais pas pourquoi, l'accessoire obligé de nos grands hommes. 
On décida qu'Antoine-Henri Jordan fils irait à Turin pour recouvrer le 
plus qu'il pourrait de la créance Cajoli; qu'il profiterait de ce voyage 
pour voir tous les correspondants de la maison, en visitant l'Italie pour 
en augmenter le nombre et compléter son éducation. 
Il y a quelques années, ayant hérité de la bibliothèque d'une de mes 
tantes, j'ai trouvé, sur un des derniers rayons, un manuscrit séculaire 
assez bien conservé. Comme il était hérissé de renseignements 
commerciaux d'un autre âge, je n'y avais pas fait d'abord très grande 
attention. Plus tard, ayant quelques loisirs je me suis appliqué à la 
lecture de ce volume, qui m'a vivement intéressé, les renseignements 
qu'il me donnait rentrant tout à fait dans le cadre que je m'étais tracé, 
c'est-à-dire la comparaison des voyages de jadis et de ceux 
d'aujourd'hui. 
Ce voyage de mon grand-père était pour lui un voyage d'agrément 
autant qu'un voyage d'affaires; l'emploi de son temps est résumé dans 
des notes écrites jour par jour, depuis son départ, le 11 août 1787, 
jusqu'à son retour à Marseille, le 22 juillet 1788, et quelques jours après
à Lyon; cela fait une année complète. 
Elles forment deux parties distinctes: l'une contient ses impressions de 
touriste et les faits matériels du voyage; l'autre s'applique aux affaires 
de la soie, et longuement aux questions de change et de monnaie, alors 
très importantes à cause de leur diversité, chaque principauté d'Italie 
ayant la sienne propre. 
Je ne m'occuperai que de la première partie de ces notes, par la bonne 
raison que je ne comprends rien à la seconde, dont presque tous les 
termes, écrits en abréviations, sont pour moi des hiéroglyphes pour 
lesquels il me faudrait un nouveau Champollion. 
Même dans la première partie, je passerai beaucoup de descriptions de 
monuments que tout le monde connaît. Je dis tout le monde, comme les 
journalistes disent Tout-Paris, quand ils le font tenir dans une salle de 
spectacle, ou la chambre des députés. 
Je me bornerai donc aux citations qui font connaître le voyage 
proprement dit, et les moeurs de l'époque dans les pays parcourus. 
Bien qu'elles soient du siècle dernier, je peux les appeler des notes 
télégraphiques et photographiques; à cause de leur concision et de leur 
précision    
    
		
	
	
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