Un amour vrai

Laure Conan
Un amour vrai

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Title: Un amour vrai
Author: Laure Conan
Release Date: December 31, 2004 [EBook #14537]
Language: French
Character set encoding: ISO-8859-1
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AMOUR VRAI ***

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Ipperciel and the Faculté Saint-Jean (University of Alberta) for making
it available.

Un amour vrai
Par Laure Conan

I
J'ai été témoin dans ma vie d'un héroïque sacrifice. Celle qui l'a fait et
celui pour qui il a été fait sont maintenant dans l'éternité. J'écris ces
quelques pages pour les faire connaître. Leur souvenir m'a suivie
partout, mais c'est surtout ici, dans cette maison où tout me les rappelle,

que j'aime à remuer _les cendres de mon coeur._
Ô mon Dieu, vous êtes infiniment bon pour toutes vos créatures, mais
vous êtes surtout bon pour ceux que vous affligez. Vous savez quel
vide ils ont laissé dans ma vie et dans mon coeur, et pourtant, même
dans mes plus amères tristesses, j'éprouve un immense besoin de vous
remercier et de vous bénir. Oui, soyez béni, pour m'avoir donné le
bonheur de les connaître et de les aimer; soyez béni pour cette foi
profonde, pour cette admirable générosité, pour cette si grande
puissance d'aimer que vous aviez mises dans ces deux nobles coeurs.
(Thérèse Raynol à sa mère.)
Malbaie, le 14 juin 186.
Chère mère,
La malle ne part que demain, mais pourquoi ne pas vous écrire ce soir?
Je suis à peu près sûre que vous vous ennuyez déjà, et je compte bien
que vous ne tarderez guère à suivre votre chère imparfaite. J'ai choisi
pour vous la chambre voisine de la mienne. En attendant que vous en
preniez possession, j'y ai mis la cage de mon bouvreuil, auquel je viens
de dire bonsoir. Mais il faut bien vous parler un peu de mon voyage,
qui n'a pas été sans intérêt. Vous vous rappelez ce jeune homme dont le
courage fut tant admiré à l'incendie de notre hôtel, à Philadelphie.
Figurez-vous qu'à ma très grande surprise, je l'ai retrouvé parmi les
passagers. Il se nomme Francis Douglas. Je puis maintenant vous dire
son nom, car j'ai fait sa connaissance ce soir.
Nous venions à peine de laisser Québec, quand je l'aperçus, se
promenant sur la galerie avec le port d'un amiral. Je le reconnus du
premier coup doeil, non sans émotion, pour parler franchement. Si cela
vous étonne, songez, s'il vous plaît, que vous pleuriez d'admiration en
parlant du courage héroïque de cet inconnu; de l'admirable générosité
avec laquelle il s'était exposé à une mort affreuse, pour sauver une
pauvre chétive vieille qui ne lui était rien. Après avoir longtemps
marché à l'avant du bateau, il entra dans le salon. Ce chevalier, qui
risque sa vie pour sauver les vieilles infirmes, nous jeta un regard
distrait. Ouvrant son sac de voyage, il y prit un livre et fut bientôt
absorbé dans sa lecture. Connaissez-vous ce beau garçon? me demanda
Mme L...--Lequel? Dis-je hypocritement.--Celui qui vient
d'entrer.--Non, répondis-je. Je ne parlai pas de sa belle action. Pourquoi?
Je n'en sais rien, chère mère. Mais je le considérais souvent, sans qu'il y

parût, et je me disais que je ne serais nullement fâchée de savoir tout ce
qui le regarde. Ne serez-vous pas fière de la raison de votre grande fille,
si je vous avoue que je me surpris appelant une tempête! C'est bien
naturel. J'aurais voulu voir comment il se conduit dans un naufrage.
Malheureusement, ce souhait si sage, si raisonnable, si charitable, ne se
réalisa pas.
On me demanda de la musique. Je venais de lire quelques pages
d'Ossian--ce qui n'est plus neuf;--je jouai une vieille mélodie écossaise.
Monsieur ferma son livre et m'écouta avec un plaisir évident. Il est
écossais, pensai-je, et vous allez voir que je ne me trompais pas. Il ne
reprit plus sa lecture, et quelque chose dans son expression me disait
que sa pensée était loin, bien loin,--dans les montagnes et les bruyères
de l'Écosse.
Ne l'ayant pas vu débarquer à la Malbaie, j'avais supposé qu'il se
rendait à Tadoussac. Après le souper, j'étais avec quelques dames dans
le salon de l'hôtel. Jugez de ma surprise, quand je le vis entrer avec
cette bonne Mme L..., qui nous le présenta.
M. Douglas me parla du plaisir qu'il avait éprouvé en entendant un air
de son pays, et ces quelques mots simples et vrais disaient
éloquemment son amour pour
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